Chine : À Shanghai, des étudiants de Fudan chantent pour la liberté de pensée

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Les étudiants de l’université Fudan, constatant la disparition de la liberté de pensée des statuts de l’institution shanghaïenne, se sont levés ensemble pour la revendiquer par leurs chants.

À Shanghai, les étudiants de l'Université de Fudan, l'une des plus prestigieuses du pays, sont en colère. Ce mercredi 18 décembre, ils ont contesté les modifications du réglement intérieur, qui touchent à la « liberté de pensée » sur le campus.

Les images ont à peine eu le temps de faire le tour des réseaux sociaux, qu’elles étaient censurées. Et c’est sur Twitter qu’on les entend chanter, ces étudiants de Fudan à Shanghai. La vidéo dure une dizaine de secondes pendant lesquelles les élèvent reprennent l’un des hymnes de l’école.


La scène qui ressemble à un flashmob aurait eu lieu dans la cantine de ce campus régulièrement classé dans le top 3 des meilleurs établissements scolaires du pays. « Fudan resplendit tels le soleil et la lune », dit la chanson. Une manière pour les élèves de défendre la réputation de ce bastion des sciences et du savoir en Chine et l’indépendance de l’université, après de nouvelles modifications apportées à la charte de leur établissement mardi 17 décembre. Des révisions truffées de références au parti communiste chinois (PCC) et dans une langue de bois digne des meilleures armoires ming, dont notamment, note le South China Morning Post, un « soutien à la direction du PCC » et la « mise en œuvre des principes et de la politique du PCC ».

« Liberté de penser »

Selon l’agence Bloomberg, la suppression des termes « liberté de pensée » dans le règlement intérieur aurait contribué au soulèvement des amphis, déjà confrontés à ce type de modifications par le passé. En 2014, l’université de Fudan à Shanghai, de Beida dans la capitale et de Sun Yat-sen à Canton avaient déjà été invitées à resserrer les rangs autour des valeurs du socialisme à la chinoise.
Conformément à une directive du ministère de l’Éducation, la direction de l’université s’engage ainsi à renforcer « le contrôle idéologique » sur les étudiants et les enseignants, en les préparant à affronter les idées venues d’Occident et les « pensées néfastes » vis-à-vis du PCC.

Professeurs choqués

Encore faut-il que ces derniers acceptent. La fronde a gagné ce mercredi une partie des enseignants. Dans un post sur la plateforme de microblogs Sina, repéré par le Wall Street Journal avant qu’il ne soit supprimé par la censure, Qu Weiguo, professeur au département des langues étrangères de Fudan, affirme être « très choqué » par ces modifications qui, selon lui, ont été faites sans consultation des personnels de l’université.
Même chose pour Lu Xiaoping : « Si nous ne parlons pas aujourd’hui de ce défi à notre éthique, demain nous n’aurons plus la possibilité de le faire » estime le vice-président de l’école de littérature de l’Université de Nankin, dont la charte vient également d’être réécrite. Le hashtag « modification de la charte de l’université de Fudan » a été vu plus d'1,7 millions de fois sur Weibo ce mercredi, avant d’être censuré dans la soirée.

rfi/courrier international/le monde
 
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