La confluence de la "jurisprudence des minorités" et le fractionnement de l’islam n’est nullement une coïncidence

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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À l’heure où les grandes têtes de la colonisation culturelle dans le monde ourdissent des plans pour fractionner l’islam universel et unique en de multiples " islams" régionaux — par conséquent, différents et antagonistes — s’élèvent et se succèdent les voix appelant à l’établissement de ce qu’ils appellent "la jurisprudence des minorités" [fiqh al-aqalliyyât] qui serait un habillage islamique convenable à l’islam en croissance en Occident — avec ses deux pôles américain et européen — à la différence de « l’autre islam », répandu dans les pays musulmans de façon générale.


Je demandai : Quelles sont les références et fondements dont émanerait cette "jurisprudence des minorités" ?


On me répondit : Ils sont nombreux ? : la règle des intérêts généraux [qâ`idat al-masâlih], le fait que les nécessités levent les interdits, la difficulté entraîne l’allègement [al-mashaqah tajlib at-taysîr] et le verset "et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion".


Je dis : Mais ces références ne sont guère spécifiques aux musulmans vivant en Europe ou aux Etats-Unis. Ce sont des références d’une jurisprudence islamique universelle non liée à une terre donnée et elles n’ont jamais été la base de ce que vous appelez « la jurisprudence des minorités » spécifiquement.

En effet, dès lors qu’il y a une « nécessité » dans son acception juridique bien connue, l’interdit qui l’a occasionnée est levé ; chaque fois que la difficulté excède la limite supportable, la dérogation juridique afférente est appliquée et chaque fois que deux intérêts s’opposent sur l’échelle des finalités juridiques, l’intérêt le plus prioritaire est retenu. Nous ne trouvons dans le Coran ni dans la Sounnah, ni dans les paroles de l’un des Imams de la Shari`ah (legislation) islamique que ces références sont spécifiques à la condition des minorités vivant dans les terres de mécréance alors qu’il ne serait pas licite pour les autres musulmans dans le monde islamique d’y recourir et de s’y référer.


On me rétorqua : Les nécessités, dont émane le besoin insistant pour une jurisprudence spéciale à ces régions, proviennent du fait qu’ils se trouvent dans des sociétés non-islamiques, avec des caractéristiques bien distinctes de celles des sociétés islamiques !


Je dis : Quel est cet islam qui établit que la seule présence d’un musulman en terre de mécréance est considéré comme une nécessité légitimant une jurisprudence islamique spécifique pour le mettre en harmonie avec les courants de mécréance, de débauche et de désobéissance ?! Pourquoi donc Allâh a-t-Il institué et ordonné l’émigration de la terre de mécréance vers la terre d’islam dès lors qu’il devient impossible pour le musulman d’y appliquer les commandements de l’islam. Le Messager d’Allâh et ses compagnons n’eussent-ils pas séjourné au sein des polythéistes mecquois en se basant sur ce qu’ils ignoraient et que vous appelez « la jurisprudence des minorités » ?


Et si la seule présence des musulmans dans la terre de mécréance est une source de nécessité justifiant l’innovation d’une nouvelle jurisprudence adaptée à l’état de cette terre et ceux qui y vivent, quels sont alors les gens visés par cette Parole d’Allâh — Exalté et Glorifié ? :


Ceux qui ont fait du tort à eux-mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes en disant : ‹Où en étiez-vous ?› (à propos de votre religion) — ‹Nous étions impuissants sur terre›, dirent-ils. Alors les Anges diront : ‹La terre d’Allâh n’était-elle pas assez vaste pour vous permettre d’émigrer ?› Voilà bien ceux dont le refuge est l’Enfer. Et quelle mauvaise destination ! [1]


Nous étions optimistes et pensions que la croissance du nombre des musulmans en Occident, avec leur attachement à l’islam et l’alignement sur ses lois, dissoudrait la civilisation occidentale déviante dans le courant de la civilisation islamique.


Toutefois, aujourd’hui, avec l’appel insistant à ce qu’ils appellent « la jurisprudence des minorités », nous savons que nous sommes menacés par l’opposé de ce qui était l’objet de notre optimisme ? : nous sommes menacés par la dissolution de l’islam dans le courant de la civilisation occidentale déviante, dissolution garantie par cette « jurisprudence ».


Que les apôtres de cet appel — qui nous est étranger — craignent Allâh et qu’ils sachent que le fruit de cet appel est la réalisation de ce qui est ourdi contre l’islam aujourd’hui, à savoir sa transformation en « islams régionaux et variés ». Nous disposons dans les nombreuses académies juridiques de notre monde arabe et islamique de quoi nous dispenser d’inventer des références particulières, spécifiques à cette nouvelle « jurisprudence » islamique que la législation islamique n’a jamais connues.

Sheikh Muhammad Sa`îd Ramadân Al-Bûtî

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