Explosée à coups de fusil par la police, mercredi 4 avril, la serrure du pavillon de cinq pièces du lotissement des Trois Caravelles où loge la famille Z., à Pau, vient d'être remplacée. Le bailleur ne pouvait attendre l'indemnisation de la justice qui mettra des mois à arriver. Saad et Farid, 28 et 22 ans, plaisantent pour détendre l'atmosphère mais la mine sombre du père, Mohamed, 59 ans, témoigne de l'affront subi par sa famille.
Comme huit autres personnes qu'ils ne connaissent pas, à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne), Bordeaux, Carpentras (Vaucluse), Marseille, Roubaix (Nord) ou Valence, ses fils ont fait l'objet d'une interpellation musclée avant d'être relâchés, sans aucune charge, après trente-sept heures de garde à vue dans le cadre antiterroriste. Ce coup de filet national visait à neutraliser les émules potentiels de Mohamed Merah, tueur à Montauban et Toulouse de trois militaires, de trois enfants juifs et d'un père de famille entre les 11 et 19 mars.
Un périple de quatre mois effectué entre septembre 2011 et janvier 2012 par Farid et Saad en Inde, en Birmanie, en Thaïlande et au Cambodge, juste après le bac pro de menuisier-aluminium du benjamin, a suffi à les cataloguer "présumés activistes isolés se préparant au djihad".
"JE ME SUIS RETROUVÉ NEZ À NEZ AVEC UN FUSIL"
A 6 heures du matin, le 4 avril, Mohamed était le seul levé lorsqu'il a entendu l'explosion. Il a pensé au gaz. "Je suis sorti de la cuisine et je me suis retrouvé nez à nez avec un fusil", raconte cet homme arrivé en 1973 du Moyen Atlas marocain pour travailler dans les usines de chocolat Lindt. "Par terre, par terre !", ont hurlé des hommes encagoulés en le jetant au sol tandis qu'ils menottaient Farid, descendu en caleçon. A l'étage, Saad a été entravé à son tour. Les policiers ont parlé d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
Ils ont ensuite retourné les chambres, démonté les faux plafonds, saisi téléphones mobiles, ordinateurs portables et disques durs. Ils ont surtout trouvé le journal de bord tenu par Saad durant le voyage en Asie. "Heureusement, dit le jeune homme, car je n'y pensais même plus, or il retrace notre parcours très touristique." Quand on a embarqué chacun de ses frères dans une C8 avec trois policiers toutes sirènes hurlantes, Assia, 6 ans et demi a demandé, terrorisée : "Ils vont leur faire comme à Mohamed Merah ?" Les radios diffusaient déjà en boucle la nouvelle de cette opération hexagonale contre "des islamistes radicaux".
Ce matin-là, Mahjouba, la maman des frères Z., a dû insister auprès des policiers pour attraper comme prévu le TGV pour Paris avec sa fille Mariam, 25 ans. "Elle est en plein divorce et avait rendez-vous le lendemain chez un juge aux affaires familiales pour la garde de sa fille de 16 mois, explique cette femme de 46 ans, bénévole au Secours populaire. Mon gendre a profité de l'interpellation de mes fils pour tenter de récupérer la petite. Heureusement, la magistrate n'a pas cédé."
Comme huit autres personnes qu'ils ne connaissent pas, à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne), Bordeaux, Carpentras (Vaucluse), Marseille, Roubaix (Nord) ou Valence, ses fils ont fait l'objet d'une interpellation musclée avant d'être relâchés, sans aucune charge, après trente-sept heures de garde à vue dans le cadre antiterroriste. Ce coup de filet national visait à neutraliser les émules potentiels de Mohamed Merah, tueur à Montauban et Toulouse de trois militaires, de trois enfants juifs et d'un père de famille entre les 11 et 19 mars.
Un périple de quatre mois effectué entre septembre 2011 et janvier 2012 par Farid et Saad en Inde, en Birmanie, en Thaïlande et au Cambodge, juste après le bac pro de menuisier-aluminium du benjamin, a suffi à les cataloguer "présumés activistes isolés se préparant au djihad".
"JE ME SUIS RETROUVÉ NEZ À NEZ AVEC UN FUSIL"
A 6 heures du matin, le 4 avril, Mohamed était le seul levé lorsqu'il a entendu l'explosion. Il a pensé au gaz. "Je suis sorti de la cuisine et je me suis retrouvé nez à nez avec un fusil", raconte cet homme arrivé en 1973 du Moyen Atlas marocain pour travailler dans les usines de chocolat Lindt. "Par terre, par terre !", ont hurlé des hommes encagoulés en le jetant au sol tandis qu'ils menottaient Farid, descendu en caleçon. A l'étage, Saad a été entravé à son tour. Les policiers ont parlé d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
Ils ont ensuite retourné les chambres, démonté les faux plafonds, saisi téléphones mobiles, ordinateurs portables et disques durs. Ils ont surtout trouvé le journal de bord tenu par Saad durant le voyage en Asie. "Heureusement, dit le jeune homme, car je n'y pensais même plus, or il retrace notre parcours très touristique." Quand on a embarqué chacun de ses frères dans une C8 avec trois policiers toutes sirènes hurlantes, Assia, 6 ans et demi a demandé, terrorisée : "Ils vont leur faire comme à Mohamed Merah ?" Les radios diffusaient déjà en boucle la nouvelle de cette opération hexagonale contre "des islamistes radicaux".
Ce matin-là, Mahjouba, la maman des frères Z., a dû insister auprès des policiers pour attraper comme prévu le TGV pour Paris avec sa fille Mariam, 25 ans. "Elle est en plein divorce et avait rendez-vous le lendemain chez un juge aux affaires familiales pour la garde de sa fille de 16 mois, explique cette femme de 46 ans, bénévole au Secours populaire. Mon gendre a profité de l'interpellation de mes fils pour tenter de récupérer la petite. Heureusement, la magistrate n'a pas cédé."