Bonjour
Depuis longtemps en Occident, on a été formé à penser au Dieu suprême, qui est censé être un objet digne de culte et d'obéissance, en tout cas quelque chose de très sérieux.
Dans la mythologie gréco-romaine, on trouve certaines déesses, qui sont pas êtres timides, réservés et modestes, loin de là (Athéna, Héra, Artémis...), qui peuvent être très puissantes et redoutables. Il n'en reste pas moins que chez les Olympiens, les « postes-clés » si on peut dire sont occupés par des dieux masculins : Zeus, Poséidon et Hadès. Quant à la guerre, activité ô combien sérieuse, ce domaine est représenté par Athéna et Arès : c'est peut-être là seulement qu'une femme a l'avantage, car Athéna est plus intelligente et sage qu'Arès. Arès est un peu trop brutal et passionnel pour être un bon guerrier).
Et dans les textes révélés, ce Dieu, on en parle au masculin. La plupart des représentations de Dieu dans l'art (je dirais : jusqu'à la fin du 20e siècle), c'est ou bien une image abstraite (comme un nuage, un rayon de lumière, un oeil, etc.) ou bien un être franchement masculin (le vieux barbu en robe de race blanche...). De plus, ce Dieu chez les chrétiens, c'est en mec qu'il choisit de s'incarner (même si Jésus est loin d'être macho).
Chez les philosophes grecs, l'être suprême, on en parle au masculin ou bien on en fait un principe métaphysique abstrait, mais en tout cas on ne parle pas de « déesse ». Quand le philosophe romain Lucrèce invoque Vénus dans son poème sur la nature, il ne se prend pas au sérieux. Chez les philosophes modernes, comme Descartes, Spinoza, Hobbes, Leibniz, Voltaire, Kant, Hegel, etc., on continue à parler de Dieu ou de ce qui en tient lieu au masculin, ou parfois on en fait un principe abstrait, mais en tout cas on en parle jamais au féminin.
Dans la Bible, les déesses, on les trouve du côté du paganisme, qui est violemment condamné, qui est jugé comme de la prostitution sacrée, comme une trahison envers Dieu. La Bible se moque aussi (lourdement) des idoles. Les auteurs bibliques étaient fiers de dire que leur dieu n'avait pas d'épouse « déesse ».
Dans la tradition artistique et littéraire occidentale, les déesses, on les trouve du côté de la mythologie, la mythologie gréco-romaine en particulier. Ce sont des êtres qui ont perdu depuis longtemps leur statut d'objet sacré et d'objet de culte, et qui ont rejoint le folklore. On s'en sert parfois pour faire des tableaux, ou écrire des poèmes, ou dans des récits de fiction qui ne veulent pas être crus littéralement (comme le théâtre, les fables, les romans, les films).
Les discours religieux « sérieux », eux, ont continué d'utiliser le masculin dans toutes les langues européennes, jusqu'à récemment. Même une entité aussi abstraite que le « Saint-Esprit », on en parle au masculin. En grec ancien, le mot qui veut dire « esprit » (pneuma) est du genre neutre, mais dans le grec du Nouveau Testament, ce mot est généralement utilisé au masculin.
Donc voilà, et la question est : quelle est l'idée véhiculée derrière cette distinction, cette opposition entre les dieux et les déesses? Le genre masculin est-il plus « divin », ou en tout cas plus « sérieux » que le genre féminin, donc plus apte à représenter l'être suprême dans notre langage? Pourquoi n'est-on pas pris plus au sérieux si on parle d'une déesse, du moins jusqu'à très récemment? Si « Dieu » n'a pas de sexe, on pourrait aussi bien en parler comme d'une déesse, sans que cela fasse de difficulté théologiquement. Même si on est pas habitué à cela culturellement.
qu'en dites-vous?
Depuis longtemps en Occident, on a été formé à penser au Dieu suprême, qui est censé être un objet digne de culte et d'obéissance, en tout cas quelque chose de très sérieux.
Dans la mythologie gréco-romaine, on trouve certaines déesses, qui sont pas êtres timides, réservés et modestes, loin de là (Athéna, Héra, Artémis...), qui peuvent être très puissantes et redoutables. Il n'en reste pas moins que chez les Olympiens, les « postes-clés » si on peut dire sont occupés par des dieux masculins : Zeus, Poséidon et Hadès. Quant à la guerre, activité ô combien sérieuse, ce domaine est représenté par Athéna et Arès : c'est peut-être là seulement qu'une femme a l'avantage, car Athéna est plus intelligente et sage qu'Arès. Arès est un peu trop brutal et passionnel pour être un bon guerrier).
Et dans les textes révélés, ce Dieu, on en parle au masculin. La plupart des représentations de Dieu dans l'art (je dirais : jusqu'à la fin du 20e siècle), c'est ou bien une image abstraite (comme un nuage, un rayon de lumière, un oeil, etc.) ou bien un être franchement masculin (le vieux barbu en robe de race blanche...). De plus, ce Dieu chez les chrétiens, c'est en mec qu'il choisit de s'incarner (même si Jésus est loin d'être macho).
Chez les philosophes grecs, l'être suprême, on en parle au masculin ou bien on en fait un principe métaphysique abstrait, mais en tout cas on ne parle pas de « déesse ». Quand le philosophe romain Lucrèce invoque Vénus dans son poème sur la nature, il ne se prend pas au sérieux. Chez les philosophes modernes, comme Descartes, Spinoza, Hobbes, Leibniz, Voltaire, Kant, Hegel, etc., on continue à parler de Dieu ou de ce qui en tient lieu au masculin, ou parfois on en fait un principe abstrait, mais en tout cas on en parle jamais au féminin.
Dans la Bible, les déesses, on les trouve du côté du paganisme, qui est violemment condamné, qui est jugé comme de la prostitution sacrée, comme une trahison envers Dieu. La Bible se moque aussi (lourdement) des idoles. Les auteurs bibliques étaient fiers de dire que leur dieu n'avait pas d'épouse « déesse ».
Dans la tradition artistique et littéraire occidentale, les déesses, on les trouve du côté de la mythologie, la mythologie gréco-romaine en particulier. Ce sont des êtres qui ont perdu depuis longtemps leur statut d'objet sacré et d'objet de culte, et qui ont rejoint le folklore. On s'en sert parfois pour faire des tableaux, ou écrire des poèmes, ou dans des récits de fiction qui ne veulent pas être crus littéralement (comme le théâtre, les fables, les romans, les films).
Les discours religieux « sérieux », eux, ont continué d'utiliser le masculin dans toutes les langues européennes, jusqu'à récemment. Même une entité aussi abstraite que le « Saint-Esprit », on en parle au masculin. En grec ancien, le mot qui veut dire « esprit » (pneuma) est du genre neutre, mais dans le grec du Nouveau Testament, ce mot est généralement utilisé au masculin.
Donc voilà, et la question est : quelle est l'idée véhiculée derrière cette distinction, cette opposition entre les dieux et les déesses? Le genre masculin est-il plus « divin », ou en tout cas plus « sérieux » que le genre féminin, donc plus apte à représenter l'être suprême dans notre langage? Pourquoi n'est-on pas pris plus au sérieux si on parle d'une déesse, du moins jusqu'à très récemment? Si « Dieu » n'a pas de sexe, on pourrait aussi bien en parler comme d'une déesse, sans que cela fasse de difficulté théologiquement. Même si on est pas habitué à cela culturellement.
qu'en dites-vous?