832 ouvriers d’origine marocaine accusent l’entreprise des chemins de fer français de les avoir lésés. Le procès vient de s’ouvrir aux Prud’hommes de Paris
Le Conseil des Prud’hommes de Paris a commencé, lundi 23 mars, l’examen des recours pour discrimination déposés contre la SNCF par 832 cheminots de nationalité ou d’origine marocaine, qui affirment avoir été bloqués dans leurs carrières et pénalisés une fois à la retraite.
L’audience s’est ouverte en présence de 150 cheminots et de quelques veuves, serrés dans la plus grande salle du Conseil des Prud’hommes. Environ 200 dossiers doivent être examinés en quatre jours d’audiences.
Embauchés au début des années 1970
Ces agents à la retraite ou proches de la retraite avaient été embauchés au début des années 1970 comme contractuels avec un contrat de droit privé. Centre treize d’entre eux avaient obtenu tardivement le statut de « cadre permanent » des cheminots, plus avantageux mais réservé aux ressortissants européens.
La SNCF récuse toute discrimination à l’égard de ces « Chibanis », qui affirment avoir été cantonnés aux plus bas niveaux de qualification et pénalisés à l’heure de la retraite.
Injustice dans les salaires et pensions de retraite
Plusieurs ont confié leur sentiment de s’être fait « arnaquer ». « Il faut que la justice soit faite. Ils disaient + travail égal, salaire égal +, mais cela n’a pas été le cas. À la retraite, on a eu des miettes », expliquent-ils.
« On a dit que nous étions les + indigènes du rail +, comme il y a eu les combattants marocains, c’est vrai. On a contribué à l’essor de la France », estime Ksioua Ghaouti, 66 ans, qui a fait sa carrière à la gare de triage de Strasbourg. « Il fallait voir le travail, la nuit, à composer les trains, je connais trois collègues qui ont eu le bras coupé », se souvient-il.
Ce cheminot fait partie des 113 plaignants qui ont obtenu tardivement, au sein de l’entreprise, le statut de « cadre permanent ». Selon lui, les Chibanis « ne demandent pas l’aumône, mais la justice et l'égalité ».
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