Comment le cerveau grandit avec l’âge

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la rose et le réséda
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De la naissance à l’âge adulte, l’essentiel des transformations du cerveau se joue dans les connexions entre neurones. Leur complexité va être multipliée par quatre!

À la naissance, le cerveau du nourrisson est encore bien loin d’être achevé: sa taille ne dépasse pas le tiers de son futur gabarit chez l’adulte. Certes, sa croissance a été entamée très tôt, plus précisément au vingt-huitième jour de grossesse dès que sont apparues les premières cellules nerveuses. Immédiatement, ces dernières se sont mises à proliférer à un rythme effréné: pas moins de 3000 nouveaux neurones par seconde. Cinq mois plus tard, leur nombre frisera les 90 milliards, chiffre qui ne sera jamais dépassé.

Mais pour atteindre sa maturité d’adulte, le cerveau doit ensuite mettre en place un vaste et compliqué réseau de connexions entre neurones. Une construction qui s’opère pour l’essentiel avant l’âge de 12 ans, avant de céder la place à des opérations d’«élagage». Dès les premiers jours, chaque contact, chaque geste,chaque émotion déclenchent la propagation de signaux nerveux qui vont renforcer les connexions entre neurones mises en place à partir du cinquième mois de grossesse. Parallèlement, ces cellules nerveuses continuent de créer de nouveaux contacts entre elles, tout en ne cessant de croître.

A 3 mois, le cerveau a atteint la moitié de sa taille à l’âge adulte
Des chercheurs américains et norvégiens ont récemment mesuré cette maturation chez le bébé en s’appuyant sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM). D’après leurs résultats, le cerveau grandit d’environ 1% par jour juste après la naissance pour atteindre un rythme de croisière de 0,4% par jour à 3 mois: à cet âge, il a atteint la moitié de sa taille à l’âge adulte.

Globalement, cette croissance s’effectue de façon simultanée et continue dans les différentes structures du cerveau. Sauf pour le cervelet, zone située à l’arrière du cerveau et impliquée dans le contrôle des mouvements, de la coordination et de l’équilibre,qui grossit de plus de 100% en l’espace de 90 jours ; et pour l’hippocampe, structure clé de la mémoire, qui ne gagne que 47% sur la même période. Guidés par des signaux moléculaires, des milliards de neurones établissent de multiples contacts entre eux,grâce à leurs prolongements. Et ces circuits tout neufs permettent au nourrisson de 2 mois d’activer dans le côté droit de son cerveau les régions de la reconnaissance visuelle.

À trois mois, il fait de même à l’écoute de paroles, en sollicitant les aires du langage de son hémisphère gauche. Et à 4mois, ces réseaux neuronaux aident l’enfant à raisonner: il est désormais capable de comprendre qu’un objet qui vient de disparaître n’a pas cessé d’exister pour autant. En parallèle, il commence à acquérir des capacités numériques,encore rudimentaires. En présentant à des bébés de cet âge des figurines et en réalisant sous leurs yeux des opérations impossibles (par exemple, 1+1=3), la psychologue américaine Karen Wynn a constaté, par leurs regards, qu’ils sont capables de s’en apercevoir et de comprendre le résultat d’une addition (1+1) et d’une soustraction(2-1).

Vers 18 mois, il prend conscience de son identité

Vers l’âge de 1 an, le cerveau de l’enfant a atteint les deux tiers de la taille qu’il aura adulte.

Entre 1 an et 6 ans, alors que la région du cerveau appelée cortex préfrontal gagne en maturité, ce qui améliore le stockage temporaire d’informations, l’enfant parvient à corriger des erreurs de raisonnement :
par exemple, sur la localisation d’un objet qu’on lui a caché.
C’est aussi à cette période, vers 18 mois, qu’il prend conscience de son identité. Il devient capable de se distinguer des autres, puis de leur attribuer des croyances et des intentions.Tout en saisissant que ses actes ont des impacts sur son entourage.
Ces apprentissages passent d’abord par le jeu, avant d’impliquer le langage, entre 18 et 24 mois.
Et, comme l’explique Olivier Houdé, professeur de psychologie à l’université de Paris Descartes et responsable d’une équipe de recherches du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), «se développer, c’est aussi apprendre à inhiber certaines connaissances à certains moments».

L’élagage de l’adolescence

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Ce processus d’inhibition, qui se met en place très tôt, va régner en maître jusqu’à l’âge adulte,aux alentours de 25 ans,voire jusqu’à 30 ans.

Il s’accompagne dès l’adolescence d’un véritable élagage neuronal visant à sélectionner et renforcer certaines connexions, et à en supprimer d’autres.

Un élagage qui procéderait par vagues, touchant d’abord les régions du cerveau liées aux fonctions sensorielles et motrices de base, avant de s’attaquer au cortex préfrontal, le siège des fonctions cognitives dites supérieures.

En revanche, l’imagerie cérébrale montre que ce processus d’élimination correspond aussi à une accélération de l’influx nerveux qui rend le cerveau plus efficace. Enfin, le lobe frontal, siège des fonctions évoluées, est encore en pleine maturation.

Ce qui fait qu’à 15ans, un adolescent n’a pas les capacités d’abstraction, d’organisation ni de prise de décision qu’il aura adulte. D’où une certaine propension à faire des choix et adopter des comportements qui semblent bizarrement immatures aux yeux des adultes, alors que, par ailleurs, le même jeune peut avoir des aptitudes intellectuelles remarquables!

Bon à savoir

À LA NAISSANCE:

La complexité des réseaux de neurones dans le cerveau d’un nouveau-né humain n’atteint pas 25% de celle observée chez l’adulte.

VERS 1 AN:

La taille du cerveau d’un bébé est aux 2/3 de celle d’un adulte.

VERS 12 ANS ENVIRON:

Alors qu’il a atteint sa taille définitive, le cerveau poursuit sa maturation par élagage, en éliminant les connexions neuronales qui ne sont pas régulièrement activées par des stimulations.


Anne Lefèvre-Balleydier


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