Interview : La parole à Isabelle Filliozat, psychologue
«*Parents, arrêtez de culpabiliser!*»
les parents sont-ils suffisamment aidés?
Il y a un vrai manque. Il faudrait multiplier les structures d'aide à la parentalité. Les parents ne donnent jamais la fesse ou de claque par gaieté de cœur. Seulement ils n'ont pas d'autre outils. Par exemple, un enfant de trois ans ne veut pas mettre ses chaussures. il refuse cet ordre. A cet age un enfant cherche à devenir une personne. S'il fait ce qu'on lui demande, il se nie. Pour se définir, il dit donc non. Les parents n'ont pas conscience de ce besoin. Au lieu de donner un ordre, il suffirait de lui donner un choix : «*Tu mets tes bottes bleues ou tes chaussures rouges.*».
Qu'est ce que le burn out maternel?
Certaines mère souffrent d'un réel épuisement. Un enfant ce n'est pas gratifiant, il faut sans cesse refaire les tâches : le laver, lui donner à manger,etc. Son rythme ne correspond pas au nôtre, il se réveille la nuit...Avec les cris, il y a un niveau sonore à supporter. Les femmes ont cette image de la bonne mère sereine, qui est ravie de rester toute la journée avec ses enfants. Elles n'osent pas sortir de cette image et ont tendance a culpabiliser, ce qui aggrave le burn out. Il faut arrêter de culpabiliser : être parents, c'est éprouvant.
Les enfants sont de plus en plus stimulés, est ce que nous n'attendons pas trop d'eux?
Il est naturel d'avoir des projets et des ambitions pour ses enfants. Mais, parfois il y a des dérives. Cela vient peut-être d'une carence chez les parents. Ils n'ont pas été assez valorisés lorsqu'ils étaient enfants. Il cherchent à mettre leur progéniture sur le devant de la scène, mais en réalité, ils souhaitent que les projecteurs soient sur eux.
Parfois, on attend de nos enfants qu'ils nous guérissent.
Propos recueillis par Judith Korber
revue : métro.