L'islamophobie et l'antisémitisme ne sont absolument pas du tout comparables; donc purement logique que l'on en fasse un "2 poids 2 mesures" ...
L'islamophobie en soit, fut un terme inventé à la base par les islamistes afin de museler le débat autour des critiques de l'islam mais ce n'est en aucun cas du racisme (car on dénigre une doctrine religieuse et non un peuple ou des gens) ....
Il y a pas mal de nuances maintenant à faire pour l'antismétisme; il faut savoir qu'il ne s'agit pas de "judaïsmophobie" car là ce n'est pas une religion mais bien tout un peuple (le peuple juif) qui se fait dénigrer, insulter, ...
salam, bonjour,
Tu racontes n'importe quoi ... depuis quand la HALDE sont des islamistes ? pour ta gouverne la HALDE prend en compte les cas d'islamophobie ...
Il y a selon vous une « islamophobie à la française », qui se greffe sur un contentieux historique, au sein duquel l'islam est à la fois considéré comme une religion en voie de francisation et un problème national.
En effet, ma thèse est que la nouvelle islamophobie n'est pas simplement une réactualisation du racisme anti-arabe, anti-maghrébin et anti-immigré. Elle constitue également une religiophobie, en ce sens que c'est bien l'élément religieux qui est visé par une telle haine. Celle-ci s'inscrit dans une forme de paradoxe « à la française » : les Musulmans sont de plus en plus considérés comme des Français « à part entière » et pourtant l'islam est toujours représenté comme une « religion » qui fait problème national. C'est un peu comme si, l'on admettait que les Musulmans puissent être français mais en leur demandant de « diluer » leur religiosité, parce que celle-ci est toujours perçue comme un obstacle au processus d'assimilation. D'où les nombreuses tensions qui peuvent surgir ici et là qui sont moins le fait des Musulmans que du regard de l'Autre : le Musulman tend être identifié à un « bon Français » à partir du moment où il se dépouille des signes de religiosité. Le recours récurrent à des expressions, telles que « Musulmans laïques » ou « Musulmans modérés », est le symptôme de cette crispation nationale. On signifie par là que tous les autres Musulmans sont des « radicaux », « intégristes », voire, plus grave, des « apprentis terroristes ».
En fait, nous sommes encore dans une configuration assimilationniste qui ne veut pas dire son nom. Le paradoxe est que ce sont souvent des élites laïques qui la défendent avec le plus de vigueur : au nom des valeurs de la liberté et de la tolérance, elles expriment leur rejet de tout ce qui serait contraire à la « civilisation française », supposée être « la mère » de l'universalisme. Derrière le rejet du Musulman pointe aussi le rejet du Juif, mais là il y a un tabou. Le rejet du voile est aussi une autre manière d'exprimer le rejet de la kippa. Mais l'on peut relever une nuance de taille : dans le premier cas, on suscite une polémique médiatique et on créé une « commission de réflexion sur la laïcité » ; dans le second cas, on préfère se taire, parce que l'on a peur d'être taxé d'antisémite.
Tout en rappelant la recrudescence des actes islamophobes ces dernières années, vous consacrez plusieurs pages dans votre ouvrage au nouveau visage de la discrimination que vous appelez « l'islamophobie professionnelle ». Comment cette islamophobie se traduit-elle exactement ?
C'est encore un terrain d'enquête totalement vierge. Les études sociologiques sur cette question de l'islamophobie professionnelle sont extrêmement rares. Mon livre lance un appel en ce sens : recenser de manière plus systématique tous les actes islamophobes dans les milieux professionnels, mais aussi dans l'attribution des logements et les espaces semi-publics (entreprises, cafés, restaurants
). Sur ce plan, la France est très en retard sur les Etats-Unis qui, par tradition libérale, accordent beaucoup d'importance et de moyens à la lutte contre l'islamophobie. J'entends par islamophobie professionnelle, la discrimination qui ne vise plus exclusivement les référents ethniques, culturels ou raciaux mais aussi les registres religieux. C'est une discrimination qui s'attaque aux signes visibles de la « religiosité musulmane ».
Toutefois, je différencierais deux registres :
L'islamophobie professionnelle implicite : elle s'en prend aux porteurs de signes de visibilité religieuse en se réfugiant derrière l'argument de la laïcité. En somme, c'est une islamophobie qui se cache derrière les valeurs dites « universalistes » et qui touche en priorité les jeunes filles et les femmes portant le hijeb. En somme, ces dernières ne sont pas considérées comme « dignes » d'exercer une activité professionnelle dans les espaces publics ou semi-publics, parce qu'elles seraient supposées être porteuses d'une idéologie néfaste et surtout contre-productive : les femmes voilées risqueraient de faire fuir les clients ou les usagers. C'est un argument que l'on entend souvent dans la bouche d'entrepreneurs privés ou de hiérarques de la fonction publique.
L'islamophobie professionnelle explicite : dans certains secteurs économiques, les musulmans croyants et pratiquants tendent à être considérés comme « dangereux ». Ce sont des salariés « à risque ». Je pense personnellement que ce type d'islamophobie est amenée à se développer dans les prochaines années. Là aussi, il y a un paradoxe : alors que les populations françaises de culture musulmane s'insèrent désormais dans tous les secteurs professionnels (mobilité intergénérationelle), les Musulmans croyants et pratiquants rencontrent de plus en plus de difficultés. C'est un peu comme si on leur disait : dépouillez-vous de vos signes de religiosité et on vous engagera.
Mais, comme je l'ai signalé dans mon livre, l'islamophobie professionnelle est encore peu explorée. Je le regrette en tant que sociologue. Je constate également que les associations musulmanes de France se sont peu investies sur cette question, contrairement à leurs homologues américains qui font un véritable travail sur le plan des enquêtes statistiques et des poursuites judiciaires. Bien sûr, il ne faut pas tomber dans le communautarisme en criant « au loup », chaque fois qu'un Musulman rencontre des difficultés dans son activité professionnelle. Il ne faut pas verser dans le « martyrisme », en voyant de l'islamophobie partout. Toutefois, les associations musulmanes françaises ont encore beaucoup de travail à faire en ce domaine et cela pourrait devenir un terrain d'action privilégié dans les années à venir, en étroite coopération avec les pouvoirs publics, les centres de recherches et les cabinets d'avocats. En quelque sorte - sans vouloir faire de jeux de mots - il est nécessaire de professionnaliser la lutte contre l'islamophobie professionnelle en se dotant de réels moyens d'investigation qui nous éviteraient de tomber dans le phénomène de la rumeur.
Vous évoquez une autre forme d'islamophobie, celle des médias qui certes n'ont pas créer l'islamophobie mais contribuent à la banaliser en véhiculant notamment une vision sécuritaire des enjeux de l'islam de France.
Dans leur grande majorité, les médias et les journalistes ne sont pas islamophobes. Sur ce plan, il est nécessaire de rester nuancé. Toutefois, l'effet d'ensemble contribue à créer une « atmosphère islamophobe ». La raison principale est que le discours médiatique sur l'islam en général traite presque toujours d'un phénomène particulier : l'islamisme et le terrorisme. C'est un peu que comme si pour parler du judaïsme, on montrait exclusivement les extrémistes religieux d'Israël. Une telle posture est réductrice, voire malhonnête. De plus, j'ai analysé, dans mon ouvrage, ce que j'appelle la « mise en scène de l'islam de France ». D'une manière générale, les articles des journalistes sont plutôt objectifs et modérés mais c'est l'ensemble qui produit un « effet de peur ». Car, en effet, les articles sont souvent accompagnés de photographies qui représentent les musulmans sous les mêmes postures : un groupe en prière, des jeunes filles voilées, des islamistes radicaux, etc. Comme l'écrivait, il y a quinze ans déjà, Franck Frégosi (CNRS-Strasbourg), l'islam n'est perçu médiatiquement qu'à travers le prisme de l'islamisme radical. En somme, les médias participent à renforcer les préjugés négatifs sur l'islam et les Musulmans. Ils se livrent à ce que j'appelle du « prêt-à-clicher islamique », c'est-à-dire à une mise en scène sur des registres catastrophistes. Il faut dire que la « peur de l'islam » se vend bien médiatiquement : elle permet aux hebdomadaires généralistes d'augmenter considérablement leurs ventes dans un contexte de crise économique de la presse française (baisse du nombre de lecteurs-acheteurs).
tawmat