Dr Ahmed Essadki : « Le risque sanitaire doit être réduit le plus possible »

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
L’actuel système marocain de contrôle des aliments est-il efficace ? Dr Ahmed Essadki, expert judiciaire et président de l’African Experts of Food Safety, fait le tour de la question.


Challenge : Pour l’opinion publique marocaine, c’est l’ONSSA qui doit, de par ses missions et attributions, assurer pour le compte de l’Etat le contrôle sanitaire au Maroc. Qu’en est-il exactement ?

Dr Ahmed Essadki :
Ce que vous dites est juste. L’ONSSA a pour mission de veiller sur la bonne application de la loi 28-07 de sécurité sanitaire des produits alimentaires destinés à l’homme et à l’animal. Sous ce rapport, les responsables habilités de l’ONSSA doivent, en particulier, veiller à ce que chaque Unité de traitement des aliments procède à un Autocontrôle basé sur le HACCP (Hazard Analysis and Critical Control Points) avant de libérer son produit dans le circuit commercial. Ils peuvent prendre toute mesure appropriée pour prévenir la distribution de produits non conformes dans le commerce marocain y compris, après avis du Procureur, de procéder à la fermeture momentanée de l’Unité. Selon nous, l’ONSSA n’applique malheureusement pas toutes les prérogatives que lui confère la loi ce qui, en grande partie, fait perpétuer une sorte de gabegie qui freine le développement du secteur agroalimentaire national.

Du côté de l’ONSSA, l’on indique que pas moins de huit intervenants institutionnels sont impliqués dans le contrôle sanitaire au Maroc. Qui sont ces institutions et que font-elles concrètement ?

La seule loi « de Novo » sur la sécurité sanitaire des aliments que le Maroc a promulguée depuis l’indépendance, est la loi 28-07 citée. En essence, cette loi est équivalente à d’autres lois en vigueur chez nos partenaires commerciaux européens ou américains. C’est un outil réglementaire efficace dont la bonne application permet à notre système de contrôle d’assurer la protection du consommateur et à notre système judiciaire de sévir le cas échéant contre les opérateurs, ou autres intervenants, réfractaires à l’application de la loi en vigueur. Ceci dit, bien que la loi 28-07 soit prééminente sur les autres dispositifs afférents à d’autres ministères que vous indiquez, il reste évidemment un travail d’harmonisation à mettre en œuvre avec des textes laissés par le protectorat et d’autres pratiques centenaires hérités de notre passé. Ce type de travail n’est pas du même niveau que la loi, mais repose seulement sur la volonté de l’exécutif de dégager le temps pour le faire.

Pensez-vous que cela suffit à assurer la sécurité sanitaire des aliments au Maroc ?

La loi 28-07 et le Décret d’application de 2011 y afférent répondent à l’essentiel des rouages de travail sur le plan sanitaire du secteur agroalimentaire national. La loi renvoie pour le reste à la réglementation du Codex Alimentarius. L’ensemble est suffisant pour garantir la sécurité sanitaire des aliments chez-nous.

Cette multiplicité des intervenants ne pénalise-t-elle pas l’efficacité du contrôle sanitaire au Maroc ?

La loi 28-07 et son décret d’application donnent des prérogatives larges à l’ONSSA. Mais c’est aux responsables de cet organisme de les mettre en pratique. Par exemple, il n’est donné nulle part dans la loi une permission à d’autres organismes étatiques de certifier la qualité de travail des Unités agroalimentaires. Or, des organismes du ministère du Commerce le font, ce qui équivaut à une anomalie dans notre système sans équivalent dans le monde et l’ONSSA laisse faire ce qui est encore plus aberrant.

Aux yeux de l’opinion publique marocaine, il y a une distinction entre la qualité des produits pour consommation locale, c’est-à-dire pour les Marocains, et ceux pour l’export sur les marchés européens et américains, où un contrôle serré devait être effectué. Est-ce des pratiques qui existent ?

Que ce soit pour le marché local ou pour l’export, la loi 28-07 exige le même contrôle (Autocontrôle) rigoureux pour tout produit fabriqué. La charge revient bien évidemment à l’ONSSA de prendre les dispositions pour mettre en pratique la volonté du législateur. C’est moins compliqué qu’il ne parait.

En 2011, les textes d’application de la loi 28-07 relative à la sécurité sanitaire des aliments obligent les unités de production à se doter d’un laboratoire en interne de contrôle des aliments ou indépendant, pour que ses bulletins d’analyses soient recevables par l’ONSSA. Huit ans après la publication de ces textes d’application, quelle est aujourd’hui la situation ?
.........................

https://www.challenge.ma/dr-ahmed-e...e-plus-possible-conformement-a-la-loi-120281/
 
Haut