par Jacques Testart Le Monde Diplo
La période récente a vu l’irruption de technologies génétiques complexes dont les pouvoirs, fascinants et redoutables, ont été popularisés par les médias : le Crispr-Cas9, « ciseau génétique », et le gene drive, ou « forçage génétique ». Un premier essai chinois ayant utilisé la technologie Crispr en 2015 pour réparer des embryons humains anormaux a accéléré l’autorisation de projets de recherche dans plusieurs autres pays dont le Royaume-Uni et les États-Unis. La perspective eugénique est largement évoquée, comme s’il était acquis que cette « édition du génome » (lire « Nous sommes tous des mutants ») puisse être parfaitement maîtrisée, une condition impérativement préalable à toute application humaine. Or un spécialiste l’explique : « Les techniques d’édition entraînent des dommages collatéraux. D’autres portions du génome que celles ciblées sont ainsi modifiées, sans que l’on comprenne toujours pourquoi ou que l’on puisse toujours en prédire l’existence. [De plus], les vecteurs utilisés, qu’il s’agisse de bactéries, de particules ou même d’une micro-injection, sont destructifs comme un bulldozer qui essaierait de venir faire de la dentelle dans votre cuisine : le stress induit laisse des traces incontrôlées, sous forme de mutations et d’épimutations (1)… » D’autres rares critiques modèrent les annonces d’une amélioration prochaine du génome humain (2).
À l’automne 2016 paraissait un résultat scientifique qui nous semble au moins aussi important, mais qui fut largement ignoré. Cette recherche démontre qu’il est possible de fabriquer des cellules « reproductrices » — c’est-à-dire des gamètes — en grand nombre grâce à la réorientation fonctionnelle de cellules prélevées dans la queue d’une souris, c’est-à-dire de fabriquer des embryons en quantité illimitée (3). Tout a commencé en 2005, quand le Japonais Yamanaka Shinya a découvert que des cellules normalement chargées par l’organisme d’une fonction spécifique (cellules de peau, du sang…) pouvaient être « recyclées » en cellules capables d’une fonction différente (cardiaque, rénale, nerveuse, etc.). L’ADN, qui est le même dans toutes les cellules d’un individu, reste susceptible de s’activer différemment tout au long de la vie pour mobiliser des compétences spécialisées, lesquelles sont éteintes parce que non nécessaires dans l’organe où ces cellules se trouvent. Il faut pour cela ramener ces dernières à l’état de cellules à potentiel multiple, ou cellules pluripotentes, avant de les redifférencier dans la fonction voulue...............
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/290617/dernier-pas-vers-la-selection-humaine
La période récente a vu l’irruption de technologies génétiques complexes dont les pouvoirs, fascinants et redoutables, ont été popularisés par les médias : le Crispr-Cas9, « ciseau génétique », et le gene drive, ou « forçage génétique ». Un premier essai chinois ayant utilisé la technologie Crispr en 2015 pour réparer des embryons humains anormaux a accéléré l’autorisation de projets de recherche dans plusieurs autres pays dont le Royaume-Uni et les États-Unis. La perspective eugénique est largement évoquée, comme s’il était acquis que cette « édition du génome » (lire « Nous sommes tous des mutants ») puisse être parfaitement maîtrisée, une condition impérativement préalable à toute application humaine. Or un spécialiste l’explique : « Les techniques d’édition entraînent des dommages collatéraux. D’autres portions du génome que celles ciblées sont ainsi modifiées, sans que l’on comprenne toujours pourquoi ou que l’on puisse toujours en prédire l’existence. [De plus], les vecteurs utilisés, qu’il s’agisse de bactéries, de particules ou même d’une micro-injection, sont destructifs comme un bulldozer qui essaierait de venir faire de la dentelle dans votre cuisine : le stress induit laisse des traces incontrôlées, sous forme de mutations et d’épimutations (1)… » D’autres rares critiques modèrent les annonces d’une amélioration prochaine du génome humain (2).
À l’automne 2016 paraissait un résultat scientifique qui nous semble au moins aussi important, mais qui fut largement ignoré. Cette recherche démontre qu’il est possible de fabriquer des cellules « reproductrices » — c’est-à-dire des gamètes — en grand nombre grâce à la réorientation fonctionnelle de cellules prélevées dans la queue d’une souris, c’est-à-dire de fabriquer des embryons en quantité illimitée (3). Tout a commencé en 2005, quand le Japonais Yamanaka Shinya a découvert que des cellules normalement chargées par l’organisme d’une fonction spécifique (cellules de peau, du sang…) pouvaient être « recyclées » en cellules capables d’une fonction différente (cardiaque, rénale, nerveuse, etc.). L’ADN, qui est le même dans toutes les cellules d’un individu, reste susceptible de s’activer différemment tout au long de la vie pour mobiliser des compétences spécialisées, lesquelles sont éteintes parce que non nécessaires dans l’organe où ces cellules se trouvent. Il faut pour cela ramener ces dernières à l’état de cellules à potentiel multiple, ou cellules pluripotentes, avant de les redifférencier dans la fonction voulue...............
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/290617/dernier-pas-vers-la-selection-humaine