boptitprince
je ne suis qu'un prince..
http://www.lesoir.be/debats/cartes_...de-la-rue-utile-mais-problematique-936224.php
« Femme de la rue » : utile, mais problématique
Rédaction en ligne
jeudi 06 septembre 2012, 11:03
Loin de briser un tabou, le documentaire de Sofie Peeters dérange surtout par son souci de coller à l'air du temps et par son propos largement contestable. Carte blanche de l'asbl Garance.
DR
Le 26 juillet dernier, Sofie Peeters présentait en avant-première son documentaire « Femme de la rue » suivi d'un débat avec la réalisatrice, une députée du SP.a, une représentante de Hollaback ! et Irene Zeilinger, directrice de Garance.
Installée à Bruxelles, dans le quartier Annessens, Sofie Peeters a semblé découvrir ce que beaucoup de femmes, hélas, connaissent très bien, à Bruxelles comme ailleurs : dès qu'elle sortait dans la rue, les remarques, les propositions, les « compliments », et finalement les insultes. Après un moment de culpabilité (a-t-elle fait quelque chose de mal, a-t-elle provoqué ces comportements ?), elle décide de filmer ces situations en caméra cachée, et d'interviewer d'autres femmes sur leur vécu. Le résultat est cruel.
Ce film est un travail de fin d'études, un coup de gueule plus qu'un document longuement réfléchi. Il a le mérite d'exister et de mettre en lumière des situations qui pourrissent la vie de bien des femmes. Pourtant, il provoque un malaise d'autant plus grand qu'il bénéficie d'une incroyable médiatisation. L'avant-première remplit une salle de cinéma bruxelloise, le film est projeté à la télévision, l'auteure est interviewée par les plus grands médias - même le big boss de la Sûreté de l'Etat a un avis sur la question !
C'est que son film aurait « brisé un tabou ». Et si au contraire, son succès était dû au fait qu'il se glisse si bien dans l'air du temps ? Sur au moins quatre points, le film est contestable : la « nouveauté » supposée du phénomène, les caractéristiques des auteurs, leurs motivations et enfin, et surtout, le message envoyé aux femmes et aux jeunes filles.
La nouveauté, d'abord : on entend une femme déclarer qu'il y a trente ans, elle pouvait se promener tranquillement. Et la RTBF de renchérir sur un « terrible recul des libertés des femmes ». Le phénomène est sans doute plus visible parce que les femmes en parlent davantage, peut-être aussi parce que les jeunes femmes sont plus présentes dans l'espace public. Mais les messages sans cesse répétés, par la famille, les médias, sur les dangers courus par les femmes dès qu'elles sortent de chez elles, cela n'a rien de nouveau. Même si pour les femmes, en réalité, les plus grands risques d'agression se trouvent dans l'espace privé...
« Femme de la rue » : utile, mais problématique
Rédaction en ligne
jeudi 06 septembre 2012, 11:03
Loin de briser un tabou, le documentaire de Sofie Peeters dérange surtout par son souci de coller à l'air du temps et par son propos largement contestable. Carte blanche de l'asbl Garance.
DR
Le 26 juillet dernier, Sofie Peeters présentait en avant-première son documentaire « Femme de la rue » suivi d'un débat avec la réalisatrice, une députée du SP.a, une représentante de Hollaback ! et Irene Zeilinger, directrice de Garance.
Installée à Bruxelles, dans le quartier Annessens, Sofie Peeters a semblé découvrir ce que beaucoup de femmes, hélas, connaissent très bien, à Bruxelles comme ailleurs : dès qu'elle sortait dans la rue, les remarques, les propositions, les « compliments », et finalement les insultes. Après un moment de culpabilité (a-t-elle fait quelque chose de mal, a-t-elle provoqué ces comportements ?), elle décide de filmer ces situations en caméra cachée, et d'interviewer d'autres femmes sur leur vécu. Le résultat est cruel.
Ce film est un travail de fin d'études, un coup de gueule plus qu'un document longuement réfléchi. Il a le mérite d'exister et de mettre en lumière des situations qui pourrissent la vie de bien des femmes. Pourtant, il provoque un malaise d'autant plus grand qu'il bénéficie d'une incroyable médiatisation. L'avant-première remplit une salle de cinéma bruxelloise, le film est projeté à la télévision, l'auteure est interviewée par les plus grands médias - même le big boss de la Sûreté de l'Etat a un avis sur la question !
C'est que son film aurait « brisé un tabou ». Et si au contraire, son succès était dû au fait qu'il se glisse si bien dans l'air du temps ? Sur au moins quatre points, le film est contestable : la « nouveauté » supposée du phénomène, les caractéristiques des auteurs, leurs motivations et enfin, et surtout, le message envoyé aux femmes et aux jeunes filles.
La nouveauté, d'abord : on entend une femme déclarer qu'il y a trente ans, elle pouvait se promener tranquillement. Et la RTBF de renchérir sur un « terrible recul des libertés des femmes ». Le phénomène est sans doute plus visible parce que les femmes en parlent davantage, peut-être aussi parce que les jeunes femmes sont plus présentes dans l'espace public. Mais les messages sans cesse répétés, par la famille, les médias, sur les dangers courus par les femmes dès qu'elles sortent de chez elles, cela n'a rien de nouveau. Même si pour les femmes, en réalité, les plus grands risques d'agression se trouvent dans l'espace privé...