Premièrement, l'idée qui veut que la monarchie marocaine soit "millénaire" est de la masturbation mentale. Associer des dynasties comme les Almoravides ou les Almohades qui ont conquit leur territoire par eux-mêmes avec la seconde dynastie Alaouite qui est au pouvoir parce que le pouvoir colonial y voyait son intérêt est assez ridicule.
Deuxièmement, tu confonds conservatisme et traditionalisme, les campagnes sont traditionalistes et apolitiques, les banlieues des grandes villes sont conservatrices et politisées. Calqué sur le modèle Turque, une grande partie de la nouvelle classe moyenne marocaine adhère aux idées de ce qu'on appelle le modernisme islamique, un courant de pensée qui a émergé au XIXe siècle porté les réformistes musulmans qu'étaient Mohammed Abdu, Jamal Al Din Al Afghani et plus tard Hassan Al Bana le fondateur des frères musulmans.
Le modernisme islamique est par définition républicain car la transmission du pouvoir de manière héréditaire est contraire aux valeurs islamiques. Benkirane lui-même était farouchement anti-monarchie dans sa jeunesse. Bien sur avec le temps, les modernistes islamiques sont devenus plus pragmatiques et ont compris qu'il valait mieux s'insérer dans les systèmes politiques existants mais il reste que la base idéologique est là.
En ce qui concerne le pouvoir royal, si le Maroc est une monarchie constitutionnelle alors le roi doit uniquement être garant du respect des institutions or ce n'est pas le cas actuellement. Contrairement à la monarchie anglaise ou japonaise,le pouvoir royal marocain est profondément impliqué dans l'économie du pays.
A plus long terme, le pouvoir royal joue avec le feu, en faisant en sorte que les décisions les plus importantes restent du ressort du roi, la monarchie sape la relation entre le gouvernement et la population. Les taux de participation aux élections (dont tout le monde sait qu'ils sont gonflés) reflètent l'apathie de la population marocaine envers le fait politique. Les marocains ont bien compris que les prérogatives du gouvernement étant très limités, voter ne sert pas à grand chose.
Nous ne sommes pas du tout dans une situation ou graduellement le pouvoir est transféré de la monarchie vers le pouvoir législatif. La constitution adoptée est un exemple parfait de l'estime que le pouvoir royal porte à la notion de démocratie. Les réformes politiques ont lieu en réaction à de potentiels mouvements sociaux (le printemps arabe) qui pourraient menacer le pouvoir royal. De ce fait la démocratie n'est pas vu comme un bénéfice mais comme une soupape de sécurité permettant d'évacuer la pression sociale. Au fond le pouvoir exécutif ne sert que de fusible à la monarchie pour se protéger de l'incapacité du régime marocain à engendrer un réel développement économique.
Salam,
Un long discours partisan qui se veut généralisateur.
Le hic, c'est d'abord les référents occidentaux, ton référentiel, par rapport auquel tu relativises, et le toc c'est l'angle de vue ...
Indépendamment du nom des dynasties qui se sont succédées, il faudrait retenir la continuité du modéle Institutionnel depuis plus d'un millénaire et sans se masturber l'esprit en aveugle, pouvoir entrevoir le rapport d'allégeance entre l'individu, le clan, la tribu et les Institutions monarchiques successives.
En second lieu, le Protectorat, ne représente qu'une parenthèse dans l'histoire du Maroc, durant laquelle, il a tenté d'exiler Feu Mohamed V, Allah y Rehmo, et c'est le Peuple, les Partis, la Resistance qui en ont imposé le retour contre la volonté coloniale et pas la France comme tu le prétends.
Tu ne m'apprends rien sur l'histoire des auteurs musulmans d'Egypte, je les ai lu, même ceux qui ne bénéficiaient pas de la réclame "néocoloniale", pas plus sur la confrontation des frères musulmans à la colonisation anglaise ou leurs organisations et méthodes.
Tu fais des analogies à l'emporte pièce entre le mouvement musulman au Maroc et celui d'Egypte. A te lire on croirait que le Maroc est devenu subitement musulman suite aux publications de Hassan al Bana.
Les résistants du Maghreb ont coordonné leurs actions en Egypte, au Caire, faisant côtoyer un Bourguiba, à un Allal al Fassi ou un cheikh Mekki Naciri, indépendamment des crédos religieux. Fes, Al Quaraouiyine, les zaouiyas, les mosquées, le pélerinage à la Mecque ont aussi, bien sûr, joué leurs rôles dans l'avénèment de l'indépendance, faisant de l'islam le creuset de la dynamique évolutive, le ribat en habl eddine, le point de retour et de ralliement ...
Il n'y a pas d'apolitisme en Islam : traditionnaliste signifie attachement aux valeurs de l'Islam et l'Islam din oua dounya. Il génère des lois de comportements de groupe, de communauté et est porteur d'un modèle de société, c'est par définition une approche politique au vrai sens du terme. Les prochaines législatives apporteront probablement une réponse à ton affirmation d'apolitisme du monde rural, d'autant plus que les ruraux ont voté, en se paumant pour un pam, se pâmant ...
La démocratie résulte d'un choix et traduit l'expression de la volonté d'un peuple, sans plus ...
Les acceptions d'une Démocratie à l'occidentale ne recueillent pas les suffrages des populations "indigènes".
Ton discours est quasi colonial, en voulant imposer tes vues à la 3adl et al Ihssan : le modernisme islamique, n’est pas révolutionnaire, c'est une marche vers une société tolérante, celle d'un islam du milieu, prônant le développement scientifique et technique et non la république, qui elle, ouvrira la porte aux cinquièmes colonnes, aux courants laïcs, athées et hégémonistes étrangers de tous bords, aux extrêmistes, tentant de changer les âmes en leur fort intérieur, pas toujours par la parole, à la fitna.
Il faut être à coté de la plaque pour soutenir l'idée autodestructrice d'une République agenouillée sous le joug des armées, ou des bandes armées, comme cela est répandu ailleurs ...
Vouloir mêler la Monarchie, le Pouvoir Royal à un débat politique, c’est chercher à impliquer la Monarchie, l’amener à une chasse préventive de pseudo-sorcières, un raisonnement saugrenu, de celui qui n’a pas saisi l’importance du concept de Commanderie des croyants et sa traduction en terme de Pouvoir.
S’il y a un fusible qui flanche chez les uns, c’est bien celui qui entretient l’intelligence sous tension …