Bonjour
Dernièrement, j'ai lu quelques livres de théologie de chrétiens évangéliques (ici, au Québec, parmi les livres chrétiens, on va surtout trouver des livres catholiques ou chrétiens évangéliques - les autres courants sont très très peu représentés).
On sait que les chrétiens évangéliques reprennent la théologie réformée de Jean Calvin, et cette théologie s'inspire en grande partie d'une lecture de Paul.
L'idée de base, c'est que Dieu est saint, et qu'il ne supporte pas le péché. Pas le moindre péché en fait. N'importe quel péché, si « petit » soit-il, offense infiniment sa Majesté, et mériterait un châtiment éternel... parce qu'une offense infinie ne peut pas être expiée sinon par un châtiment infiniment long.
Et donc selon ces chrétiens évangéliques, qui s'inspirent de Paul, pour être sauvé « par nos propres forces », il faudrait que nous ayons mené une vie littéralement parfaite, sans le moindre péché, sans la moindre défaillance. Et tout le monde sait que c'est impossible, que tout le monde a des choses à se reprocher, même les enfants de six ans (correction : Donald Trump croit qu'il est parfait, mais bon
).
Et donc cela permet aux chrétiens évangéliques, à la suite de Paul, de parler de Dieu qui s'incarne en Jésus, et qui se sacrifie à lui-même (!) pour expier la dette infinie du péché contractée par les humains. Et donc Dieu lui-même nous donne une porte de sortie : si on croit en Jésus, si on reçoit son sacrifice, Dieu, supposément, tiendra nos péchés comme pardonnés, puisque Jésus (Dieu incarné) les a expiés. Jésus devient notre médiateur entre Dieu et nous. Il paie dans son amour infini la dette infinie que notre péché a contractée, et que jamais nous-mêmes nous n'aurions pu payer. Mais si on rejette Jésus... on reste coincé avec notre péché qui nous est imputé, et la colère de Dieu est sur nous, et on sera envoyé dans la damnation éternelle.
Et voilà pourquoi Jésus est essentiel, que le christianisme n'est pas une religion comme une autre, mais que notre foi en Jésus est réellement notre seule chance. Et croire en Jésus supposera, logiquement, de croire en d'autres : en son message moral, en la Bible, en certains dogmes, et bien sûr en Dieu. Et cela suppose qu'on se laisse transformer par Dieu afin de devenir de plus en plus parfait, de plus en plus semblable à Jésus même si c'est pas à cause de cette « perfection » ou de ce « progrès moral » qu'on est sauvé, mais qu'il s'agit simplement d'une conséquence de notre foi.
C'est, en quelques mots, l'idée essentielle des chrétiens évangéliques, qu'ils répètent en boucle dans leurs livres.
Ma question est : est-il bien raisonnable de la part de Dieu d'exiger rien de moins que la perfection de la part des humains? Que penseriez-vous d'un prof, dans n'importe quelle matière scolaire, qui dirait : ou bien vous avez 100%, ou bien vous échouez? Ou bien existe-t-il beaucoup d'emplois où un employé est automatiquement congédié aussitôt qu'il commet la moindre erreur, si insignifiante soit-elle? Ou bien en politique : est-ce que le peuple se rebelle, prend les armes et renverse un régime aussitôt que le dirigeant commet une erreur, même légère?