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VIB
Christine Angot a dénoncé la concurrence des mémoires entre la Shoah et l'esclavage en expliquant que dans l’esclavage, "l’idée, c’était qu’ils (les esclaves) soient en pleine forme (...), en bonne santé". Sur le fond, qu’en pensez-vous en tant qu'historienne ?
Myriam Cottias – On est face à un discours idéologique et non informé. Il est très aisé de lui répondre sur le prétendu "bon état" des esclaves, simplement en donnant quelques chiffres. La durée moyenne de vie en plantation à Saint-Domingue est de huit ans, en Martinique de quinze ans. L’espérance de vie des esclaves tourne autour de 40 ans au XVIIIe comme au XIXe siècle. Il y a un accroissement de population nul sur les plantations, et le renouvellement de la force de travail se fait uniquement par captifs. Si nous étions dans un système aussi confortable qu'elle le prétend, nous n’aurions pas besoin d’apport de main d’œuvre… Les esclaves sont des humains considérés comme des biens meubles, dans un système où la taxinomie raciale et la hiérarchie des races sont établies. Autant de choses qui infirment totalement ce que dit Christine Angot. Et d’ailleurs, comment l’esclavage et la traite ont-ils pu être déclarés crimes contre l’humanité si les conditions de vie étaient si extraordinaires que ça ? On est dans de l’idéologie. C’est sur la fonction de ce discours idéologique qu’il faut s’interroger – un discours qui nie la violence. A quoi sert-il ? C’est ça la question.
Sur le plateau, il n’y a pas de réaction particulièrement outrée à ses propos. Franz-Olivier Giesbert abonde même dans son sens. Comment l’expliquez-vous ?
Personne ne bouge, c’est absolument ahurissant. Il y a une sorte de consensus poli autour de ce qu’elle déclare. Mais il y a une dynamique de coût et de profit : Franz-Olivier Giesbert est content car elle apporte de l’eau à son moulin à lui. Tout est vu d’un point de vue individuel et non pas d’un point de vue historique, ni même du point de vue d'un bienfait commun. Sommes-nous dans un consensus révisionniste ou négationniste vis-à-vis de l’histoire de l’esclavage ? La question peut se poser finalement.
https://www.lesinrocks.com/2019/06/...avage-un-discours-ideologique-et-non-informe/
Myriam Cottias – On est face à un discours idéologique et non informé. Il est très aisé de lui répondre sur le prétendu "bon état" des esclaves, simplement en donnant quelques chiffres. La durée moyenne de vie en plantation à Saint-Domingue est de huit ans, en Martinique de quinze ans. L’espérance de vie des esclaves tourne autour de 40 ans au XVIIIe comme au XIXe siècle. Il y a un accroissement de population nul sur les plantations, et le renouvellement de la force de travail se fait uniquement par captifs. Si nous étions dans un système aussi confortable qu'elle le prétend, nous n’aurions pas besoin d’apport de main d’œuvre… Les esclaves sont des humains considérés comme des biens meubles, dans un système où la taxinomie raciale et la hiérarchie des races sont établies. Autant de choses qui infirment totalement ce que dit Christine Angot. Et d’ailleurs, comment l’esclavage et la traite ont-ils pu être déclarés crimes contre l’humanité si les conditions de vie étaient si extraordinaires que ça ? On est dans de l’idéologie. C’est sur la fonction de ce discours idéologique qu’il faut s’interroger – un discours qui nie la violence. A quoi sert-il ? C’est ça la question.
Sur le plateau, il n’y a pas de réaction particulièrement outrée à ses propos. Franz-Olivier Giesbert abonde même dans son sens. Comment l’expliquez-vous ?
Personne ne bouge, c’est absolument ahurissant. Il y a une sorte de consensus poli autour de ce qu’elle déclare. Mais il y a une dynamique de coût et de profit : Franz-Olivier Giesbert est content car elle apporte de l’eau à son moulin à lui. Tout est vu d’un point de vue individuel et non pas d’un point de vue historique, ni même du point de vue d'un bienfait commun. Sommes-nous dans un consensus révisionniste ou négationniste vis-à-vis de l’histoire de l’esclavage ? La question peut se poser finalement.
https://www.lesinrocks.com/2019/06/...avage-un-discours-ideologique-et-non-informe/