Mieux connaître l'islam ordinaire: une école en visite à la mosquée de namur (vidéos)

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belgika

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Pour la plupart des élèves de première année de l’Athénée de Ciney, c’était la première fois qu’ils entraient dans un lieu de culte musulman. C’est leur professeur de géographie qui a pris l’initiative, suite aux attentats de Charlie Hebdo.




Les chaussures sont restées au vestiaire et le contact moelleux des chaussettes sur l’épais tapis rouge de la mosquée n’est pas fait pour déplaire. "C’est plus chaleureux que les pierres d’une église", glisse une jeune fille du groupe.



C’est l’imam qui accueille les élèves, mais il est assisté par deux autres représentants de la mosquée pour la traduction car le responsable du culte de la mosquée turque de Namur ne parle pas le français.



Quelques mots sur le lieu. Les beaux carrelages qui décorent les murs ? "C’est typiquement ottoman ; on ne trouve pas ça dans toutes les mosquées, précise l’imam. L’islam est né dans des pays où il fait parfois très chaud. Le carrelage aide à garder la fraîcheur à l’intérieur".

L'imam de la mosquée de Namur -



Un minaret? Non, c’est très rare en Belgique. Pour des raisons d’urbanisme ou simplement pour ne pas indisposer le voisinage.



L’appel à la prière du muezzin se fait de l’intérieur de la mosquée ; de toute façon les fidèles connaissent les heures de la prière, encore rappelées à l’intérieur de la mosquée par un écran digital qui tranche au milieu du décor ottoman de la mosquée.



Quand l’imam entonne son appel aux fidèles, les sourires mi amusés mi gênés des ados assis par terre s’estompent rapidement. Le chant est solennel et émouvant


S’ensuivent quelques généralités sur l’islam, " basé sur cinq piliers, explique l’imam : il n’existe qu’un seul Dieu, Allah, et Mahomet est son prophète ; un musulman doit prier cinq fois par jour ; il doit respecter le jeûne du ramadan ; il doit faire l’aumône (réserver 2,5 % de ses revenus aux démunis) ; et si possible faire un pèlerinage à La Mecque une fois dans sa vie. "



L’iman rappelle les liens étroits qu’entretiennent les trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. " Nous croyons à la bible et au nouveau testament. Jésus est l’un de nos prophètes. Le Coran est venu s’ajouter et corriger les textes sacrés plus anciens."



Et l’imam d’ajouter : " aucune religion n’accepte la violence ; les musulmans doivent s’entendre avec les juifs et avec les chrétiens. Les civilisations arabe et ottomane ont toujours été tolérantes sur un plan religieux. " Le message est clair : l’islam n’a rien à voir avec le terrorisme des fanatiques.



Pas de question sur Charlie Hebdo



Pourtant les questions que poseront ensuite les élèves de l’Athénée de Ciney ne porteront pas sur l’actualité sanglante des derniers mois. "Je voulais poser une question sur Charlie Hebdo, mais j’avais peur de choquer, nous glisse une élève.


Mais les médias en parlent suffisamment", enchaîne sa copine. Nous étions plutôt ici pour mieux connaître la religion musulmane. Ce n’était pas le moment de reparler des attentats."



Les questions fusent, d’abord prosaïques: pourquoi des carrelages au mur ? Puis plus difficiles : pourquoi les musulmans ne peuvent-ils pas manger du porc? "C’est une viande qui pose des problèmes d’hygiène", explique Seydi Nag, représentant de l'Union des musulmans de Namur, "surtout dans les pays chauds. Et le musulman doit respecter sa santé.


" Personne ne pense à demander si les techniques de réfrigération modernes changent la donne. Et s’il n’est pas possible de réinterpréter des textes écrits il y a 1500, 2000 ou 2500 ans.



Pourquoi les femmes doivent-elles porter le foulard ? "La femme n’est pas un objet, c’est une question de pudeur", dit l’imam. "C’est une démarche personnelle", ajoute une femme voilée qui s’est jointe à la conversation. "Personne ne peut vous obliger à porter le voile."



La question de l’égalité entre les hommes et les femmes, par contre, ne sera pas abordée.


Pourtant, les élèves de l’Athénée de Ciney, habitués à se mélanger en classe depuis tout petits, ont été séparés dans la mosquée : les garçons d’un côté et les filles de l’autre.


Voici quelques images de la visite, en son et en images:
La visite en son et en images




http://www.rtbf.be/video/detail_la-visite-en-son-et-en-images?id=1995472





Prolonger la visite en classe



Après une demi-heure d’échange, on en restera là, à la surface de ces questions tellement sensibles, tellement complexes. Mais le professeur qui a initié la visite promet de prolonger la réflexion en classe avec ses élèves.

Les mosaïques de la mosquée turque de Namur - © Tous droits réservés





"Je suis un peu surpris que les questions n’aient pas plus tourné autour de l’actualité", confie Fabian Rase, professeur de géographie à l’Athénée de Ciney. "Mais le but de la visite c’était de mieux connaître l’islam ordinaire, celui de la toute grande majorité des musulmans, et pas celui revendiqué par une minorité violente et fanatisée".




Co-organisateur de cette visite, Seydi Nag, insiste : "Dans le contexte actuel, il nous paraît important d’ouvrir la porte de nos mosquées au grand public pour qu’il découvre la beauté de l’islam, ses valeurs, son éthique.²"
Seydi Nag réfute tout prosélytisme.


Il ne s’agit pas de convaincre de nouveaux fidèles, mais de "rapprocher les communautés et éviter que les fractures s’agrandissent." Plusieurs autres écoles de la région namuroise ont demandé à l’Union des musulmans de Namur d’organiser une telle visite.




A la sortie de la mosquée, après avoir retrouvé leurs chaussures, un petit goûter attend les élèves de l’Athénée de Ciney: petits gâteaux turcs et Fanta, sur fond d’hospitalité orientale.


http://www.rtbf.be/video/detail_athenee-de-ciney-visite-la-mosquee-de-namur?id=1995320

http://www.rtbf.be/info/regions/detail_une-ecole-de-ciney-visite-la-mosquee-de-namur?id=8915015
 
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