Christine Lagarde à la BCE: pour le meilleur ou pour le pire?

FIGAROVOX.- Après de longues et fastidieuses négociations, le Conseil européen est finalement parvenu à désigner les personnalités qui occuperont les «top jobs» européens, dont Christine Lagarde à la tête de la BCE. Comment analyser cette nomination de l’actuelle directrice du FMI?
Nicolas GOETZMANN.-
Au cours de ces dernières semaines, les pronostics concernant le prochain président de la Banque centrale européenne donnaient la faveur à Jens Weidmann, l’actuel président de la Bundesbank, tandis que François Villeroy de Galhau, actuel gouverneur de la Banque de France, était donné favori à la veille du week-end dernier. De ce point de vue, la désignation de Christine Lagarde est une bonne nouvelle car elle permet l’éviction de ces deux figures de rigueur, parfaitement en décalage avec les besoins du moment. C’est le premier point à retenir: cette nomination est déjà une victoire relative.
Mais la désignation de Christine Lagarde est d’ores et déjà critiquée sous le prétexte qu’elle n’est pas économiste, et qu’elle ne peut se targuer d’un passé et d’une expérience de banquier central. Mais ce n’est pas un argument suffisant. Parce que si la dimension technique de la tâche est complexe, il est difficile de douter, par son expérience et ses réseaux, que Christine Lagarde dispose des ressources pour se forger une compétence et ses propres convictions dans le domaine. On peut, par exemple, citer sa proximité avec les anciens directeurs de la recherche économique du FMI que sont Olivier Blanchard et Maurice Obstfeld. Mais il faut reconnaître que ses écrits au FMI ne permettent pas de dessiner une ligne claire de ce qu’est la vision «monétaire» de Christine Lagarde. Celle-ci reste donc à construire, ce qui ouvre une possibilité pour le meilleur mais aussi pour le pire. C’est donc l’incertitude presque totale qui domine aujourd’hui. On peut tout de même se rappeler qu’en 2013, Christine Lagarde a reconnu les erreurs commises par le FMI concernant les politiques d’austérité, ce qui est un point à mettre à son crédit.
 
Une justice à 2 balles et à part pour "eux" . Se partager l'argent volé au peuple .

La patronne du FMI a été dispensée de peine par la """""Cour de justice de la République""""""".

La patronne du FMI Christine Lagarde a été jugée coupable de «négligence» dans l'affaire de «l'arbitrage Tapie» par la Cour de justice de la République. Elle a cependant été dispensée de peine.
Cité par Reuters, son avocat va étudier l'opportunité d'un pourvoi en cassation.
L'ancienne ministre de l'Économie n'était pas présente à Paris, lundi, pour assister à la lecture de l'arrêt.
L'ancien ministre de l'Économie, des Finances et du Travail (2007-2011) comparaissait pour des «négligences» présumées ayant favorisé, en 2008, un détournement de fonds publics de 403 millions d'euros dans le dossier Tapie-Adidas.
Tout au long de l'audience, faisant face aux questions incisives de la présidente Martine Ract-Madoux, la directrice générale du FMI s'est défendue d'avoir manqué de vigilance. Du premier au dernier jour, elle a affirmé avoir agi «en confiance et en conscience» dans ce dossier singulier. Le ministère public a requis sa relaxe.
Procédure qui dure depuis 1993
Le procès, qui a eu lieu alors que six personnes, dont Bernard Tapie et l'ancien directeur de cabinet de Mme Lagarde, Stéphane Richard, sont mises en examen pour escroquerie en bande organisée, a permis d'analyser les deux grandes décisions de la locataire de Bercy. En octobre 2007, alors qu'elle a été nommée en juin, elle donne son feu vert à une procédure d'arbitrage envisagée de longue date et destinée, selon elle, à mettre un terme à une épuisante guérilla judiciaire qui dure depuis 1993. Les trois arbitres sont, apparemment, hors de tout soupçon: Me Jean-Denis Bredin, célèbre avocat de gauche, ancien associé de Robert Badinter, membre de l'Académie française; Pierre Mazeaud, juriste marqué à droite, ancien président du Conseil constitutionnel; Pierre Estoup, ancien haut magistrat, président honoraire de la cour d'appel de Versailles.
En juillet 2008, leur sentence tombe et provoque la stupeur: outre un important dédommagement pour le préjudice matériel de M. Tapie dans le cadre de la revente d'Adidas, par le Crédit lyonnais, à Robert Louis-Dreyfus, les juges-arbitres accordent à l'homme d'affaires et à son épouse 45 millions d'euros nets d'impôts au titre d'un «préjudice moral». Or, cette notion n'apparaissait pas dans le compromis d'arbitrage (protocole qui fixe notamment des plafonds à l'indemnisation) validé par Mme Lagarde.
 
Christine Lagarde : départ en fanfare Paris Match | Publié le 06/10/2019 à 08h50
De notre envoyée spéciale à Washington Marie-Pierre Gröndahl
Christine Lagarde, 63 ans, en robe Chanel. Avec son mari, Xavier Giocanti, son fils Thomas Lagarde (debout au centre) et sa femme, Taylor, son neveu Edouard Lallouette (à dr.) et le fils de Xavier, Arthur (à g.). Au FMI, le 28 septembre.

Christine Lagarde, 63 ans, en robe Chanel. Avec son mari, Xavier Giocanti, son fils Thomas Lagarde (debout au centre) et sa femme, Taylor, son neveu Edouard Lallouette (à dr.) et le fils de Xavier, Arthur (à g.). Au FMI, le 28 septembre. Sébastien Micke/Paris Match
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Huit ans après le fiasco de DSK, le FMI a organisé une fête somptueuse pour sa patronne en route pour Francfort

Des boubous, des kimonos, des turbans, des saris et des voiles multicolores. Et même un kilt de gala. A 18 heures tapantes, le 28 septembre, comme exigé en lettres dorées sur fond blanc par le carton d’invitation, le Tout-Washington des affaires et du pouvoir a été convié pour dire au revoir à Mme la présidente, la Française Christine Lagarde, directrice générale du FMI depuis 2011.

Et l’immense atrium du quartier général du Fonds monétaire international, cet espace austère à quelques mètres de la Maison-Blanche où ne se croisent que costumes et tailleurs sombres, se met à ressembler au siège des Nations unies. Une volière chatoyante où se devinent des dizaines de visages célèbres. Parmi les 250 invités en tenue de soirée, la « First Daughter », Ivanka Trump, cheveux coupés au carré, robe décolletée bleu nuit, et son mari, Jared Kuschner, Alan Greenspan, 93 ans, le mythique ancien président de la Fed, la banque centrale américaine, appuyé sur une canne mais l’œil vif, et la première femme à avoir dirigé cette institution, Janet Yellen, Lakshmi Mittal, le milliardaire indien de l’acier, David Rubenstein, le fondateur de Carlyle, l’un des plus puissants fonds d’investissement au monde, David Lipton, le numéro deux du FMI, Kristalina Georgieva, qui vient d’en prendre les rênes, ou encore Adrienne Arsht, avocate, ex-banquière et patronne d’ONG, organisatrice de la soirée.
L'hommage de Bono, leader de U2, déclenche une hilarité générale
Au menu, salade, poulet et cheese-cake, et un spectacle sur mesure pour célébrer la passion de « Madame Lagarde » – en français dans le texte –, la musique : des airs d’opéra, des standards américains, un numéro de claquettes, un extrait du « Lac des cygnes » par une danseuse étoile du ballet de Washington. Sur l’immense écran tendu derrière les musiciens s’égrènent de brefs hommages en vidéo, recueillis par les équipes du FMI un peu partout sur la planète. Certains déclenchent une hilarité générale, comme celui de Bono, leader de U2 : « Quand je suis arrivé dans une petite station suisse où se retrouvent chaque année les puissants du monde, j’ai entendu des participants dire qu’une rock star était attendue à Davos et qu’elle allait secouer le sommet. J’étais assez flatté qu’on parle de moi en ces termes. Avant de réaliser que la rock star en question, ce n’était pas moi, mais Christine Lagarde ! » D’autres sont plus sobres, à l’image de Michael Bloomberg : « Par son action à la tête du FMI, elle a réussi à changer le cours de multiples vies du tout au tout. » Pendant deux heures s’enchaînent les témoignages d’une kyrielle de chefs d’Etat ou de Premiers ministres, dont ceux de Singapour, de Thaïlande, du Japon, comme du milliardaire chinois du Web Jack Ma, fondateur d’Alibaba, ou du gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney.
Dans ce concert de louanges, le silence quasi total de voix européennes ne passe pas inaperçu. A l’exception de Bruno Le Maire et de Mario Draghi – à qui Christine Lagarde va succéder à Francfort –, aucun Allemand, Italien, Néerlandais ou autre représentant du Vieux Continent n’a pris la parole. « Ce n’est pas de très bon augure pour ses débuts à la tête de la BCE, chuchote un banquier américain. Mais il en faudrait davantage pour lui faire peur. Cette femme a l’habitude de débarquer en territoire hostile. » Comme l’a rappelé David Lipton, le directeur délégué du FMI déjà en poste à l’époque, Christine Lagarde avait écopé de la tempête de 2011, après la démission brutale de Dominique Strauss-Kahn, mis en cause par un scandale sexuel : « Elle a rejoint le Fonds au plus bas et le quitte au plus haut. »
 
La patronne a su "conquérir Washington, ce qui n'est pas donné à tous"
Si beaucoup des intervenants ont insisté sur son humanité, sa tolérance, Richard Quest, le journaliste économique vedette de la chaîne américaine CNN, a évoqué avec humour sa façon de réagir à une question malvenue : « Le sourcil se fronce légèrement, l’œil se noircit, la voix se durcit… et on sait qu’il faut dare-dare choisir une autre voie. » Pour le milliardaire David Rubenstein, la patronne a su « conquérir Washington malgré la jalousie et l’animosité, ce qui n’est pas donné à tout le monde ». Avant d’ajouter, en souriant, qu’elle avait bien de la chance d’entendre tous ces éloges de son vivant : « La plupart du temps, lorsque les discours sont aussi laudatifs, ils ne sont prononcés qu’une fois le destinataire au fond de son cercueil. »
L’héroïne de la soirée s’est, comme il se doit, exprimée en dernier. « Vous avez tous touché ma vie, a-t-elle remercié. Vous m’avez soutenue et aidée, et donné la force de passer toutes ces années loin des miens. » Auprès d’elle ce soir-là, son mari, Xavier Giocanti, l’un de ses deux fils, Thomas, architecte, accompagné de sa femme, Taylor, son neveu Edouard, en poste à l’ambassade de France à Washington, et Arthur, le fils de Xavier. Après avoir aussi insisté sur la nécessité de « chérir et de protéger » le sentiment d’humanité partagé par les convives, Christine Lagarde a ensuite stupéfié l’assistance. Toujours au micro, elle a chanté, accompagnée par l’orchestre, l’inoubliable succès d’Edith Piaf « Non, je ne regrette rien ». Une performance qui lui a valu une standing ovation de plusieurs minutes.
A Francfort, au sein de la BCE, le climat est explosif
L’atmosphère risque de se révéler bien plus fraîche à Francfort. Car les dernières annonces de Mario Draghi, qui a décidé le 12 septembre de poursuivre à la fois la politique de taux d’intérêt bas et le programme de rachats d’actifs de 2,2 trillions d’euros (« Quantitative Easing », en termes techniques), ont provoqué de violentes dissensions au sein de la BCE. Fait exceptionnel, plusieurs membres du conseil exécutif ont manifesté leur désaccord : Jens Weidmann, le gouverneur de la Bundesbank, adversaire acharné d’une politique monétaire « laxiste », son homologue des Pays-Bas, Klaas Knot, et Ewald Nowotny, ancien gouverneur de la Banque centrale d’Autriche, ont chacun dénoncé des mesures « dangereuses et disproportionnées ». Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, longtemps donné favori pour le poste de Mario Draghi, leur a emboîté le pas. En Allemagne, où Draghi a été rebaptisé « comte Draghila » par le quotidien populaire « Bild », caricature avec dents ensanglantées à l’appui, cette politique est dénoncée par l’ensemble de la classe politique, y compris l’extrême gauche. En cause : les dégâts infligés aux épargnants, qui voient les rendements de leurs placements s’effriter.
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La rupture est telle que l’Allemande Sabine Lautenschläger, numéro deux de la BCE, a annoncé sa démission la semaine dernière, comme deux autres compatriotes avant elle. Plus de deux ans avant la fin de son mandat, et le jour même de la prise de fonction de Christine Lagarde. Dans ce climat explosif, la nouvelle patronne devra faire taire les critiques sur son manque d’expérience en matière de politique monétaire et tenter d’apaiser les tensions internes. Sans pour autant désavouer son prédécesseur, ni se mettre à dos les membres du conseil. Le tout dans un contexte de stagnation économique en zone euro, de récession en Allemagne, de Brexit et de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine… Heureusement, parmi les nombreuses qualités énumérées pendant la soirée, son « sens de la diplomatie » a été abondamment mentionné. Elle en aura besoin
 
Le 1er novembre, Mario Draghi, actuel président de la Banque centrale européenne (BCE), donnera les clés de l’institution monétaire à Christine Lagarde
 

Pièces jointes

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