Pirouettete
杜妮娅
Grève du bazar en Iran
Malgré quelques concessions consenties par le pouvoir, la grève du bazar sest durcie ce dimanche 12 octobre. Elle a commencé depuis plusieurs jours, comme lexplique un article de Delphine Minoui (depuis Beyrouth) dans Le Figaro du 9 octobre, intitulé « Ahmadinejad doit affronter la grogne des grands bazars » :
« La grève trouve, en fait, son origine dans le très contesté plan de réformes économiques du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, qui vise à sortir lIran de sa dépendance vis-à-vis des ressources pétrolières (elles constituent aujourdhui 90 % des recettes dexportation du pays). »
« Ce plan, annoncé fin juin, prévoit, outre une réduction de nombreuses subventions (essence, électricité, gaz), la création dune taxe sur la valeur ajoutée de 3 %. De quoi provoquer une augmentation du taux dinflation qui tourne déjà autour des 30 %, et qui inquiète les commerçants. » (...)
« Le mécontentement social contre ces nouvelles mesures nest pas nouveau. Il sétait déjà illustré, il y a plus dun an, lors des émeutes qui suivirent le premier plan de rationnement de lessence. Si les commerçants du bazar ne se réveillent quaujourdhui, cest parce quils se sentent touchés de plein fouet par la création de la TVA, qui na jamais existé en République islamique. Politiquement proche de lancien président Ali Akbar Hashemi Rafsandjani, adversaire invétéré de Mahmoud Ahmadinejad, le bazar avait jusquici largement profité du manque de transparence du système. »
« Or, avant son élection, en juin 2005, Ahmadinejad avait fait de la lutte contre la corruption un des fers de lance de sa campagne. Avec ce nouveau plan, il sattaque à une véritable force économique et politique du pays. Aujourdhui, on assiste à la réaction instinctive dune classe privilégiée qui navait pas lhabitude de payer des impôts, note Thierry Coville. Du coup, la réaction ne sest pas fait attendre. »
« Mais le président avait-il envisagé une mobilisation aussi large, qui a même fini par atteindre Téhéran, la capitale, au cours de ces derniers jours ? Apparemment pris de court par lampleur de la protestation, Ahmadinejad a finalement annoncé, ce mardi, quil renonçait à lapplication de la TVA pour la reporter au 22 mars prochain. »
Mais, selon certaines estimations, le déficit budgétaire pourrait atteindre 50 milliards de dollars, malgré laugmentation des prix du pétrole. Selon le Financial Times du 9 octobre, « Irans bazaar traders in revolt against new tax » (Najmeh Bozorgmehr), le gouvernement craint que le mécontentement ne sétende aux couches moyennes, aux étudiants et aux enseignants dont les revenus sont mangés par linflation.
Selon le journaliste, qui écrit de Téhéran, « les marchands du bazar ont toujours été pris au sérieux par les rois et les gouvernements centraux. Dans lhistoire contemporaine récente, le bazar a financé et soutenu les révolutions constitutionnelle et islamique de 1905 et de 1979. Avec la modernisation des compagnies iraniennes de commerce, son influence a été réduite mais elle reste une force significative en Iran ».
Ce mouvement est dautant plus inquiétant pour le président Ahmadinejad que lélection présidentielle est prévue pour le printemps prochain. Le réformateur Mehdi Karoubi vient dannoncer quil serait candidat.
Par ailleurs, la répression sest intensifiée durant le courant de lannée, notamment contre le mouvement féminin, avec linterdiction dun journal féministe et la condamnation de plusieurs militantes.
Malgré quelques concessions consenties par le pouvoir, la grève du bazar sest durcie ce dimanche 12 octobre. Elle a commencé depuis plusieurs jours, comme lexplique un article de Delphine Minoui (depuis Beyrouth) dans Le Figaro du 9 octobre, intitulé « Ahmadinejad doit affronter la grogne des grands bazars » :
« La grève trouve, en fait, son origine dans le très contesté plan de réformes économiques du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, qui vise à sortir lIran de sa dépendance vis-à-vis des ressources pétrolières (elles constituent aujourdhui 90 % des recettes dexportation du pays). »
« Ce plan, annoncé fin juin, prévoit, outre une réduction de nombreuses subventions (essence, électricité, gaz), la création dune taxe sur la valeur ajoutée de 3 %. De quoi provoquer une augmentation du taux dinflation qui tourne déjà autour des 30 %, et qui inquiète les commerçants. » (...)
« Le mécontentement social contre ces nouvelles mesures nest pas nouveau. Il sétait déjà illustré, il y a plus dun an, lors des émeutes qui suivirent le premier plan de rationnement de lessence. Si les commerçants du bazar ne se réveillent quaujourdhui, cest parce quils se sentent touchés de plein fouet par la création de la TVA, qui na jamais existé en République islamique. Politiquement proche de lancien président Ali Akbar Hashemi Rafsandjani, adversaire invétéré de Mahmoud Ahmadinejad, le bazar avait jusquici largement profité du manque de transparence du système. »
« Or, avant son élection, en juin 2005, Ahmadinejad avait fait de la lutte contre la corruption un des fers de lance de sa campagne. Avec ce nouveau plan, il sattaque à une véritable force économique et politique du pays. Aujourdhui, on assiste à la réaction instinctive dune classe privilégiée qui navait pas lhabitude de payer des impôts, note Thierry Coville. Du coup, la réaction ne sest pas fait attendre. »
« Mais le président avait-il envisagé une mobilisation aussi large, qui a même fini par atteindre Téhéran, la capitale, au cours de ces derniers jours ? Apparemment pris de court par lampleur de la protestation, Ahmadinejad a finalement annoncé, ce mardi, quil renonçait à lapplication de la TVA pour la reporter au 22 mars prochain. »
Mais, selon certaines estimations, le déficit budgétaire pourrait atteindre 50 milliards de dollars, malgré laugmentation des prix du pétrole. Selon le Financial Times du 9 octobre, « Irans bazaar traders in revolt against new tax » (Najmeh Bozorgmehr), le gouvernement craint que le mécontentement ne sétende aux couches moyennes, aux étudiants et aux enseignants dont les revenus sont mangés par linflation.
Selon le journaliste, qui écrit de Téhéran, « les marchands du bazar ont toujours été pris au sérieux par les rois et les gouvernements centraux. Dans lhistoire contemporaine récente, le bazar a financé et soutenu les révolutions constitutionnelle et islamique de 1905 et de 1979. Avec la modernisation des compagnies iraniennes de commerce, son influence a été réduite mais elle reste une force significative en Iran ».
Ce mouvement est dautant plus inquiétant pour le président Ahmadinejad que lélection présidentielle est prévue pour le printemps prochain. Le réformateur Mehdi Karoubi vient dannoncer quil serait candidat.
Par ailleurs, la répression sest intensifiée durant le courant de lannée, notamment contre le mouvement féminin, avec linterdiction dun journal féministe et la condamnation de plusieurs militantes.