Deux militaires des forces spéciales sont morts lors de la libération des deux touristes, vendredi, au Burkina-Faso.
La poignée de main d’Emmanuel Macron aux deux ex-otages français aura été aussi brève que possible, samedi, à leur arrivée à Villacoublay. Mais cela n’a pas suffi pour éteindre la polémique sur l’«inconscience» présumée des deux touristes. Laurent Lassimouillas, 46 ans, et son mari Patrick Picque, 51 ans, ont été enlevés le 1er mai alors qu’ils visitaient le parc animalier de Pendjari, dans le nord du Bénin, avec un guide béninois. Leurs ravisseurs les ont ensuite emmenés au Burkina-Faso voisin, d’où ils devaient être remis à un groupe jihadiste au Mali. C’est juste avant leur transfert au Mali que les forces françaises sont intervenues, dans la nuit du 9 au 10 mai, pour les libérer, deux militaires des forces spéciales françaises trouvant la mort lors de l’opération.
Tout le week-end, les hommages à Cédric de Pierrepont, né en 1986, et Alain Bertoncello, né en 1991, nageurs de combat pour le commando marine d’élite Hubert, se sont multipliés.
Parallèlement, les ex-otages se sont retrouvés sous le feu des critiques. Samedi, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, avait assuré que les deux touristes, respectivement musicien et bijoutier, qui se trouvaient en voyages de noces, n’avaient pas suivi les «conseils aux voyageurs» publiés sur le site du Quai d’Orsay :
«La zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c’est-à-dire une zone où il ne faut pas aller.»
En réalité, le parc du Pendjari était jusqu’à la fin 2018 entièrement en zone jaune, soit «vigilance renforcée», comme le sont par exemple la Thaïlande ou les Maldives, et la totalité du parc, qui s’étend sur 4 800 km2 le long de la frontière, n’a été classée en rouge qu’après leur enlèvement.
Une source au Quai d’Orsay a précisé dimanche à Libération que «le 10 décembre, la frontière avec le Burkina avait été classée en rouge, une partie du parc en orange [«déconseillée sauf raison impérative», ndlr]. Leur hôtel ne se trouvait pas en zone rouge, mais leur voiture et le corps du guide ont été retrouvés près de la frontière.»
On ignore encore si le véhicule a été volé par les ravisseurs et déplacé, ou si le chauffeur, Fiacre Gbédji, un guide expérimenté de 28 ans, tué d'une balle dans la tête, les avait emmenés lui-même près de la frontière, une zone classée dangereuse par la France mais dont l’accès n’est pas interdit, et où les agences locales continuaient à organiser des visites.
«Il n’est pas question de blâmer les voyageurs»
Dimanche, sur BFM, Marine Le Pen fustigeait l'«inconscience» du couple, et jugeait que «le président de la République n’avait pas à les accueillir un peu comme des héros». La veille, le maire de Toulon, Hubert Falco (LR), avait utilisé quasiment les mêmes termes dans un tweet :
«Nos seuls compatriotes qui méritent aujourd’hui l’hommage de la Nation, ce sont nos deux héros, #CedricdePierrepont et #AlainBertoncello, nos deux soldats varois morts au combat, pour sauver la vie de touristes inconscients ! Eux, et eux seuls, méritent d’être honorés par la Nation !»
Sur les réseaux sociaux, les deux hommes se retrouvaient accusés d’être responsables de la mort des militaires. Pourtant, du côté des autorités, le ton était beaucoup plus pondéré. Selon la même source au Quai d’Orsay, «il n’est pas question de blâmer les voyageurs. Certes, ils auraient dû, comme tous les Français à l’étranger, éviter de prendre des risques pour leur sécurité, et suivre les mises à jour du ministère, qui donnent des informations recoupées suivant une procédure très rigoureuse. Mais à leur arrivée, ils se sont exprimés avec beaucoup de sobriété et de responsabilité, et ont admis avoir agi avec trop de légèreté. Il n’y a pas de raison de les stigmatiser».
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- Les ex-otages français au Bénin taxés d'inconscience
La poignée de main d’Emmanuel Macron aux deux ex-otages français aura été aussi brève que possible, samedi, à leur arrivée à Villacoublay. Mais cela n’a pas suffi pour éteindre la polémique sur l’«inconscience» présumée des deux touristes. Laurent Lassimouillas, 46 ans, et son mari Patrick Picque, 51 ans, ont été enlevés le 1er mai alors qu’ils visitaient le parc animalier de Pendjari, dans le nord du Bénin, avec un guide béninois. Leurs ravisseurs les ont ensuite emmenés au Burkina-Faso voisin, d’où ils devaient être remis à un groupe jihadiste au Mali. C’est juste avant leur transfert au Mali que les forces françaises sont intervenues, dans la nuit du 9 au 10 mai, pour les libérer, deux militaires des forces spéciales françaises trouvant la mort lors de l’opération.
Tout le week-end, les hommages à Cédric de Pierrepont, né en 1986, et Alain Bertoncello, né en 1991, nageurs de combat pour le commando marine d’élite Hubert, se sont multipliés.
Parallèlement, les ex-otages se sont retrouvés sous le feu des critiques. Samedi, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, avait assuré que les deux touristes, respectivement musicien et bijoutier, qui se trouvaient en voyages de noces, n’avaient pas suivi les «conseils aux voyageurs» publiés sur le site du Quai d’Orsay :
«La zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c’est-à-dire une zone où il ne faut pas aller.»
En réalité, le parc du Pendjari était jusqu’à la fin 2018 entièrement en zone jaune, soit «vigilance renforcée», comme le sont par exemple la Thaïlande ou les Maldives, et la totalité du parc, qui s’étend sur 4 800 km2 le long de la frontière, n’a été classée en rouge qu’après leur enlèvement.
Une source au Quai d’Orsay a précisé dimanche à Libération que «le 10 décembre, la frontière avec le Burkina avait été classée en rouge, une partie du parc en orange [«déconseillée sauf raison impérative», ndlr]. Leur hôtel ne se trouvait pas en zone rouge, mais leur voiture et le corps du guide ont été retrouvés près de la frontière.»
On ignore encore si le véhicule a été volé par les ravisseurs et déplacé, ou si le chauffeur, Fiacre Gbédji, un guide expérimenté de 28 ans, tué d'une balle dans la tête, les avait emmenés lui-même près de la frontière, une zone classée dangereuse par la France mais dont l’accès n’est pas interdit, et où les agences locales continuaient à organiser des visites.
«Il n’est pas question de blâmer les voyageurs»
Dimanche, sur BFM, Marine Le Pen fustigeait l'«inconscience» du couple, et jugeait que «le président de la République n’avait pas à les accueillir un peu comme des héros». La veille, le maire de Toulon, Hubert Falco (LR), avait utilisé quasiment les mêmes termes dans un tweet :
«Nos seuls compatriotes qui méritent aujourd’hui l’hommage de la Nation, ce sont nos deux héros, #CedricdePierrepont et #AlainBertoncello, nos deux soldats varois morts au combat, pour sauver la vie de touristes inconscients ! Eux, et eux seuls, méritent d’être honorés par la Nation !»
Sur les réseaux sociaux, les deux hommes se retrouvaient accusés d’être responsables de la mort des militaires. Pourtant, du côté des autorités, le ton était beaucoup plus pondéré. Selon la même source au Quai d’Orsay, «il n’est pas question de blâmer les voyageurs. Certes, ils auraient dû, comme tous les Français à l’étranger, éviter de prendre des risques pour leur sécurité, et suivre les mises à jour du ministère, qui donnent des informations recoupées suivant une procédure très rigoureuse. Mais à leur arrivée, ils se sont exprimés avec beaucoup de sobriété et de responsabilité, et ont admis avoir agi avec trop de légèreté. Il n’y a pas de raison de les stigmatiser».
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