La somme détournée est tellement colossale, qu’on pourrait croire que c’est une association de malfaiteurs expérimentés qui est à l’origine de l’arnaque. À la place, c’est une mamie qui se poste à la barre du tribunal de Lille (Nord), mardi 17 octobre 2023. Elle est jugée, avec sa sœur, pour avoir indûment perçu 389 000 € de la part du Département du Nord. Des versements sous forme de chèques emploi service*, qui s’échelonnent sur la période 2014-2018, alors que les deux sœurs résidaient à Haubourdin.
Pour mener à bien leur fraude, elles ont prétendu que leur frère malade, qui bénéficiait de ces chèques emploi service, était toujours en vie. La supercherie a été découverte 4 ans après le décès de cet homme originaire d’Algérie.
Devant la cour, Samira**, 71 ans, rejette la faute sur sa plus jeune sœur. C’est elle qui l’a contrainte, toutes ces années, à signer les papiers attestant que cinq aidants prenaient soin de leur frère en mauvaise santé. Ces salariés n’ont jamais existé, puisque le pauvre homme était mort, mais leurs salaires, eux, ont bien été versés par la collectivité.
La cadette de 59 ans, Yasmine**, ne peut pas se défendre de ces accusations : elle n’est pas présente à son procès « pour des raisons de santé », dit son avocat.
Les deux sœurs ont en tout cas été les cotutrices de leur frère de 2011 à 2014. À sa mort en décembre 2015, Yasmine s’enlève de la tutelle, Samira reste. Mais toutes les années suivantes, toutes les deux, et leur mère avec, profitent de l’argent versé par le Département. « C’est ma sœur qui touchait l’argent, et elle faisait des virements », essaie de justifier la prévenue. « Et pendant toutes ces années, vous avez, vous, perçu de l’argent ? », demande le président. « Oui, mais pas tout le temps. »
Les sommes perçues sont listées : 360 € pour Yasmine par-ci, 400 € pour Samira par-là, puis à nouveau 500 € pour Samira, et puis 450 €… Le tout à quelques mois d’intervalle à chaque fois. Même le fils de Yasmine a eu le droit à sa part du gâteau, avec des virements de 150 € énoncés par le président du tribunal.
Les versements mensuels atteignaient parfois les 6 000 €, quand il s’agissait d’acquisition de matériel médical, par exemple.
La septuagénaire, grand-mère de 6 petits-enfants, accuse même sa sœur Yasmine d’être « partie 4 mois en vacances avec 17 000 € » donnés par le Département. Mais le président du tribunal ne lâche rien : « Vous n’avez pas réfléchi pendant 4 ans ? Vous pouvez essayer de diluer votre responsabilité comme vous voulez, mais vous avez touché cet argent. »
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Pour mener à bien leur fraude, elles ont prétendu que leur frère malade, qui bénéficiait de ces chèques emploi service, était toujours en vie. La supercherie a été découverte 4 ans après le décès de cet homme originaire d’Algérie.
Jusqu’à 6 000 € perçus par mois
Pour n’éveiller aucun soupçon, les sœurs, aidées de leur mère aujourd’hui décédée, ont pris toutes les précautions nécessaires. Y compris conserver le bail (et le loyer à payer) du défunt, son abonnement Internet et sa ligne téléphonique.Devant la cour, Samira**, 71 ans, rejette la faute sur sa plus jeune sœur. C’est elle qui l’a contrainte, toutes ces années, à signer les papiers attestant que cinq aidants prenaient soin de leur frère en mauvaise santé. Ces salariés n’ont jamais existé, puisque le pauvre homme était mort, mais leurs salaires, eux, ont bien été versés par la collectivité.
La cadette de 59 ans, Yasmine**, ne peut pas se défendre de ces accusations : elle n’est pas présente à son procès « pour des raisons de santé », dit son avocat.
Les deux sœurs ont en tout cas été les cotutrices de leur frère de 2011 à 2014. À sa mort en décembre 2015, Yasmine s’enlève de la tutelle, Samira reste. Mais toutes les années suivantes, toutes les deux, et leur mère avec, profitent de l’argent versé par le Département. « C’est ma sœur qui touchait l’argent, et elle faisait des virements », essaie de justifier la prévenue. « Et pendant toutes ces années, vous avez, vous, perçu de l’argent ? », demande le président. « Oui, mais pas tout le temps. »
Les sommes perçues sont listées : 360 € pour Yasmine par-ci, 400 € pour Samira par-là, puis à nouveau 500 € pour Samira, et puis 450 €… Le tout à quelques mois d’intervalle à chaque fois. Même le fils de Yasmine a eu le droit à sa part du gâteau, avec des virements de 150 € énoncés par le président du tribunal.
Les versements mensuels atteignaient parfois les 6 000 €, quand il s’agissait d’acquisition de matériel médical, par exemple.
« Vous n’avez pas réfléchi pendant 4 ans ? »
Sommée de s’expliquer, Samira se dédouane de toute responsabilité. Selon ses dires, c’est sa mère et sa sœur qui remplissaient les documents pour bénéficier des chèques emploi service. Parfois, l’une ou l’autre « imitait sa signature ». Après le décès de son frère, elle n’a pas « eu le courage d’arrêter » l’arnaque. Elle essaie de minimiser son implication : « Je n’étais pas toute seule ! »La septuagénaire, grand-mère de 6 petits-enfants, accuse même sa sœur Yasmine d’être « partie 4 mois en vacances avec 17 000 € » donnés par le Département. Mais le président du tribunal ne lâche rien : « Vous n’avez pas réfléchi pendant 4 ans ? Vous pouvez essayer de diluer votre responsabilité comme vous voulez, mais vous avez touché cet argent. »
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Elles cachent le décès de leur frère et touchent 389 000 € de la part du Département du Nord
Deux sœurs ont été jugées à Lille pour avoir caché la mort de leur frère malade, et ainsi touché 389 000 € de la part du Département du Nord sous forme de chèques emploi service.
actu.fr