Babouchemasquee
VIB
TEMOIGNAGES - Deux anciennes salariées de deux centres dentaires à bas prix racontent pourquoi l’expérience s’est mal terminée…
Des larmes, des vomissements et l'angoisse d'affronter le regard oppressant des patients. Il y a encore quelques semaines, voilà dans quel état d'esprit Sandrine* se rendait à son travail, dans l'un des centres dentaires low-cost de Paris. Après une énième déprime, une dernière engueulade avec sa supérieure et un arrêt maladie, l'histoire s'est conclue récemment par un licenciement pour inaptitude et une procédure devant les tribunaux. L'ancienne assistante d'accueil témoigne aujourd'hui pour dénoncer la face cachée d'un monde où, selon elle, « on ne parle que d'argent », de « rendement », d'« objectif ». « C‘est juste infernal, c'est le chiffre, le chiffre, le chiffre. »
Chargée d'enregistrer les rendez-vous, elle évoque les demandes embarrassantes des « conseillères cliniques » : « Est-ce que tu as quelqu'un d'intéressant sur la liste ? Au début je ne comprenais pas la question. C'est commercial en fait. On me disait : "Non, non, eux, ils ne vont rien nous rapporter." » Pour un simple détartrage, prière donc de repasser. La salariée devait sélectionner les patients les plus « rentables », ce qui exclut souvent les enfants : « On ne les prenait pas mais on n'avait pas le droit de le dire. Alors on expliquait qu'on n'était pas équipés pour. »
« Couronnes. S'il y avait ce mot, ils étaient prioritaires »
Comme elle, Marine* a connu ce genre de dérobades. En tant qu’ex-employée d’un autre cabinet à bas prix, en province, elle devait aussi choisir les patients : « Quand ils appelaient, il fallait poser des questions pour savoir s’ils avaient besoin de couronnes. S’il y avait ce mot, ils étaient prioritaires. » Les chirurgiens dressaient ensuite un devis. En cas d’accord, les patients « devaient ensuite payer l’intégralité des frais à l’avance. » Quitte à souscrire un crédit à 0 %, proposé par une conseillère du centre.
Les deux témoins parlent d’un objectif chiffré par fauteuil de « 90.000 euros d’encaissement ou de vente tous les mois », de comptes à rendre par Skype à une commerciale, de tableaux de bord à remplir. Dans le même temps, Sandrine gérait les relances d’impayés de certains fournisseurs. « Les prothèses n’arrivaient pas parce qu’ils ne payaient pas les laboratoires. Moi, appeler les patients pour annuler les rendez-vous, ça me rendait malade. Mais on avait le discours tout fait : "Une conseillère vous rappellera quand elle aura une dispo sur son agenda." Mais je n’avais pas accès à l’agenda. Comme ça, je ne me mouillais pas. C’était dur à vivre. »
Des larmes, des vomissements et l'angoisse d'affronter le regard oppressant des patients. Il y a encore quelques semaines, voilà dans quel état d'esprit Sandrine* se rendait à son travail, dans l'un des centres dentaires low-cost de Paris. Après une énième déprime, une dernière engueulade avec sa supérieure et un arrêt maladie, l'histoire s'est conclue récemment par un licenciement pour inaptitude et une procédure devant les tribunaux. L'ancienne assistante d'accueil témoigne aujourd'hui pour dénoncer la face cachée d'un monde où, selon elle, « on ne parle que d'argent », de « rendement », d'« objectif ». « C‘est juste infernal, c'est le chiffre, le chiffre, le chiffre. »
Chargée d'enregistrer les rendez-vous, elle évoque les demandes embarrassantes des « conseillères cliniques » : « Est-ce que tu as quelqu'un d'intéressant sur la liste ? Au début je ne comprenais pas la question. C'est commercial en fait. On me disait : "Non, non, eux, ils ne vont rien nous rapporter." » Pour un simple détartrage, prière donc de repasser. La salariée devait sélectionner les patients les plus « rentables », ce qui exclut souvent les enfants : « On ne les prenait pas mais on n'avait pas le droit de le dire. Alors on expliquait qu'on n'était pas équipés pour. »
« Couronnes. S'il y avait ce mot, ils étaient prioritaires »
Comme elle, Marine* a connu ce genre de dérobades. En tant qu’ex-employée d’un autre cabinet à bas prix, en province, elle devait aussi choisir les patients : « Quand ils appelaient, il fallait poser des questions pour savoir s’ils avaient besoin de couronnes. S’il y avait ce mot, ils étaient prioritaires. » Les chirurgiens dressaient ensuite un devis. En cas d’accord, les patients « devaient ensuite payer l’intégralité des frais à l’avance. » Quitte à souscrire un crédit à 0 %, proposé par une conseillère du centre.
Les deux témoins parlent d’un objectif chiffré par fauteuil de « 90.000 euros d’encaissement ou de vente tous les mois », de comptes à rendre par Skype à une commerciale, de tableaux de bord à remplir. Dans le même temps, Sandrine gérait les relances d’impayés de certains fournisseurs. « Les prothèses n’arrivaient pas parce qu’ils ne payaient pas les laboratoires. Moi, appeler les patients pour annuler les rendez-vous, ça me rendait malade. Mais on avait le discours tout fait : "Une conseillère vous rappellera quand elle aura une dispo sur son agenda." Mais je n’avais pas accès à l’agenda. Comme ça, je ne me mouillais pas. C’était dur à vivre. »