
Dans la région algérienne de Kabylie, la persécution des se traduit notamment par la fermeture systématique des Églises. Une coalition de chrétiens algériens demande de l’aide des États-Unis.
Une coalition de chrétiens de la région algérienne de Kabylie a lancé un appel urgent au gouvernement des États-Unis, demandant une intervention immédiate pour mettre fin à ce qu’ils qualifient de persécution systématique des minorités chrétiennes par le gouvernement algérien. Cet appel intervient alors que pratiquement toutes les Églises protestantes de la Kabylie ont été fermées de force, laissant des milliers de chrétiens sans lieu de culte et confrontés à un harcèlement croissant.
Dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain Marco Rubio, la coalition kabyle dresse un tableau sombre de la répression religieuse dans un pays qui garantit officiellement la liberté de culte. L’Algérie a systématiquement démantelé l’infrastructure de l’Église protestante qui s’était considérablement développée au cours des deux dernières décennies, en particulier en Kabylie, où la majorité de la population appartient à l’ethnie amazighe.
« Le gouvernement algérien continue, en vertu du tristement célèbre article 87 du code pénal algérien, de criminaliser les activités religieuses pacifiques, y compris les services religieux chrétiens », déclare la coalition dans sa lettre. Cette disposition légale, initialement justifiée comme une mesure antiterroriste lors de son introduction en 2021, est devenue une arme contre les minorités religieuses et les dissidents politiques.
Les statistiques sont alarmantes : sur les 47 Églises affiliées à l’Église protestante d’Algérie (EPA), dont plus de 30 étaient situées en Kabylie, toutes sauf une ont été fermées par les autorités. Cela représente la quasi-disparition des lieux de culte protestants dans une région qui compte environ 80 000 chrétiens.
Le cadre juridique de la persécution
L’appel de la coalition souligne comment le système juridique algérien a été utilisé comme une arme contre les chrétiens. Au-delà de l’article 87, le pays maintient des lois qui interdisent tout ce qui pourrait « ébranler la foi d’un musulman » ou « servir de moyen de séduction visant à convertir un musulman à une autre religion ». Ces formulations vagues ont permis aux autorités d’arrêter des pasteurs et des fidèles pour s’être réunis dans des maisons pour prier.
Les personnes converties de l’islam au christianisme sont particulièrement maltraitées, beaucoup d’entre elles étant poursuivies sous des accusations nébuleuses telles que « atteinte à la sûreté de l’État ». Le cas de Slimane Bouhafs, militant des droits humains et président de la Coordination des chrétiens de Saint-Augustin, emprisonné pendant trois ans avant d’être libéré en septembre 2024, illustre le prix personnel de la défense de la liberté de liberté en Algérie.
Parmi les autres cas de persécution, citons celui de Hamid Soudad, un ancien musulman de 42 ans converti au christianisme, condamné à cinq ans de prison pour une publication sur Facebook jugée offensante pour les enseignements islamiques, et celui de deux chrétiens kabyles, Abdelghani Mammeri et Mebrouk Bouakaz, qui ont été condamnés à des peines de prison pour avoir prétendument manqué de respect aux principes religieux islamiques.