Ici, je voudrais bien faire comprendre que ces notions sont difficiles aux yeux même des théologiens, qui avouent avoir du mal à bien comprendre la nature du Dieu Trinitaire, Un mais en Trois personnes. (Il fallait vraiment que Jésus soit quand même extraordinaire pour qu'on aille faire aussi compliqué quand on aurait pu simplifier.)
Il faut maintenant évoquer la nature humaine de Jésus après avoir vu sa nature divine. Pourquoi Dieu choisit-il de s'incarner ? Et pire, de se faire crucifier alors qu'il aurait pu lever des armées d'anges ? Parce que Dieu veut nous montrer le projet d'Amour qu'il a pour chacun d'entre nous. Et ce projet porte un nom : résurrection. Paul le dit, sans le Christ ressuscité, la foi chrétienne est vaine, car la résurrection est tout le sens de la révélation Biblique. Elle est cette fête, cette noce à laquelle Dieu veut nous convier. En quoi consiste-t-elle ? A sortir de l'état de péché, c'est-à-dire de corruption, de souffrance, de mal et de mort que nous connaissons sur terre. Le Christ a souffert les pires tortures et infamies, et maintenant le voilà ressuscité ! Cela veut dire que le Christ a été transfiguré, que son corps n'est plus soumis aux lois de l'espace et du temps. En termes bien d’aujourd’hui, on pourrait presque dire qu'il est quantique. Il devient conforme à l'Amour de Dieu, il participe à cette joie d'Amour éternel. (éternel est à comprendre non pas comme un étirement sans fin du temps, mais comme un temps d'une densité inimaginable : tous les temps présents en même temps pour tous les temps, le tout dans un Amour à la fois personnel et universel, et lui-même éternel.)
Voilà pour les concepts de base. Sur la question de la vénération des saints et de Marie, il ne faut pas faire de confusion. Comme d'autres l'ont dit, Marie n'est pas Jésus, Marie est une femme et n'a jamais eu dans sa vie de « vision face à face avec Dieu ». Les saints non plus, et si les chrétiens peuvent s'en remettre à eux, c'est uniquement en tant qu'intercesseurs. (Communion des saints), afin de fortifier la foi en Dieu, un peu comme les musulmans voient dans leur prophète un exemple du bon croyant, sans jamais le confondre avec un Dieu, ce qui serait de l’idolâtrie.
Voilà pour ces quelques points de clarification, en espérant avoir été suffisamment compréhensible.
Juste encore un dernier point : le Christianisme, par le fait qu'il est la religion de l'Incarnation, est une religion de l'Histoire, c'est-à-dire que Dieu intervient dans l'histoire des hommes pour cheminer avec eux, les accompagner. C'est une précision importante, parce qu'elle permet de comprendre pourquoi le Christianisme est plus permissif dans la vie des hommes que l'Islam. Jésus énonce bien qu'il faut séparer le pouvoir temporel du pouvoir spirituel, car Dieu marche avec les hommes mais ne cherche pas à les arrêter. La Révélation est faite pour éclairer les cœurs, et lorsqu'ils sont éclairés, la foi est exigeante. Mais l'Amour ne peut forcer, il est obligé de laisser le choix, et donc la liberté aux hommes. Et Jésus a dû mourir sur la Croix pour atteindre la Résurrection, il a d'abord dû vivre une vie d'homme avant de rejoindre les modalités d'existence propre à la vie divine. (C'est d'ailleurs pour ça que Jésus est à la fois vrai homme et vrai Dieu, car il faut qu'il soit entièrement homme jusqu'à la crucifixion pour se révéler dans sa nature divine à sa résurrection). Pour résumer, on pourrait dire que Dieu, étant Amour, s'efface du monde pour laisser l'homme vivre et choisir de L'aimer en retour ou de le rejeter. C'est l'immense grandeur du Christianisme mais aussi sa plus grande faiblesse, car les hommes en Occident ont désormais massivement choisi de le rejeter. Il faut rajouter à cela que le Christianisme n'a pas rejeté l'héritage de la philosophie grecque, et a essayé de la concilier avec la révélation biblique.
Bon, et pour finir ce très long commentaire, je voudrais poser à mon tour une question : comment vous, musulmans, percevez votre Dieu ?