Démissions des professeurs : le bilan social du ministère de l’éducation nationale (2019)

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اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Le site Café pédagogique revient ce mardi 11 juin 2019 sur le bilan social du ministère de l'éducation nationale. Sans grande surprise, sinistrose ambiante et problèmes sociétaux obligent, beaucoup d'enseignants démissionnent de leur poste. Pour les statistiques officielles, il y a eu 861 démissions dans le premier degré en 2018 contre 322 en 2012, 538 dans le second degré contre 447 six ans plus tôt. C'est anecdotique à première vue, rapporté aux 356000 enseignants du primaire et aux 402500 du second degré, et d'ailleurs plutôt étonnant finalement : il n'y aurait pas tant de "démissions" que cela...

Le problème, comme toujours en France, vient des manipulations de vocabulaire autant que de celles des statistiques. On entend par "démission" un départ demandé avec quatre mois de préavis et un accord du directeur académique. Ce n'est pas un droit. Dans un contexte de difficultés de recrutements, la hiérarchie de l'éducation nationale accorde rarement une démission en cours d'année scolaire. Quand un enseignant abandonne sa classe et évacue les lieux sur en avoir sollicité l'autorisation, on parle d'abandon de poste. Les arrêts-maladie longue durée servent à masquer le phénomène. Il est délicat de faire le solde du nombre d'enseignants en poste d'une année sur l'autre, puisque l'explosion du nombre de contractuels et de vacataires permet de colmater les "départs" et les postes vacants.

Ces statistiques ont donc un objectif politique, et non social. Il s'agit de rassurer le grand public et les parents d'élèves avec des chiffres apaisés. Alors que n'importe quel prof peut témoigner des difficultés à exercer de nos jours, en Bretagne comme dans les cités du 93, les chiffres du bilan social prêtent à sourire. Ce n'est plus du Meirieu qui nous est servi, mais du Raspoutine. Sans étude sur les abandons de poste et les arrêts de travail des enseignants, comment donner une vision réelle de la situation sociale de l'éducation nationale ?

Autre motif d'interrogations : les raisons des démissions. "Parce qu'il n'est plus possible d'accompagner les élèves", "parce qu'on ne comprend plus les réformes" etc. C'est, au choix, de l'humour décalé, un déni des réalités ou une volonté d'enfumer les problèmes. Les profs changent de métier quand ils en ont marre des élèves, de leur hiérarchie, des injustices du mouvement inter-académique. Pourquoi refuse-t-on de voir les réalités en face ?

Il est croustillant de comparer la situation française avec celle de nos amis britanniques. Le Royaume-uni reconnait 8% d'enseignants démissionnaires par an (!), en énonçant sans détour les raisons : trop de travail, hiérarchie abrutie, dévalorisation... En France, cela correspondrait à 68000 démissions chaque année. On ne voit pas en quoi il serait plus plaisant d'exercer à Bobigny qu'à Brixton (quartier populaire de Londres). Il y a donc bien un soucis de conception des statistiques. Comment expliquer autrement le décalage entre les deux pays ?

Cerise sur le gâteau : le couplet quasi-obligatoire sur les inégalités hommes/femmes, qui gagneraient 11% de moins que les hommes. Comment peut-on déballer une idiotie pareille, puisque la feuille de traitement des profs, basée sur des points d'indice, ne reconnait pas le sexe de l'agent ? Ces professions féminisées à 80% ne semblent pas brimer les dames plus que les messieurs, bien au contraire. Ce sont eux qui héritent toujours des classes difficiles en primaire, au mépris de l'égalité de traitement. Pour les mutations, les femmes passent avant au nom des "rapprochements de conjoints". Les hommes enseignants sont souvent célibataires, et n'ont pas de points-bonus.

Ce bilan social n'a donc qu'une valeur relative, il est politiquement correct et n'ouvre aucune perspective. Les vraies raisons, pourtant connues du grand public, des démissions de profs ne sont pas abordées. Pire, elles sont contournées. On ne parle même pas des salaires, en-dessous de la moyenne des pays de l'OCDE, indignes d'une nation à haute prétention de civilisation. Un système sournois, un refus de montrer que la société française se dégrade et que l'école devient une garderie sociale pour les gosses de pauvres, incités à les produire pour toucher des allocations. Un climat scolaire tendu aussi bien entre profs et élèves qu'entre collègues, qui n'ont pas besoin des parents violents pour briser l'ambiance, puisqu'ils le font très bien entre eux. Il s'agit de revoir aussi bien nos mentalités que notre système économique et social. Pourquoi n'a-t-on pas la franchise des anglo-saxons ?

par France Républicaine et Souverainiste
 
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