Le daour des Regraga

Le daour des Regraga au Maroc. Un rite de régénérescence.​


Les Regraga forment une confédération maraboutique dans le pays Chiadma situé le long de la côte atlantique marocaine entre les villes de Safi et d’Essaouira. Ils sont connus pour leur pèlerinage annuel de trente-neuf jours qui débute chaque année à l’équinoxe de printemps et lors duquel ils visitent une quarantaine de sanctuaires de leurs ancêtres. Cette tournée printanière est appelée daour, ce qui signifie « tour » (voir la carte en fin d’article), et l’on dit ainsi que les zaouïas de Regraga « tournent sur les saints ». Pour cerner les origines de ce rite, il faut plonger là où légendes et histoire ne font qu’un, là où l’oralité et les hagiographies sont les principales sources historiques.
(Les documents hagiographiques racontant la geste des sept saints fondateurs sont appelés Ifrikyia. )

Le mythe fondateur raconte que sept saints berbères sont partis à La Mecque à la rencontre du Prophète Mohammed, du vivant de celui-ci.
(Ces sept saints sont : Sidi Ouasmine, Sidi Boubker Ben Ashemas, Sidi Salah Ben Boubker, Sidi Abdallah Ben Salah, Sidi Aïssa Bou Khabia, Sidi Yala Ben Ouatil et Sidi Saïd Sabek.)
Adeptes de Jésus, ils étaient chrétiens mais attendaient la venue d’un dernier Prophète. Ils allèrent vers l’envoyé de Dieu afin de se convertir à l’islam. Ces Regraga furent par ailleurs les révélateurs de la glossolalie du Prophète Mohammed. En effet, ce dernier comprit spontanément la langue berbère dans laquelle ils s’exprimaient. En revanche, sa fille Fatima ne comprit pas un mot de ce langage inconnu, qui pour elle ressemblait à des rejraja, c’est-à-dire des « bredouillis ». Le Prophète dit alors à sa fille : « Tu viens de leur donner leur nom. » Il les chargea ensuite de retourner dans le lointain Maghreb al-Aqsa afin d’y apporter l’islam. Les sept saints obéirent et revinrent dans leur pays berbère avec un oracle de la part du Prophète Mohammed. Les tribus se convertirent en masse et la renommée des Regraga s’étendit considérablement, et ce, bien avant les premières conquêtes arabes historiquement attestées. Ils avaient acquis le titre et le prestige de Compagnons du Prophète3. Chaque année, les sept saints guerriers visitaient les tribus de la région afin de vérifier qu’elles n’avaient pas apostasié : telle est l’origine du daour. Depuis ces temps reculés, les descendants des sept saints perpétuent cette pratique de génération en génération, dans tout le pays Chiadma, pendant trente-neuf jours. Mais de nouvelles fonctions et de nombreux usages sont apparus au cours du temps.

Le pèlerinage des Regraga a été étudié par trois chercheurs depuis les années 1980 : Abdelkader Mana (en 1984), Georges Lapassade (en 1985) et Abdelkabir Namir (en 1996). Tous trois ont publié ensuite leurs journaux de terrain ou des écrits concernant le daour mais aucun n’a, à mon sens, entièrement fait le tour de la question. Abdelkader Mana, le « découvreur des Regraga », est celui dont l’approche est la plus analytique. Il a développé le concept de « caprification » pour qualifier l’action des nomades Regraga : ils viennent « féconder » par la baraka les tribus arabophones Chiadma pour l’année à venir. Mais après avoir écrit son journal de bord qui eut un succès important, il n’a pas approfondi ses recherches sur les Regraga. Le travail ici présenté se veut la continuation de ces diverses investigations.
 
Le daour est un phénomène socio-religieux complexe dont les rouages et les fonctions méritent d’être mis en lumière. Il s’agit d’une tâche de longue haleine qui est encore loin d’être accomplie, mais la présente étude a cependant permis d’éclairer quelques points. Il fallait vivre le pèlerinage de l’intérieur afin de pouvoir répondre aux questions suivantes : tout d’abord, comment se déroule la totalité du daour des Regraga ? En tant que pèlerinage, quelles sont ses spécificités ? Ce pèlerinage répond-il ensuite uniquement à un besoin religieux/spirituel ou à des motivations plus pragmatiques ? Si oui, lesquelles ? L’interrogation fondamentale était plus largement : pourquoi partir, pourquoi le daour ? Nous faisions au départ l’hypothèse qu’il s’agissait d’une mobilité physique ritualisée, nécessaire pour conduire à une période extra-ordinaire en rupture avec la vie quotidienne du reste de l’année permettant la régénérescence du corps social.

S’agissant d’une approche anthropologique, l’ethnographie a permis d’observer le vécu du pèlerinage à travers l’immersion dans l’une des treize zaouïas de Regraga, appelée Taïfa. L’observation participante a dès lors fourni quantité de matériaux divers : notes de terrain, entretiens, enregistrements sonores, croquis et nombreuses photographies dont l’usage peut décrire ce que les mots taisent

En guise d’avertissement toutefois, nous devons signaler quelques limites rencontrées sur le terrain : la non-appartenance à l’islam et la non-maîtrise de l’arabe dialectal marocain. Mais plutôt que des obstacles, ces limites sont devenues des conditions d’enquête qui ont pu favoriser certains aspects, notamment l’observation directe proprement dite, ainsi qu’un certain recul souvent délicat à adopter quand on se situe à l’intérieur d’un terrain familier.

Afin de mieux cerner ce qu’est le daour des Regraga, une première partie présentera son déroulement de manière assez succincte, tandis qu’une seconde partie s’attachera à traiter de façon thématique quelques aspects choisis du daour.
 

Le déroulement du daour


Les Regraga sont regroupés en treize confréries (zaouïas) rurales disséminées dans le pays Chiadma. Cette région est peuplée de tribus arabophones mais de souche berbère, si bien que la distinction entre berbérité et arabité n’est pas toujours évidente6. On peut néanmoins distinguer deux ensembles majeurs dans le système des Regraga :
  1. D’une part la Taïfa, qui est la zaouïa de la localité d’Akarmoud, l’une des treize qui forment la confédération. Ce groupe cultive son indépendance et une sorte de primauté venant du fait qu’il possède sur son territoire trois des tombeaux (qubba) des sept saints fondateurs. Le chef (moqaddem) de cette zaouïa occupe en outre une position capitale : toujours vêtu de blanc et monté sur une jument blanche, il est appelé arossa, ce qui signifie la mariée ou la fiancée. Il fait l’objet d’un traitement privilégié et d’une dévotion particulière.
Les treize zaouïas des Regraga sont : Akarmoud, Kourate, Talmest, Retnana, Taourirt, Aït Baâzi, Boulaâlam, Skiat, Mzilate, Tiktent, Merzoug, Souert Mrameur, Aghissi.

  1. D’autre part, la Khaïma est la tente sacrée des Regraga, portée par un dromadaire et installée à chaque étape au centre du souk. Tissée en fibre de palmier nain (doum), elle fédère les treize zaouïas des Regraga. Doivent s’y tenir en permanence, assis en demi-lune, les moqaddem-s ou représentants de chacun des treize groupes. Une grande caisse en bois qui trône sous le pilier central de la tente reçoit les dons et les offrandes des visiteurs.

Précisons que les fidèles et les dévots viennent visiter soit la Taïfa, soit la Khaïma. Chacun est libre d’avoir sa préférence et ses habitudes. Signalons en outre que les deux groupes se suivent plus qu’ils ne se croisent. En effet, leurs itinéraires respectifs ne coïncident pas exactement. Il est fréquent que la Taïfa précède la Khaïma de quelques heures, voire d’une journée, et qu’elle fasse également des haltes plus
nombreuses.

.img-1-small517.jpg Moqaddem de la Taïfa.

Le départ du pèlerinage a traditionnellement lieu le jeudi le plus proche de l’équinoxe de printemps, avant ou après selon les années. On voit qu’il dépend donc du calendrier solaire/agricole, et non pas du calendrier lunaire qui est habituellement en vigueur en islam. On a parfois parlé de circumambulation pour qualifier le daour. Certes, les Regraga tournent sur leurs saints autour de la montagne emblé-matique du djebel Hadid (la montagne de fer), mais ils effectuent en fait plusieurs boucles dans le pays Chiadma, si bien que le terme de « circumambulation » n’est pas adéquat. La carte en fin d’article permet de visualiser l’itinéraire précis du daour : les Regraga parcourent en trente-neuf jours une distance estimée à environ 460 kilomètres, sachant que certaines étapes sont très courtes et d’autres beaucoup plus longues. Il leur arrive de marcher plusieurs dizaines de kilomètres ou bien seulement quelques-uns, cela dépend des jours. Il est souvent dit que le daour est constitué de 44 étapes. Or nous en avons recensées jusqu’à 51, sans que ce chiffre soit définitif ou exhaustif. Cela est dû au fait qu’il existe des étapes secondaires, des étapes sans corps saints (simple mosquée ou lieu de souk), des haltes hors programme qui ne concernent que le groupe de la Taïfa (par exemple des visites dans des familles de notables).

L’ethnographie a permis de cerner la réalité de la route, le vécu du chemin et la mobilité en tant que telle : c’est-à-dire aussi bien les réseaux de routes et de sentiers, que les moyens de transport divers et variés (marche à pied, à dos d’ânes ou de mules, camions, taxis, dromadaires, etc.), que le système d’hébergement de la société pèlerine et la vie communautaire qui s’y exprime.
 
Il ne faut surtout pas s’attendre à une cohorte ordonnée de pèlerins. Au contraire, le flux est plutôt informel et diffus : chaque Regragui chemine comme il veut ou comme il peut. Certains attachent un point d’honneur à marcher pendant les trente‑neuf jours, mais d’autres n’hésitent pas à prendre les transports en commun qui relient les moussems entre eux. Pour ces derniers, la marche n’est pas forcément constitutive de la démarche pèlerine. Pourtant, le voyage à pied permet ce dépassement de soi, le franchissement de l’espace malgré les épreuves des intempéries, et la satisfaction d’arriver le soir à l’étape tant attendue. L’historien Alphonse Dupront (1987) remarquait à juste titre que les pèlerinages privilégiaient soit l’effort (du voyage), soit le terme (la rencontre sacrale au lieu saint). La spécificité du daour par rapport à la plupart des autres moussem marocains est d’allier ces deux aspects : la distance et la durée mettent vraiment la notion de déplacement et d’effort au centre du pèlerinage, au même titre que les rituels effectués au lieu saint.

(Chaque étape est marquée par le déroulement d’un moussem, qui allie fêtes patronale et foraine et foire commerciale.)

img-2-small517.jpg Les daouryîn

Sans entrer outre mesure dans les détails du déroulement précis du pèlerinage, il est important de considérer que tout est structuré, programmé, selon ce qu’il convient d’appeler un véritable scénario rituel, alors même que tout paraît de prime abord assez désorganisé, voire désordonné. La mémoire joue un rôle déterminant dans la transmission dudit scénario et dans sa réalisation/réactualisation annuelle. Le rôle de la mémoire s’illustre notamment dans le rapport à l’espace et dans l’orientation des pèlerins Regraga. Sans horloge ni carte ni boussole, ils savent toujours où ils se trouvent et quel chemin emprunter (Mana, 1988). Certes, l’itinéraire est inscrit dans les mémoires, mais l’on peut aussi dire que la mémoire du scénario est inscrite dans l’espace jusque dans le corps. Chacun se souvient des chemins, des gens et des lieux au fur et à mesure que l’on avance. Les souvenirs affleurent du passé à l’instant et/ou au lieu opportun.

À la manière de la pensée mythique, les Regraga élaborent, conservent, modèlent leurs rites en fonction de leurs mythes, eux-mêmes en perpétuel remaniement selon les besoins du présent. Retenons l’expression pertinente de « scénario rituel » pour qualifier le daour. Bien souvent, l’on constate des « oublis », des trous de mémoire dans ce scénario, d’où naît un sentiment de manque. Si bien qu’il faut combler ces trous de mémoire avec des « débris d’événement » ou des « souvenirs » afin de garder la cohérence de l’ensemble. Peu importe alors ce qui va venir en remplacement. C’est précisément là qu’apparaît l’adaptabilité, la malléabilité, voire l’improvisation et le talent de répondre au coup par coup. « Il y a de l’ordre dans ce système, en dépit des conflits et des contradictions, c’est un ordre instable, sans cesse construit et reconstruit » . Se référer à cette idée de « bricolage rituel », en ce qui concerne les Regraga, apparaît donc légitime.
 
La notion d’« habitude » s’est également avérée fondamentale, et d’abord dans la bouche des Regraga eux-mêmes : ils font comme ils ont toujours fait. C’est l’habitude qui dicte la plupart des conduites et des pratiques. Mais alors que la notion d’habitude est souvent connotée comme un phénomène mécanique, figé, répétitif et inconscient, elle est apparue sur ce terrain comme un processus complexe fortement inclusif, souple et malléable. Correspondant à l’idée de coutume, l’habitude présente alors les mêmes caractères de souplesse, de malléabilité et d’adaptabilité que ceux mis à jour par le bricolage. De ce type d’habitude à l’« habitus » de Bourdieu, il n’y a qu’un pas dont nous ne faisons ici que tracer l’esquisse : l’habitus au sens de Bourdieu est le social incorporé et intériorisé dans les structures mentales des individus. C’est en quelque sorte la matrice du processus de socialisation, « principe générateur de stratégies qui rend les agents capables d’affronter des situations imprévues et toujours changeantes » (Bourdieu, 1992, p. 102). Il permet de signifier le monde et de le rendre intelligible aux agents. Faire le daour, c’est apprendre le monde.

Sens, fonctions et enjeux du daour


La baraka est au centre de ce pèlerinage et de ces croyances. Les Regraga sont les transmetteurs/transporteurs de la baraka de leurs saints ancêtres. Ainsi y a-t-il deux niveaux d’intermédiaires entre les fidèles et Dieu : les saints et leurs descendants.

Abdelkader Mana (1988) a développé le concept de « caprification » pour qualifier l’action des Regraga sur les demandeurs de baraka. Il s’agit techniquement d’une opération arboricole pratiquée par les paysans qui consiste à rendre fertile un figuier devenu stérile. Par leur passage, les Chorfa Regraga « fécondent symboliquement » les tribus sédentaires Khoddam. Cette notion me semble légitime, même si elle a suscité (et continue de susciter) un malentendu auprès des principaux intéressés : les Regraga y ont entendu une allusion à des pratiques sexuelles. Or le rapport est avant tout métaphorique et symbolique.
(Les chorfa sont les seigneurs, tandis que les Khoddam sont leurs serviteurs.)

Les Regraga opèrent par des bénédictions (fatha) que viennent solliciter leurs visiteurs. Il s’agit principalement de demandes de protection, de fertilité, de santé, de guérison et de réussite de tout ordre. Mais ils procèdent également à des malédictions quand ils estiment que cela est juste ou en réponse à un mal déjà fait. Un certain pouvoir temporel est en outre concédé aux Regraga le temps du daour puisqu’ils gèrent les affaires courantes et les éventuels problèmes internes, sans que les autorités officielles soient concernées, sauf en dernier recours.

(Le terrain a coïncidé avec la guerre en Irak, les Regraga de la Khaïma ont par deux fois présence lancé une malédiction contre le président américain George Bush et ses armées : « Que la cervelle de George Bush soit transformée en calebasse d’eau avant que la Khaïma ne soit montée à Sidi Bou Kacem ! » Puis, une seconde fois : « Que les soldats américains soient comme les abeilles qui sortent de la ruche sans jamais plus y revenir ! »)
 

Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB

Le daour des Regraga au Maroc. Un rite de régénérescence.​


Les Regraga forment une confédération maraboutique dans le pays Chiadma situé le long de la côte atlantique marocaine entre les villes de Safi et d’Essaouira. Ils sont connus pour leur pèlerinage annuel de trente-neuf jours qui débute chaque année à l’équinoxe de printemps et lors duquel ils visitent une quarantaine de sanctuaires de leurs ancêtres. Cette tournée printanière est appelée daour, ce qui signifie « tour » (voir la carte en fin d’article), et l’on dit ainsi que les zaouïas de Regraga « tournent sur les saints ». Pour cerner les origines de ce rite, il faut plonger là où légendes et histoire ne font qu’un, là où l’oralité et les hagiographies sont les principales sources historiques.
(Les documents hagiographiques racontant la geste des sept saints fondateurs sont appelés Ifrikyia. )

Le mythe fondateur raconte que sept saints berbères sont partis à La Mecque à la rencontre du Prophète Mohammed, du vivant de celui-ci.
(Ces sept saints sont : Sidi Ouasmine, Sidi Boubker Ben Ashemas, Sidi Salah Ben Boubker, Sidi Abdallah Ben Salah, Sidi Aïssa Bou Khabia, Sidi Yala Ben Ouatil et Sidi Saïd Sabek.)
Adeptes de Jésus, ils étaient chrétiens mais attendaient la venue d’un dernier Prophète. Ils allèrent vers l’envoyé de Dieu afin de se convertir à l’islam. Ces Regraga furent par ailleurs les révélateurs de la glossolalie du Prophète Mohammed. En effet, ce dernier comprit spontanément la langue berbère dans laquelle ils s’exprimaient. En revanche, sa fille Fatima ne comprit pas un mot de ce langage inconnu, qui pour elle ressemblait à des rejraja, c’est-à-dire des « bredouillis ». Le Prophète dit alors à sa fille : « Tu viens de leur donner leur nom. » Il les chargea ensuite de retourner dans le lointain Maghreb al-Aqsa afin d’y apporter l’islam. Les sept saints obéirent et revinrent dans leur pays berbère avec un oracle de la part du Prophète Mohammed. Les tribus se convertirent en masse et la renommée des Regraga s’étendit considérablement, et ce, bien avant les premières conquêtes arabes historiquement attestées. Ils avaient acquis le titre et le prestige de Compagnons du Prophète3. Chaque année, les sept saints guerriers visitaient les tribus de la région afin de vérifier qu’elles n’avaient pas apostasié : telle est l’origine du daour. Depuis ces temps reculés, les descendants des sept saints perpétuent cette pratique de génération en génération, dans tout le pays Chiadma, pendant trente-neuf jours. Mais de nouvelles fonctions et de nombreux usages sont apparus au cours du temps.

Le pèlerinage des Regraga a été étudié par trois chercheurs depuis les années 1980 : Abdelkader Mana (en 1984), Georges Lapassade (en 1985) et Abdelkabir Namir (en 1996). Tous trois ont publié ensuite leurs journaux de terrain ou des écrits concernant le daour mais aucun n’a, à mon sens, entièrement fait le tour de la question. Abdelkader Mana, le « découvreur des Regraga », est celui dont l’approche est la plus analytique. Il a développé le concept de « caprification » pour qualifier l’action des nomades Regraga : ils viennent « féconder » par la baraka les tribus arabophones Chiadma pour l’année à venir. Mais après avoir écrit son journal de bord qui eut un succès important, il n’a pas approfondi ses recherches sur les Regraga. Le travail ici présenté se veut la continuation de ces diverses investigations.
Merci chef, je lirai la suite le soir.

J’espère que dans ces écrits, les sept saints de Kech sont mentionnés, qui ont été instaurés par les alaouites pour discréditer les vrais saints (d’une même génération).
 
Les demandeurs de baraka leur font divers types d’offrandes en retour : hébergement et nourriture d’une part, dons en argent d’autre part (la ziyâra). Cet argent est partagé quotidiennement entre toutes les zaouïas, puis réparti entre tous les membres présents de chacun des groupes. La somme globale s’élève quotidiennement à plusieurs milliers de dirhams, mais la part octroyée à chaque Regragui n’excède jamais quelques dirhams. Le partage répond en fait à des règles fort précises qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. Signalons toutefois que ce système donne lieu à quelques tensions internes : le moqaddem de la Taïfa jouit par exemple du privilège de conserver la ziyâra qui lui est directement versée sans avoir à la redistribuer aux autres zaouïas. Cet usage fait entre autres la particularité de ce personnage. La réception et la redistribution des offrandes engendrent des enjeux de pouvoir, notamment entre le groupe de la Taïfa et celui de la Khaïma. Pourtant, cette « tension » est acceptée, assimilée, jusqu’à produire un certain dynamisme au sein du système interne qui évite toute situation de monopole de la part de l’un ou l’autre groupe. De son côté, le pouvoir central (le makhzen) est implicitement présent lors de la manifestation, à travers les cérémonies officielles, les forces de police et les drapeaux nationaux. Cette présence est d’ailleurs plutôt subie qu’appréciée. Mais si elle est nettement visible lors des étapes-phares, elle est cependant limitée dans la plupart des étapes rurales et reculées.

(La ziyâra signifie ici un don en plus de l’idée communément admise de « visite » et par là de pèlerinage.)

La dimension agraire du pèlerinage est très importante. Le contexte est éminemment rural, mis à part l’unique étape urbaine d’Essaouira. Ainsi, les Regraga bénissent les gens mais aussi les champs, d’où l’idée de caprification ci-dessus exprimée. Leur passage accompagne/provoque l’arrivée du printemps et met fin à la dormition de la nature que représente l’hiver. Le thème de la dormition fait écho aux Sept Dormants d’Ephèse auxquels les sept saints Regraga sont associés. Ainsi parle-t-on des « gens de la caverne » à propos de la Khaïma, en référence à la célèbre sourate du Coran qui porte ce nom.

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Offrande de grands plats de couscous

Les Regraga viennent concrétiser le passage de l’hiver (associé à la mort/sommeil) au printemps qui est renouveau et renaissance cyclique. La conception singulière du rapport entre le sommeil et la mort est d’ailleurs illustrée par le proverbe : « le sommeil est frère de la mort ». Et Boujemaâ Lakhdar, ancien conservateur du musée d’Essaouira, d’ajouter que : « La dormition n’est pas la mort mais c’est un sommeil qui ressemble à la mort. La végétation endormie attend le retour de la belle saison. (…) Pour que les récoltes soient abondantes, il faut que la baraka (des Regraga) vienne compléter et achever l’œuvre de la nature »13. Aussi les gens croient-ils que la nature ne se réveillera pas si les Regraga ne passent pas. Le faste et le néfaste sont donc considérés comme la conséquence directe de la dévotion aux saints Regraga. La pénurie et la sécheresse, par exemple, sont perçues et expliquées par le manque ou la baisse de fidélité envers les Regraga.

Le personnage du moqaddem de la Taïfa entretient un rapport privilégié avec la pluie qui est le don du ciel espéré par tous pour que les récoltes soient abondantes. Son appellation surprenante de « mariée » ou « fiancée » (arossa) figure en fait la ré-appropriation par l’homme de la vertu d’enfantement, et contredit la problématique habituelle du masculin/féminin. C’est un homme qui favorise la pluie. Cet usage rappelle un rituel de pluie appelé tarunja observé chez les Berbères par Émile Laoust (1926). Ce vieux rite agraire consiste à fabriquer une poupée blanche appelée arossa chta que l’on promène ensuite dans le champ pour obtenir la pluie. Mariage et pluie vont de pair. L’arossa est associée à la pluie et au retour du printemps. Peut-on alors faire l’hypothèse du daour comme la reproduction à une autre échelle du vieux rite berbère de tarunja ? On peut certes la formuler, sans toutefois répondre hâtivement.
 
Grâce à la baraka, les Regraga sont également de grands guérisseurs. Des guérisons miraculeuses sont attestées encore de nos jours. À chaque sanctuaire correspond une spécialité thérapeutique, si bien qu’il a été possible d’établir une liste : Sidi Ali Maâchou guérit par exemple de la rage, Sidi Abdallah ou Sidi Ahmed le cancer, tandis que beaucoup d’autres soignent la possession par les esprits (jnoun). Mais contrairement à d’autres confréries populaires marocaines, les Regraga n’ont ni rituels ni musiques extatiques spécifiques. Seules la baraka, leurs prières et leur piété suffisent à libérer du poids du mauvais œil et à dénouer les nœuds et les pièges tendus par les esprits. Il est en outre nécessaire de mettre l’accent sur l’idée fondamentale en islam de niya, c’est-à-dire la bonne/juste intention. Le demandeur de guérison doit avoir la niya, sans laquelle point de guérison. La niya est l’une des clefs de la thérapie populaire au Maroc et chez les Regraga : la niya vaut l’acte.

Le commerce est d’autre part une composante essentielle de chaque étape au cours de laquelle se tient une foire de taille variable selon l’importance du sanctuaire et des voies d’accès. Mais cet aspect commercial n’est pas propre à ce pèlerinage : la plupart des moussems marocains sont accompagnés d’un souk. Le jour qui précède le daour se tient la safia, la journée commerciale où l’on prépare les festivités du lendemain. Chaque moussem est l’occasion d’un « souk du barouk » où tout ce qui s’y trouve est barouk grâce à la baraka qui émane du sanctuaire attenant. Le passage des Regraga est dans beaucoup de lieux reculés l’unique occasion de s’approvisionner en toutes sortes de produits alimentaires ou de biens de consommation. Les transports d’hommes et de marchandises sont incessants de nuit comme de jour. C’est quotidiennement toute une ville ambulante de toiles et de tentes qui s’installe puis se démonte afin de se réinstaller au sanctuaire suivant.

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Souk du barouk


Conjointement au commerce, le moussem est enfin l’occasion de faire la fête et de se distraire. C’est souvent l’unique événement annuel mis à part les fêtes nationales publiques et officielles. Le village (douar) voit s’implanter des jeux, des spectacles forains et des manèges divers pour le plaisir de tous. Le moussem prend alors des allures de kermesse. Parfois ont lieu des concerts de chikhât (danseuses aux mœurs libérées) ou des fantasias (jeux équestres très réputés). Signalons la présence d’un nombre croissant de touristes étrangers à l’occasion de la grande fantasia de la dernière étape du daour. Mais cet aspect festif ne fait pas la spécificité du daour, car la plupart des autres moussems marocains connaissent le même phénomène. L’anthropologue Fenneke Reysoo ( 1991) a déjà posé il y a une dizaine d’années la question de la sécularisation des moussems en général, ce qui ne semble pas encore le cas pour le daour des Regraga. Toutefois, il est incontestable que la fête marque une rupture avec le temps et l’ordre quotidiens.

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Spectacle de musiciens ambulants
 
Tout laisse alors envisager le pèlerinage comme une période extra-ordinaire foncièrement différente de la vie ordinaire du reste de l’année. En effet, les catégories existentielles du temps et de l’espace sont transformées, tout au moins vécues comme telles. La spécificité du daour est relative à sa durée puisqu’il s’étale sur trente‑neuf jours ce qui fait dire à certains qu’il s’agit du plus long moussem islamique.
En résumant l’analyse, il est important de noter que l’on vit dans le daour une réalité alternative de façon temporaire. On entre dans la société pèlerine des daouryîn (les gens du daour) qui se démantèle à la fin du pèlerinage jusqu’à l’année suivante. Il s’agit bien d’un rite de passage initiatique pour les néophytes qui commencent à cheminer à partir de la puberté, mais pas pour tout le monde. Le pèlerinage correspond à la phase liminaire des rites de passage, mais sa particularité tient à sa répétition : on le re-fait chaque année. Cela signifie que le bienfait et l’acquis ne sont également que temporaires. Ce rite de passage s’accompagne d’un changement de statut temporaire dans la communitas, sans pour autant provoquer un changement de statut durable dans la structure. L’alternance de ces deux périodes permet l’équilibre de la société entière, d’où le besoin de liminarité et d’extra-ordinaire. À chaque printemps, la société est régénérée.

La vitalité du pèlerinage actuel peut paraître étonnante, d’autant qu’il est taxé d’hérésie par les fondamentalistes et d’archaïsme par les modernistes. D’autre part aujourd’hui, le tourisme ne présente-t-il pas une menace pour le maintien du pèlerinage ? La question peut se poser en effet, mais le phénomène ne semble pas près de disparaître malgré la présence d’un tourisme massif dans la ville d’Essaouira.

Le pèlerinage des Regraga est parfois appelé hajj al-maskîn (le pèlerinage du pauvre) en écho au hajj, le grand pèlerinage canonique de l’islam. Bien que ce ne soit pas l’intention qui manque, beaucoup de Marocains ne pourront jamais aller à La Mecque. On dit alors que faire un certain nombre de fois le daour des Regraga équivaut au hajj, ce qui atteste du prestige de ce pèlerinage. Ainsi, beaucoup de vieux pèlerins nourrissent le secret espoir de s’éteindre pendant le daour.
 
L’ethnographie a permis de cerner la réalité du chemin et de réfléchir plus largement sur le pèlerinage en général (à travers les notions de scénario rituel, de mémoire, de bricolage et d’habitude), en vue d’analyses comparées de plusieurs pèlerinages, puisque c’est là le propre de l’anthropologie. Une réflexion d’ensemble pourrait s’attacher à expliquer comment un déplacement de soi conduit au dépassement de soi.
Le sujet du daour des Regraga est encore très riche, et l’enquête ne s’est située que dans le groupe particulier de la Taïfa, si bien qu’il est impossible de prétendre à une approche systémique sur l’ensemble du daour. Il reste ainsi de nombreux points en suspension et de questions sans réponses. C’est qu’il était raisonnablement inconcevable en une seule fois d’en faire le « tour ».
 
Au Maroc, l’histoire des Regraga serait étroitement liée à l’islamisation du pays. Des traces de leur présence jonchent, en effet, l’aire historique de toutes les dynasties qui ont régné sur Almaghrib Alaqsa.
Des hadiths (voir Jellab), des hagiographies (voir les Ifriquia) évoquent leur visite au Prophète Sidna Mohamed, avec des précisions sur leur nombre (sept), des anecdotes sur leur périple (voir maladie de Yebqa, l’un des 7 marabouts – messagers et ce qui s’ensuit dans les Ifriquia). Sur l’origine de leur nom, relire la scène de Lalla Fatima Ezzahra (toujours dans les Ifriquiq). Des écrits évoquent leur rencontre avec le Prophète lui-même, avant la mort du Messager vers 632.
Les Regraga, descendants de chrétiens « haouariyine » (voir Namir et Lapassade), comme ils y croient eux-mêmes, auraient dépêché une délégation pour prêter allégeance à Sidna Mohamed, avant la conquête de l’Ifriquia (Afrique du Nord) par Okba Ibn Nafiâ, vers 670. Et bien évidemment, avant Moussa Ibn Nouçair qui avait poussé sa conquête jusqu’au Sahara atlantique vers 710.
On croit savoir, également (voir Jellab) qu’ils ont combattu les hérétiques Berghouata au 8è siècle (vers 750). La tradition orale du pays Hmar (province de Safi) garde,
effectivement, des réminiscences du ribate de Sidi Chiker (marabout et commune rurale près de Chémaiya). Ce ribate leur servait de poste militaire et de lieu d’apprentissage des préceptes de l’Islam et de la propagation de la nouvelle foi mahométane (voir Namir).
On a écrit aussi que les Idrissides se seraient appuyés sur leur aide notamment pour imposer leur pouvoir sur une partie de la côte atlantique, quoique cette période soit empreinte de légendes. Les Regraga les auraient soutenus, en leur qualité de descendants du Prophète, aux 8è et 9è siècles.
Le long des 10è et 11è siècles, périodes d’affrontements entre Fatimides à l’Est (Lybie, Egypte) et Omeyades au Nord (Andalousie). Les Regraga se seraient alignés sur les positions politiques des Sanhaja. Selon leurs Ifriquia, les Regraga se répartissent en deux grands groupes les Sanhaja et les Béni dghough.
Aux 11è et 12è S, les Almoravides qui régnaient sur le pays auraient sollicité leur soutien (voir Ibn Ezzayate rapporté par Chadli). Depuis toujours les Regraga eux-mêmes s’appelèrent des mourabitoune. Leurs descendants continuent à utiliser l’expression « jdadna Almourabitine » : nos ancêtres les Almoravides, voir Saâdi).
Les tribus qui formaient, et forment toujours l’ossature de « la fédération des Regraga », vivent en bas des deux versants de Jbal lahdid, à Akermoud, au Nord d’Essaouira. Du côté du versant Est de cette « montagne sacrée » se trouve une commune rurale appelée Oulad M’rabète (les fils des Almoravide).
Aux 12è et 13è S, les Almohades (voir Ibn Ezzayate et Ibn Kounfoud) comptaient sur leur loyauté pour s’assurer le contrôle de la plaine côtière entre Sous et Abda.
Au 14è S, les Regraga vont soutenir les Mérinides, à leur tour. Certains ont cru lire en filigranne, des informations sur les Regraga dans l’histoire des Berbères d’Ibn Khaldoun, rédigée à cette époque (1375).
Au 15è S c’est la période d’Aljazouli qui, chassé par les Mérinides, c’était réfugié à Afourhal dans le pays Chiadma. Des informations relatives aux Regraga figurent aussi dans la biographie de ce cheikh mystique. Par le passé, les Regraga ne se séparaient jamais de Dalil Alkhaitate (petit manuel contenant la doctrine d’Aljazouli).
Mais ils sont persécutés au cours 16è S par les Ouatassides à cause, notamment, de leur soutien aux Mérinides. Mohamed Ben Hassan Alouazzan, dit Léon l’Africain, en parle dans sa fameuse description de l’Afrique (16è S). Car, il aurait séjourné chez eux. Au 16è S toujours, les Saâdiens s’emparèrent des pouvoirs à l’aide des forces maraboutiques des zaouiya, y compris celle des Regraga, qui a demeuré, pendant toute cette période, maîtresse des lieux : les Haha (ce nom désignait sur d’anciennes cartes géographiques toute l’actuelle province d’Essaouira).
Depuis le 17è S à nos jours, sous les Alaouites, les Regraga ont toujours défendu la légitimité du pouvoir central, sans pour autant soutenir tous les gouvernants. Ils auraient eu des démêlés avec Moulay Slimane. Ce dernier aurait instauré le culte des « Sabaâtou Rijal » (les sept saints de Marrakech) pour les discréditer (voir Mana).
Au 19è S, à partir de Jbal Lahdid : cette « montagne magique, ce rempart naturel qui sont les seuls à connaître et qui les rendaient invincibles », les Regraga lançaient des razzias contre l’occupation portugaise de la région (voir Lapassade).
De nos jours (21è S.), chaque année, le palais Royal leur consacre un don en espèces, témoignage de leur fidélité à la Dynastie Alaouite.
 
Pour aller plus loin, quelques références bibliographiques :

  • les Ifriquia (manuscrits hagiographiques publiés dans : Abdelkader Mana, Les Regraga, Edif, Casablanca)
  • Mohamed Saâdi, Assaif Almasloul, éd. Chaâbi, Essaouira
  • Abdelkabir Namir, Le Printemps des Regraga, ed. Séfriou, Essaouira
 
Merci chef, je lirai la suite le soir.

J’espère que dans ces écrits, les sept saints de Kech sont mentionnés, qui ont été instaurés par les alaouites pour discréditer les vrais saints (d’une même génération).
Bla jmil.
A propos des 7 de Marrakech, ils sont juste cités en fin d'article pour stipuler qu'ils ont été "institués" pour discréditer les Regraga.
Sinon, un petit laïus à leur sujet ci-dessous.
 
Les sept tours construites en 2005 à Bab Doukkala quartier de Marrakech, illustrent les sept Saints de Marrakech qui sont :
  • Sidi Youssef Ben Ali : d’origine Yéménite, brillant élève du cheikh Abou Asfour, atteint de la lèpre il mourut en 1196 (593 de l’hégire), dénommé “Sidi Youssef l’éprouvé” en raison des souffrances qui furent les siennes...
  • Cadi Ayyad Ben Moussa : grand immam de Sebta, Sidi Ayyad “Cadi de Grenade” le plus célèbre des doctes du Malékisme en occident musulman, exilé à Tadla puis Marrakech où il mourut en 1149, considéré comme saint, selon sa rigueur orthodoxe et son amour pour le prophète écrit dans son ouvrage “Al-Chifaa”...
  • Abou el Abbas Assabti : “Sidi Bel Abbas” il arrive à Marrakech à 20 ans, s’installe sur la colline de Guéliz, y vivra pendant 40 années sans jamais entrer dans la ville. Disciple de Cadi Ayyad, il passera sa vie à soigner et à défendre les faibles et les aveugles, il est le saint le plus évoqué il est le saint des saints, “le Saint Patron de Marrakech”, il mourut en 1205.
  • Sidi Ben Slimane al Jazouli : il excelle dans les “hadiths”, fondateur du soufisme marocain, auteur du célèbre recueil de prières “Dala’il al-khayrat” traduit par “les chemins des bienfaits “ c’est en prière qu’il meurt en 1465 à Afoughal et son corps fut transféré à Marrakech, la zaouia Jazoulia se situe au nord de la médina de Marrakch..
  • Sidi Abdelaziz Tebbaâ : nommé “le seigneur de la soie”, marchand de soie à Fès, il propagea l’éthique soufie à travers les corporations d’artisans, il s’installa dans la mosquée Ben Youssef à Marrakech dans laquelle il est enterré, il est mort en 1508.
  • Abdellah el Ghazouani “moul el ksour” : il s’installe à Marrakech pour parfaire ses connaissances, à l’origine de la consolidation du renouveau Soufi, venu poursuivre sa formation avec Sidi Abdelaziz Tebbaâ à Marrakech, il est le fondateur de la Zaouia dans le quartier “d’El Ksour”, mort en 1528.
  • Abderrahmane Souheili né près de Malaga et connu pour sa poésie soufie et son ouverture d’esprit lors de périodes de fortes censures religieuses, auteur de deux chefs d’oeuvres, (noms propres des prophètes dans le Coran) et (biographie de Sidna Mohammed), il meurt à Marrakech en 1186, il est enterré près de “Bab Robb”.
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LES 7 SAINTS DE MARRAKECH


Les sept patrons, appelés aussi «Sebaatou Rijal», ont occupé depuis plusieurs siècles une place centrale dans la culture, la religiosité et la spiritualité de Marrakech. Visités par les Marocains et les non-Marocains dans le cadre d’un pèlerinage censé durer sept jours, cette pratique reste largement répandue même de nos jours.
Ainsi, la visite -ou la ziara- commence mardi avec Sidi Youssef Ben Ali, l’érudit affecté par la lèpre inhumé près de Bab Aghmat. Mercredi, les pèlerins se dirigent vers la zaouia de Cadi Ayyad, située près de Bab Aylen avant de visiter, jeudi, celle de Sidi Belabbes Sebti au nord-est de la ville ocre. Vendredi, ils rendent visite à Sidi Mohamed Ben Slimane Al Jazouli. Samedi, ils se rendent à la zaouia de Sidi Abdelaziz Tebbaa, avant de visiter dimanche la zaouia d’Abdellah El Ghazouani alias Moul El Ksour. Le dernier saint à visiter est l’Imam Souhaili, inhumé près de Bab Er-Robb.

L’ordre obéit avant tout à une logique de proximité mais aussi une succession «horizontale». Selon la revue Al Mithaq, qui aborde notamment les emplacements des tombes de quatre saints, «cela [commence] par la tombe d’Al Jazouli à Riyad Laarouss jusqu’au sanctuaire de Tebbaa à El Mouassin puis vers les Qssour avec la zaouia d’El Ghazouani». «Cette logique correspond étonnement au fait qu’El Ghazouani était un élève d’Abdelaziz Tebbaa, lui-même disciple de Sidi Mohamed Ben Slimane Al Jazouli», écrit-elle.

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Abou Ali Hassan El Youssi, l’instigateur du pèlerinage des sept saints ?

Bien qu’ils constituent sept personnages qui se sont démarqués à leurs époques respectives, le pèlerinage ainsi que la position que les sept patrons de Marrakech ont occupé dans l’imaginaire collectif des Marocains restent l’œuvre d’un sultan alaouite. Il est même étonnant d’apprendre que Moulay Ismail avait instauré cette pratique afin d’encourager les visiteurs à se rendre à Marrakech et contempler au passage ses propres réalisations au lieu du traditionnel pélerinage dans la région d'Essaouira.
Pour faire oublier ses ordres de destruction de plusieurs monuments de la ville, ouvrages des dynasties précédentes, comme le palais Al Badie ou encore la madrasa mérinide de Moulay Abou Hassan, Moulay Ismail entreprend «des travaux d’agrandissement et d’embellissement dans les édifices religieux», rapporte Narjess Ghachem-Benkirane.

Mais il avait besoin de plus. Il pense alors à des personnalités de grande influence pour attirer les Marocains vers la cité ocre. Il confie alors une mission à Abou Ali Hassan El Youssi. «Le sultan était loin d'ignorer l'ascendant de ce saint personnage qui lui avait inspiré plusieurs fois une certaine déférence», rapportait Zahra El Basri Naqrachi, dans «La Ziara, Le pèlerinage des sept saints de Marrakech». Ainsi, ce personnage quitte Fès pour se rendre à Marrakech afin de choisir, parmi de nombreux saints que la ville abrite, sept patrons où les Marocains devaient se recueillir successivement.
«On ignore selon quels critères El Youssi choisit parmi les nombreux saints qui reposaient à Marrakech, ceux qui allaient devenir les sept patrons de la ville. Mais il organisa la ziara des Sebaatou ridjal, qui consistait à visiter chaque jour dans un certain ordre la sépulture de chaque saint : "En toutes circonstances, visitez les tombeaux de ces saints en observant l’ordre ci-dessous, le Seigneur facilitera votre tâche et vous protégera".»
Narjess Ghachem-Benkirane.


Le pèlerinage des sept saints de… Regraga

Ce qui marchera finalement, accordant à ces sept érudits du monde musulman occidental une notoriété et amplifiant leur renommée.

Et Moulay Ismail aurait fait d’une pierre deux coups :
  • détourner l’attention quant à la démolition de plusieurs édifices et monuments des dynasties mérinide, almoravide et almohade
  • tout en mettant fin à l’influence grandissante d’une autre région proche de Marrakech, avec sept autres saints, en l’occurrence ceux de Regraga, près d'Essaouira.

Moulay Ismaïl (1672-1727)était sultan de la dynastie Alaouite, contemporain de Louis XIV, dont il voulut épouser la fille, la Princesse de Conti et établir une alliance entre les deux pays. Les autorités de l'Islam n'ont rien fait pour ce pélerinage, car les prières des musulmans doivent monter à Allah seul et certainement pas à des saints.

Le sultan prit donc la décision de créer un nouveau pèlerinage à Marrakech, dans le but de contrebalancer l’influence grandissante du pèlerinage des sept saints des Regraga. En effet, dans l’arrière pays d’Essaouira, il existait les tombeaux des Sept Saints fondateurs de la confrérie des Chiadma. Ce pèlerinage connaissait un succès très important à l’époque des premiers sultans alaouites et détournait vers Essaouira et le Souss une grande partie des pèlerins venant du Haut-Atlas. Pour le sultan, ce pèlerinage des Regraga avait un double inconvénient : les pèlerins détournés de Marrakech ne pouvaient pas voir sa puissance manifestée par l’importance, la richesse et la beauté de la Ville rouge, mais aussi le pèlerinage déplaçait l’activité économique au détriment de Marrakech.
 
Moulay Ismaël décida de créer un pèlerinage équivalent et même supérieur à celui des Regraga en l’orientant au bénéfice de la Ville rouge.
Marrakech ne manquait pas de Saints : 300 noms de Saints sont calligraphiés magnifiquement dans la Medersa Ben Youssef. Il y avait plutôt l’embarras du choix ! Le Sultan voulait aussi n’en retenir que Sept car ce nombre a une valeur symbolique et religieuse forte, notamment pour les berbères, mais également tout autour de la Méditerranée dans les civilisations agraires rythmées sur les quartiers de la lune et les jours de la semaine.
Le Sultan Moulay Ismaêl confia l’institution du pèlerinage à un personnage illustre, El Hassan El Youssi (1630-1691), grand savant formé à la Médersa de Tafraoute et très bien informé sur le Maroc de l’époque pour y avoir longtemps voyagé. El Youssi choisit donc sept saints, parmi ceux qui avaient été enterrés dans la Ville rouge dans le but de disposer de plusieurs lieux de pèlerinage dans la Médina.
Ce sont les Sebaâtou rijales dont le nom est devenu synonyme de celui de Marrakech par leur célébrité.


El Youssi institua dans la médina un itinéraire de pèlerinage qui suivait un parcours circulaire rappelant la rotation autour de la Kaaba lors du pèlerinage à La Mecque. Les Sept Saints étaient soit des grands savants versés dans les sciences religieuses de l’islam, soit des grands mystiques soufis. Et bien qu’ils soient tous sur un pied d’égalité du point de vue du culte qui leur est consacré, l’un d’entre eux, Sidi bel Abbas Sebti se distingue dans l’imaginaire des pèlerins comme étant le saint patron de Marrakech.

Après seulement trois siècles, nous observons dans l’institution du pèlerinage des Sept saints de Marrakech un exemple (que l’histoire a connu à toutes les époques et dans de nombreux pays) d’une instrumentalisation de la religion dans un but politique et économique. Aujourd’hui certains musulmans stricts ne se privent pas de critiquer ce pèlerinage, qui par beaucoup de côtés s’éloigne de l’enseignement du Prophète. Ceci ne doit pas nous étonner car la ferveur religieuse qui s’exprime autour des Sept Saints prend sa source dans la culture berbère qui préexistait à l’Islam.
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Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB
Bla jmil.
A propos des 7 de Marrakech, ils sont juste cités en fin d'article pour stipuler qu'ils ont été "institués" pour discréditer les Regraga.
Sinon, un petit laïus à leur sujet ci-dessous.
J’ai lu, mais malheureusement ton article parle beaucoup plus du Daour (que j’ai assisté deux fois il y a bien longtemps) que d’histoire approfondie sur les regragas.
Je vais tenter de rajouter plus d’information sur ce sujet, mais prochainement.

Tbarkellah 3lik en tout cas. Il y a tant à dire sur l’histoire du Maroc et des marocains, qu’eux même ne connaissent. Parler de tafilalt, ou mly ismail, ou.. ou.. ou.. La liste est vraiment longue.
 

Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB
Au Maroc, l’histoire des Regraga serait étroitement liée à l’islamisation du pays. Des traces de leur présence jonchent, en effet, l’aire historique de toutes les dynasties qui ont régné sur Almaghrib Alaqsa.
Des hadiths (voir Jellab), des hagiographies (voir les Ifriquia) évoquent leur visite au Prophète Sidna Mohamed, avec des précisions sur leur nombre (sept), des anecdotes sur leur périple (voir maladie de Yebqa, l’un des 7 marabouts – messagers et ce qui s’ensuit dans les Ifriquia). Sur l’origine de leur nom, relire la scène de Lalla Fatima Ezzahra (toujours dans les Ifriquiq). Des écrits évoquent leur rencontre avec le Prophète lui-même, avant la mort du Messager vers 632.
Les Regraga, descendants de chrétiens « haouariyine » (voir Namir et Lapassade), comme ils y croient eux-mêmes, auraient dépêché une délégation pour prêter allégeance à Sidna Mohamed, avant la conquête de l’Ifriquia (Afrique du Nord) par Okba Ibn Nafiâ, vers 670. Et bien évidemment, avant Moussa Ibn Nouçair qui avait poussé sa conquête jusqu’au Sahara atlantique vers 710.
On croit savoir, également (voir Jellab) qu’ils ont combattu les hérétiques Berghouata au 8è siècle (vers 750). La tradition orale du pays Hmar (province de Safi) garde,
effectivement, des réminiscences du ribate de Sidi Chiker (marabout et commune rurale près de Chémaiya). Ce ribate leur servait de poste militaire et de lieu d’apprentissage des préceptes de l’Islam et de la propagation de la nouvelle foi mahométane (voir Namir).
On a écrit aussi que les Idrissides se seraient appuyés sur leur aide notamment pour imposer leur pouvoir sur une partie de la côte atlantique, quoique cette période soit empreinte de légendes. Les Regraga les auraient soutenus, en leur qualité de descendants du Prophète, aux 8è et 9è siècles.
Le long des 10è et 11è siècles, périodes d’affrontements entre Fatimides à l’Est (Lybie, Egypte) et Omeyades au Nord (Andalousie). Les Regraga se seraient alignés sur les positions politiques des Sanhaja. Selon leurs Ifriquia, les Regraga se répartissent en deux grands groupes les Sanhaja et les Béni dghough.
Aux 11è et 12è S, les Almoravides qui régnaient sur le pays auraient sollicité leur soutien (voir Ibn Ezzayate rapporté par Chadli). Depuis toujours les Regraga eux-mêmes s’appelèrent des mourabitoune. Leurs descendants continuent à utiliser l’expression « jdadna Almourabitine » : nos ancêtres les Almoravides, voir Saâdi).
Les tribus qui formaient, et forment toujours l’ossature de « la fédération des Regraga », vivent en bas des deux versants de Jbal lahdid, à Akermoud, au Nord d’Essaouira. Du côté du versant Est de cette « montagne sacrée » se trouve une commune rurale appelée Oulad M’rabète (les fils des Almoravide).
Aux 12è et 13è S, les Almohades (voir Ibn Ezzayate et Ibn Kounfoud) comptaient sur leur loyauté pour s’assurer le contrôle de la plaine côtière entre Sous et Abda.
Au 14è S, les Regraga vont soutenir les Mérinides, à leur tour. Certains ont cru lire en filigranne, des informations sur les Regraga dans l’histoire des Berbères d’Ibn Khaldoun, rédigée à cette époque (1375).
Au 15è S c’est la période d’Aljazouli qui, chassé par les Mérinides, c’était réfugié à Afourhal dans le pays Chiadma. Des informations relatives aux Regraga figurent aussi dans la biographie de ce cheikh mystique. Par le passé, les Regraga ne se séparaient jamais de Dalil Alkhaitate (petit manuel contenant la doctrine d’Aljazouli).
Mais ils sont persécutés au cours 16è S par les Ouatassides à cause, notamment, de leur soutien aux Mérinides. Mohamed Ben Hassan Alouazzan, dit Léon l’Africain, en parle dans sa fameuse description de l’Afrique (16è S). Car, il aurait séjourné chez eux. Au 16è S toujours, les Saâdiens s’emparèrent des pouvoirs à l’aide des forces maraboutiques des zaouiya, y compris celle des Regraga, qui a demeuré, pendant toute cette période, maîtresse des lieux : les Haha (ce nom désignait sur d’anciennes cartes géographiques toute l’actuelle province d’Essaouira).
Depuis le 17è S à nos jours, sous les Alaouites, les Regraga ont toujours défendu la légitimité du pouvoir central, sans pour autant soutenir tous les gouvernants. Ils auraient eu des démêlés avec Moulay Slimane. Ce dernier aurait instauré le culte des « Sabaâtou Rijal » (les sept saints de Marrakech) pour les discréditer (voir Mana).
Au 19è S, à partir de Jbal Lahdid : cette « montagne magique, ce rempart naturel qui sont les seuls à connaître et qui les rendaient invincibles », les Regraga lançaient des razzias contre l’occupation portugaise de la région (voir Lapassade).
De nos jours (21è S.), chaque année, le palais Royal leur consacre un don en espèces, témoignage de leur fidélité à la Dynastie Alaouite.
Bien enrichissant !!!
 

Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB
Les sept tours construites en 2005 à Bab Doukkala quartier de Marrakech, illustrent les sept Saints de Marrakech qui sont :
  • Sidi Youssef Ben Ali : d’origine Yéménite, brillant élève du cheikh Abou Asfour, atteint de la lèpre il mourut en 1196 (593 de l’hégire), dénommé “Sidi Youssef l’éprouvé” en raison des souffrances qui furent les siennes...
  • Cadi Ayyad Ben Moussa : grand immam de Sebta, Sidi Ayyad “Cadi de Grenade” le plus célèbre des doctes du Malékisme en occident musulman, exilé à Tadla puis Marrakech où il mourut en 1149, considéré comme saint, selon sa rigueur orthodoxe et son amour pour le prophète écrit dans son ouvrage “Al-Chifaa”...
  • Abou el Abbas Assabti : “Sidi Bel Abbas” il arrive à Marrakech à 20 ans, s’installe sur la colline de Guéliz, y vivra pendant 40 années sans jamais entrer dans la ville. Disciple de Cadi Ayyad, il passera sa vie à soigner et à défendre les faibles et les aveugles, il est le saint le plus évoqué il est le saint des saints, “le Saint Patron de Marrakech”, il mourut en 1205.
  • Sidi Ben Slimane al Jazouli : il excelle dans les “hadiths”, fondateur du soufisme marocain, auteur du célèbre recueil de prières “Dala’il al-khayrat” traduit par “les chemins des bienfaits “ c’est en prière qu’il meurt en 1465 à Afoughal et son corps fut transféré à Marrakech, la zaouia Jazoulia se situe au nord de la médina de Marrakch..
  • Sidi Abdelaziz Tebbaâ : nommé “le seigneur de la soie”, marchand de soie à Fès, il propagea l’éthique soufie à travers les corporations d’artisans, il s’installa dans la mosquée Ben Youssef à Marrakech dans laquelle il est enterré, il est mort en 1508.
  • Abdellah el Ghazouani “moul el ksour” : il s’installe à Marrakech pour parfaire ses connaissances, à l’origine de la consolidation du renouveau Soufi, venu poursuivre sa formation avec Sidi Abdelaziz Tebbaâ à Marrakech, il est le fondateur de la Zaouia dans le quartier “d’El Ksour”, mort en 1528.
  • Abderrahmane Souheili né près de Malaga et connu pour sa poésie soufie et son ouverture d’esprit lors de périodes de fortes censures religieuses, auteur de deux chefs d’oeuvres, (noms propres des prophètes dans le Coran) et (biographie de Sidna Mohammed), il meurt à Marrakech en 1186, il est enterré près de “Bab Robb”.
Regarde la pièce jointe 282892

LES 7 SAINTS DE MARRAKECH


Les sept patrons, appelés aussi «Sebaatou Rijal», ont occupé depuis plusieurs siècles une place centrale dans la culture, la religiosité et la spiritualité de Marrakech. Visités par les Marocains et les non-Marocains dans le cadre d’un pèlerinage censé durer sept jours, cette pratique reste largement répandue même de nos jours.
Ainsi, la visite -ou la ziara- commence mardi avec Sidi Youssef Ben Ali, l’érudit affecté par la lèpre inhumé près de Bab Aghmat. Mercredi, les pèlerins se dirigent vers la zaouia de Cadi Ayyad, située près de Bab Aylen avant de visiter, jeudi, celle de Sidi Belabbes Sebti au nord-est de la ville ocre. Vendredi, ils rendent visite à Sidi Mohamed Ben Slimane Al Jazouli. Samedi, ils se rendent à la zaouia de Sidi Abdelaziz Tebbaa, avant de visiter dimanche la zaouia d’Abdellah El Ghazouani alias Moul El Ksour. Le dernier saint à visiter est l’Imam Souhaili, inhumé près de Bab Er-Robb.

L’ordre obéit avant tout à une logique de proximité mais aussi une succession «horizontale». Selon la revue Al Mithaq, qui aborde notamment les emplacements des tombes de quatre saints, «cela [commence] par la tombe d’Al Jazouli à Riyad Laarouss jusqu’au sanctuaire de Tebbaa à El Mouassin puis vers les Qssour avec la zaouia d’El Ghazouani». «Cette logique correspond étonnement au fait qu’El Ghazouani était un élève d’Abdelaziz Tebbaa, lui-même disciple de Sidi Mohamed Ben Slimane Al Jazouli», écrit-elle.

Regarde la pièce jointe 282893

Alors que les autres 7 saints étaient de la même génération, et ayant vécu dans une même ère.
 

tizniti

Soyons sérieux .
Merci chef, je lirai la suite le soir.

J’espère que dans ces écrits, les sept saints de Kech sont mentionnés, qui ont été instaurés par les alaouites pour discréditer les vrais saints (d’une même génération).
Merci à @3roubi pour ce magnifique texte sur les saints Regragua que je connais très bien depuis mon enfance vu que mes parents et mes grands parents sont originaires d'Essaouira.
Je note que Daour se termine à la zaouïa des Regragua à Essaouira où ils sont acceuillis en grande pompe par les autres adeptes des autres confrérie et particulièrement celle des Aissaoua.
Revenant à ce que notre ami @Pop586 note, qui est d'une importance capitale, à savoir la naissance et la création de toute pièce des sept saints de Marrakech, les 7abe7atou rijal.
La tradition du pèlerinage des sept saints de Marrakech est le fruit d’une décision politique. Au tout début du xviiie siècle, le sultan alaouite Moulay Ismail souhaite contrer l’influence grandissante des Regraguas, qui s'étend alors bien au-delà d'Essaouira et gagne Marrakech. Le sultan confia cette institution naissante à Hassan El Youssi, un éminent savant et historien, spécialiste des zaouaya auprès du sultan à qui échut la tâche de sélectionner les sept saints, dont l'unique point commun était d'être enterrés à Marrakech.
Merci à vous.
 

Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB
Merci à @3roubi pour ce magnifique texte sur les saints Regragua que je connais très bien depuis mon enfance vu que mes parents et mes grands parents sont originaires d'Essaouira.
Je note que Daour se termine à la zaouïa des Regragua à Essaouira où ils sont acceuillis en grande pompe par les autres adeptes des autres confrérie et particulièrement celle des Aissaoua.
Revenant à ce que notre ami @Pop586 note, qui est d'une importance capitale, à savoir la naissance et la création de toute pièce des sept saints de Marrakech, les 7abe7atou rijal.
La tradition du pèlerinage des sept saints de Marrakech est le fruit d’une décision politique. Au tout début du xviiie siècle, le sultan alaouite Moulay Ismail souhaite contrer l’influence grandissante des Regraguas, qui s'étend alors bien au-delà d'Essaouira et gagne Marrakech. Le sultan confia cette institution naissante à Hassan El Youssi, un éminent savant et historien, spécialiste des zaouaya auprès du sultan à qui échut la tâche de sélectionner les sept saints, dont l'unique point commun était d'être enterrés à Marrakech.
Merci à vous.
C’est parce que moi-même je suis chaydmi aussi.. Reguragui comme aurait dit mon grand père, lah yre7mou, et fier en plus.

Merci pour les infos que tu as rajoutées. Ceci prouve bien que les regraguas avait un poids lourd au Maroc, et que malheureusement, ce n’est plus le cas.
 

Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB
Marhababik a sidi.
Je me fais des dossiers sur tout ce que je peux trouver à propos du Maroc.
Tout complément est plus que bienvenu. :cool:

Mais tu trouveras sans doute plus de docs en arabe qu'en français, je suppose.
Merci bcp.. Je vais lire tous tes sujets, enrichissants pour les esprits.
 

Difkoum

Anti sioniste et khawa khawa.
@3roubi
Celui qui a écrit ce ramassis de contrevérités devrait être traduit en justice pour falsification de l'histoire.
Excuse moi de ne pas être d'accord avec toi cette fois-ci.
 

tizniti

Soyons sérieux .
Je voudrais juste préciser que les Regragua qu'on surnomme "la7erare" reçoivent tous ans une hiba malakiya c.a.d une donation royale portée par son 7ajib alemalaki (le chambellan du roi) de
2millions de dirhams et plus pour qu'ils puissent prier et invoquer les saints pour la santé et la longue vie de S. M
Cette tradition dure depuis Mohamed 5 en passant par Hassan2 et aujourd'hui Mohamed6.
En arabe :
Li Kaye yarefa3ouna akkoufa adara3ati l'ille 3aliya al9adire liya7efida sa7ibou al jalalati wa almahabati wa souroure.
 

Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB
Je voudrais juste préciser que les Regragua qu'on surnomme "la7erare" reçoivent tous ans une hiba malakiya c.a.d une donation royale portée par son 7ajib alemalaki (le chambellan du roi) de
2millions de dirhams et plus pour qu'ils puissent prier et invoquer les saints pour la santé et la longue vie de S. M
Cette tradition dure depuis Mohamed 5 en passant par Hassan2 et aujourd'hui Mohamed6.
En arabe :
Li Kaye yarefa3ouna akkoufa adara3ati l'ille 3aliya al9adire liya7efida sa7ibou al jalalati wa almahabati wa souroure.
C’est le cas aussi, je crois, pour le moussem mly brahim, l’un des plus grands moussems au Maroc, et le cas pour tous les moussems réputés.
 

tizniti

Soyons sérieux .
C’est parce que moi-même je suis chaydmi aussi.. Reguragui comme aurait dit mon grand père, lah yre7mou, et fier en plus.
Hiya cheyademi.. Me nine.
Al mouhim, chaye Allah à didi wassemane.
Je connais sebt gzoula, khemisse zmamera, jeme3a d's7ayeme... Ouzid Ouzid... Alkerayemate, 7ade aderra à côté d'Essaouira. :stop:
 

Pop586

Weld che3b ou biiikhérr !!
VIB
Hiya cheyademi.. Me nine.
Al mouhim, chaye Allah à didi wassemane.
Je connais sebt gzoula, khemisse zmamera, jeme3a d's7ayeme... Ouzid Ouzid... Alkerayemate, 7ade aderra à côté d'Essaouira. :stop:
3egbett wlad l’7aj, du côté de berrakt erradi. Kayne so9 l’khmiss ila b9it 3a9el. Mais hélas, ma dernière visite date de plus de 20 ans.
 

tizniti

Soyons sérieux .
C’est le cas aussi, je crois, pour le moussem mly brahim, l’un des plus grands moussems au Maroc, et le cas pour tous les moussems réputés.
Oui tout à fait.
Moulay brahim est surnommé "Tére la jebale"... L'oiseau des montagnes.
Pour y aller pour une ziyara, il ne faut pas avoir le vertige.
 
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