D. Gorteau interroge A. Chevalérias sur l'Afghanistan

Interview intégrale : quefaire.e-monsite.com/rubrique,chevalerias-et-l-afghanistan,223821.html

Extrait :

Denis Gorteau : cela a-t-il un sens de parler " d'Afghans " ? En effet il semble que les populations vivant en Afghanistan sont très divisées au niveau ethnique et linguistique. Qu'en est-il réellement ?

Alain Chevalérias : Cela a un sens de parler d'Afghans car il existe un Etat, l'Afghanistan, qui est peuplé d'Afghans. Néanmoins, vous avez raison de remarquer le grand nombre des ethnies. Parmi celles-ci, une a joué un rôle important dans l'édification du pays, les Pachtouns, connus sous le nom de Pathans au Pakistan, qui fondèrent la première dynastie royale autochtone et indépendante de l'étranger au XVIIIème siècle. A part un court intérim de six mois, les rois Pachtouns sont restés les maîtres du pays jusqu'à l'avènement de la République en 1973. Là, il faut signaler un point: les Pachtouns, la moitié de la population, se considèrent, historiquement, comme les seuls Afghans authentiques. Formés de tribus de guerriers, ils ont assis cette conception sur leur puissance militaire. L'occupation soviétique des années 80 et le soulèvement qui en a découlé a bouleversé les choses. Les autres groupes ethniques participant eux aussi à la résistance ont acquis, si je puis dire, leur droit à la citoyenneté. Désormais, ils ne veulent plus être des sujets mais partager le pouvoir. Paradoxalement, on peut dire que l'invasion soviétique a fait endosser la nationalité afghane aux non-Pachtouns.
 
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