Europe 1 a fiché ses auditeurs pendant près de 20 ans

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
MÉDIAS - Entre 2002 et 2017, Europe 1 a emmagasiné des données sur ses auditeurs, utilisant pour les qualifier des précisions relevant de leur orientation sexuelle, de leur origine, voire parfois des propos insultants, révèle Mediapart dimanche 24 février.

Comme toutes les radios, Europe 1 dispose d'un numéro standard via lequel les auditeurs peuvent participer aux émissions. Avant de passer en direct à l'antenne, ils sont "castés" par des téléopérateurs qui doivent s'assurer de la pertinence du propos, de la qualité de la ligne ou de la clarté de l'interlocuteur, explique à Mediapart un des employés de la radio. Le nom des auditeurs, leur numéro de téléphone, leur profession sont ensuite consignés dans un logiciel baptisé "Chamane".

Mais en juillet 2016, la CNIL relève plusieurs infractions commises par le biais de ce fichier. A l'occasion d'un contrôle, l'autorité du numérique remarque en effet qu'au-delà des informations classiques, les téléopérateurs qualifient les auditeurs, avec des précisions sur leur orientation sexuelle, leur origine, leur religion, leur état de santé, voire en des termes insultants. Dans son rapport, la CNIL évoque par exemple des commentaires comme "accent juif tunisien, insistant et désagréable", "raciste et mal aimable compare très finement les Arabes et les Chinois", "ne répond jamais ce ***", "Patrice séropositif".

L'organisme pointe également du doigt la conservation des données personnelles sur une durée d'environ 15 ans, avec des informations sur 573.315 personnes, ainsi que la mise en place d'une "liste noire" de 448 d'auditeurs, c'est-à-dire des personnes interdites d'antenne.



"Des dérives inadmissibles" corrigées, affirme Europe 1
Ces trois dérives sont illégales, comme l'a souligné la CNIL dans son rapport.

En effet, s'il est permis de collecter des informations "classiques" comme le nom et la profession, sur un auditeur susceptible d'intervenir à l'antenne, la loi interdit de collecter des données personnelles relatives à l'orientation sexuelle ou à l'état de santé, sans consentement clair de l'intéressé. De plus, la conservation de ces données ne doit pas excéder deux ans.

Quant à la fameuse "liste noire", si son existence n'est pas illégale, elle est encadrée par des critères très stricts, dont l'obligation d'informer l'auditeur en question. Ce qui n'a pas été fait systématiquement, à en croire Anne Fauconnier, secrétaire générale d'Europe 1, qui explique que "lorsqu'une explication était possible avec l'auditeur, l'information lui était transmise."

Contactés par Mediapart, des salariés d'Europe 1 évoquent différentes raisons pour expliquer ces anomalies: l'absence de personnes expérimentées au poste de téléopérateurs ou l'absence de la direction et le manque de management sur ce service.

Sur Twitter, le vice-président de la radio Laurent Guimier a indiqué que depuis le rapport de la CNIL sur ces "pratiques honteuses de fichage", la direction avait pris des mesures. Auprès de Mediapart, Anne Fauconnier précise de son côté que la conservation excessivement longue des données des auditeurs était due à "une erreur technique", passée inaperçue avant le contrôle de la CNIL. La "liste noire" a elle été drastiquement purgée et ne contiendrait désormais plus que 5 numéros........................


https://www.huffingtonpost.fr/2019/...-auditeurs-pendant-pres-de-20-ans_a_23677141/
 
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