La télévision française est-elle en voie de lepénisation ? Incroyable débat hier soir sur France 3 dans l'émission de Frédéric Taddéï "Ce soir ou jamais". Déjà le titre inspirait la plus grande méfiance : "Marine Le Pen : la montée du sentiment national", intitulé faussement anodin qui décernait d'emblée au parti lepéniste une prééminence dans la représentation de la nation, et désignait implicitement les autres partis comme des entités moins françaises que lui (comme si le sentiment national, dont "la montée" expliquerait le phénomène Marine Le Pen, était par définition nationaliste, identitaire, ethnique, alors que la nation française, dans son acception républicaine, justement, est plurielle, universaliste et qu'un sarkozyste ou un socialiste, qu'on sache, peuvent tout de même exprimer eux aussi une version du sentiment national, même si elle n'est certes pas celle que défend Taddéï).
Sous ces auspices sciemment biaisées, le présentateur avait composé son plateau avec une rare perversité. D'un côté, trois représentants d'une droite extrême, chacun dans son style ou sa partition, Paul-Marie Coûteaux, ancien chevènementiste devenu le chantre de la "droite nationale" (en fait, du lepénisme), William Goldnadel, l'un des représentants les plus à droite de la communauté juive, pourfendeur du "racisme anti-blanc", et une dame Tasin, organisatrice des "apéros saucisson-pinard", se présentant ouvertement comme islamophobe. De l'autre, un sociologue de la droite qui postulait que la gauche avait disparu, ce qui le dispensait d'en défendre les idées, un Emmanuel Todd très fatigué, qui s'accordait avec les autres pour postuler la mort de l'antiracisme et de "la pensée unique" démocrate et européenne ; enfin une porte-parole des "Indigènes de la République", censée sans doute défendre les musulmans, et qui en donnait une image caricaturale, arrogante, péremptoire et confuse, paraissant souscrire à la plupart des idées exprimées, sauf quand elle dénonçait soudain, sans la moindre démonstration, la nature essentiellement raciste de la République française. Le plus à gauche ou plus exactement le plus républicain, - était finalement Alain-Gérard Slama, éditorialiste au Figaro, qui tenta d'introduire dans la discussion quelques élément de bon sens
Sous ces auspices sciemment biaisées, le présentateur avait composé son plateau avec une rare perversité. D'un côté, trois représentants d'une droite extrême, chacun dans son style ou sa partition, Paul-Marie Coûteaux, ancien chevènementiste devenu le chantre de la "droite nationale" (en fait, du lepénisme), William Goldnadel, l'un des représentants les plus à droite de la communauté juive, pourfendeur du "racisme anti-blanc", et une dame Tasin, organisatrice des "apéros saucisson-pinard", se présentant ouvertement comme islamophobe. De l'autre, un sociologue de la droite qui postulait que la gauche avait disparu, ce qui le dispensait d'en défendre les idées, un Emmanuel Todd très fatigué, qui s'accordait avec les autres pour postuler la mort de l'antiracisme et de "la pensée unique" démocrate et européenne ; enfin une porte-parole des "Indigènes de la République", censée sans doute défendre les musulmans, et qui en donnait une image caricaturale, arrogante, péremptoire et confuse, paraissant souscrire à la plupart des idées exprimées, sauf quand elle dénonçait soudain, sans la moindre démonstration, la nature essentiellement raciste de la République française. Le plus à gauche ou plus exactement le plus républicain, - était finalement Alain-Gérard Slama, éditorialiste au Figaro, qui tenta d'introduire dans la discussion quelques élément de bon sens