Eloge du "tricheur"

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Par Maurane Hogne

Fini le temps des chevaliers, le temps des guerriers. Ce temps résolu où les hommes défendaient leurs tripes en revendiquant une masculinité presque dominante. Ce temps où planait une sécurité omniprésente au dessus des toits.La société fait un bon en arrière. Alors que les technologies, la science, la médecine avancent chaque jour un peu plus, l’être humain, quant à lui, se retient d’évoluer. Tout est projeté plus tard, la construction d’une vie de famille, le passage à la maturité, l’accomplissement personnel. Les valeurs sont inversées, dispersées, bref, toutes les structures sociétales s’en trouvent perturbées.

On a apprit à se passer d’eux. Ils ont apprit à se passer de nous. On peut facilement échanger un garçon par un autre. Et j’insiste sur le mot garçon. Car les hommes, ca n’existe plus. Le besoin vital de se sentir grandir et d’ainsi se voir devenir quelqu’un de fort n’existe plus dans aucune morphologie masculine. Il est presque évident et nécessaire d’effacer la moindre trace de masculinité qui aurait tendance à pousser sur leur corps. La chasse aux poils, la chasse aux bides, la chasse à l’allure. Les hommes sont devenus des Grands Garçons à l’allure de pré pubère, imberbe, et lisse. A vingt ans ils pensent avoir touché le fond, avoir trop vieillis, d’un coup, ils stagnent. Leur physique et leur mentale n’évoluera plus, et dix ans plus tard, ils resteront ces grands adolescents entre deux rives : l’envie de se découvrir et l’envie de grandir. N’arrivant pas à choisir entre l’un et l’autre, ils s’en accommodent, et vont jusqu’à revendiquer une jeunesse éternelle. Il anticipe la crise de la quarantaine rendant ainsi tous les actes éphémères et de découvertes de l’adolescente, éternels. A presque trente ans on fréquente exactement les mêmes endroits qu’à cette époque bête et naïve. On continue à essayer tout et n’importe quoi. Et comme on n’est pas un homme mais qu’on croit en être un, on drague quelques gamines d’à peine dix huit ans qui trainaient par là. Les vraies femmes qui elles, ont désertés les lieux de l’adolescence et de l’effervescence et qui sont devenues des femmes, des vraies, sont passées à autre chose et sont donc devenue impossible à toucher. Surtout quand on adopte un accoutrement de jeune branché alors que les rides commencent à apparaître au coin des yeux ; ce qui donne une touche subtilement ridicule. Mais les vêtements de jeunes, les looks télé programmés, sont plus couteux qu’une quelconque chemise derrière laquelle, un homme, un vrai se servira pour se dissocier des femmes. Il est donc prévisible et avantageux économiquement que plus les envies de plaire et de ressembler à un ado sont prolongées dans les envies d’un garçon, plus cela sera rentable. Cela va de pairs avec les dépenses en futilités, les sorties entre copains le weekend, les nouvelles consoles, les produits de beauté et tout ce qu’il est possible d’inventer pour pousser l’envie des garçons à rester de Grands Garçons.

Les Grands Garçons sont facilement reconnaissables. On n’arrive jamais à leur donner un âge. Ils trainent dans les lieux publics. N’ont souvent pas un seul poil sur le torse, ni sur le visage. Ils portent des motifs colorés. Ils se revendiquent célibataires et fière de l’être. Ils ne veulent plus d’une femme, mais veulent des filles. Ils croient ainsi qu’en dispersant leur liquide dans un maximum de jeunes demoiselles ils deviendront des hommes, des vrais. Ils s’achètent une maison pour eux seul, un appartement avec un copain, une chambre en ville. Ils ont un travail minable pour se payer un maximum de choses et ainsi pourront facilement combler le vide de leur spiritualité transparente. Draguent en discothèque, assumant une vie de déboire et de débordement. Se détruisent la santé de substances illicites. Et finissent par rentrer seul, vide, le cœur lourd et ne comprennent parfois jamais que la masculinité, la vraie, se construit dans le temps qui passe et non dans la stagnation d’une période d’essai-erreur.



Source:Motus et bouche (dé)cousue
 
C'est tout à fait ça, et c'est la même chose pour les femmes... elles aussi veulent rester d'"éternelles adolescentes."

Et c'est cette image que véhiculent diverses séries télévision.
 
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