Enseignement: la mission française au maroc en crise

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Mercredi 12 juin a été décrété «journée école morte» par les associations de parents d’élèves et les enseignants des écoles françaises au Maroc. Cette journée de protestation est symptomatique d’une grave crise au sein de la mission française. Les raisons.

Avec 22 établissements, le Maroc est le pays qui abrite l’un des réseaux les plus denses au monde de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Pourtant, ce que l’on appelle communément «la mission» traverse une zone de turbulences qui menace sérieusement l’attractivité des écoles françaises au Maroc.

Mercredi 12 juin, il n’y avait pas foule sur les bancs des écoles primaires françaises au Maroc. Répondant massivement à l’appel «journée école morte» lancé par les associations de parents d’élèves, peu nombreux sont ceux qui ont envoyé leurs enfants à l’école ce jour-là.

Depuis quelques années déjà, les appels aux grèves et aux manifestations se multiplient dans les rangs des parents d’élèves. Frais de scolarité en hausse annuelle constante, mauvais état des infrastructures et, enfin, recrutement croissant de contractuels locaux…Autant de sujets épineux qui ne trouvent ni réponse ni solution du côté de l’AEFE.

A l’origine de cette journée «école morte» tristement célébrée le 12 juin, la grogne des parents mais aussi celle des professeurs résidents des écoles françaises au Maroc.

L’alerte rouge des parents et des professeurs
Pour tenter de faire entendre leur voix, les associations de parents d’élèves se sont fendues d’un communiqué dans lequel elles ont appelé à une mobilisation générale.

Mission française: un rapport épingle les augmentations des frais de scolarité!

«Vous avez certainement constaté ces dernières années que nos établissements enregistrent des diminutions de budget de la part de l’Etat français. Cela s’est traduit par des fermetures de postes d’enseignants résidents titulaires de l’éducation nationale, des proportions jamais atteintes depuis la création de l’AEFE», explique-t-on dans ce communiqué destiné aux parents d’élèves, en préambule d’un appel à ne pas envoyer les enfants à l’école le mercredi 12 juin 2019.

A l’unisson avec les parents, les syndicats de professeurs à l’origine de cette journée sans école, ont eux aussi tiré la sonnette d’alarme. «La situation de nos établissements du réseau AEFE n’a cessé de se dégrader ces dernières années: hausse des frais d’écolage, importance des effectifs, budgets en berne», expliquent ainsi Philippe Amrane et Véronique Soares, respectivement secrétaires de la SNUipp-FSU Maroc et de la SNES-FSU.

Qu’en est-il vraiment? Cette énième grogne repose-t-elle sur des arguments fondés ou relève-t-elle du caprice comme le pensent certains?

Toujours plus cher… mais pourquoi?

C’est un secret de polichinelle: inscrire son enfant à la mission française (quand on fait partie des happy few qui y parviennent) représente un sacré investissement financier.

Toutefois, ce à quoi les parents d’élèves ne sont pas forcément préparés en entrant dans ce système, c’est aux augmentations annuelles et non justifiées des frais de scolarité.

Si les droits de première inscription payées au début de la scolarité de l’enfant restent identiques d’une année à l’autre, soit 14.000 dirhams pour un Français, 20.000 dirhams pour un Marocain et 23.000 dirhams pour toute autre nationalité, ce n’est pas le cas des frais annuels qui, eux, augmentent de manière exponentielle d’une année à l’autre.

A titre d’exemple, au titre de l’année scolaire 2016-2017, un élève français payait 31.760 dirhams en moyenne section et grande section contre 32.510 dirhams l’année suivante et 33.260 dirhams en 2018-2019.

Même son de cloche pour les autres nationalités et niveaux de classe. Du CP au CM2, un élève marocain déboursait 36.630 dirhams en 2016-2017, contre 37.380 dirhams en 2017-2018 et enfin 38.130 dirhams en 2018-2019.

Qu’est-ce qui justifie de telles augmentations? Rien, selon les associations de parents d’élèves inscrits dans le cadre des écoles de l’AEFE, et rien non plus du côté de l’AEFE qui ne fait mention d’aucun astérisque, PS ou NB pour justifier ces augmentations dans ses notes d’admissions annuelles.

Alors où va cet argent? Les parents ne sont pas dupes. D’un côté, on augmente les frais. De l’autre, on applique une politique de fermeture progressive des postes d’enseignants titulaires ainsi que de non-renouvellement des détachements. Pire encore, les syndicats de professeurs dénoncent dans le même temps «les restrictions budgétaires qui entravent le fonctionnement des établissements.»...................................................................

 
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