Exorcisme, hypnose, retraite religieuse... les «thérapies de conversion» dans le viseur

Laurence Vanceunebrock (LaREM) et Bastien Lachaud (LFI) proposent d’instaurer une infraction spécifique dans le Code pénal pour réprimer des pratiques qui visent à transformer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.


C’est un phénomène encore «méconnu en France» mais «qui prend de l’ampleur», selon Laurence Vanceunebrock (LREM) et Bastien Lachaud (LFI) qui ont rendu mercredi les conclusions d’une mission parlementaire «flash» sur les thérapies de conversion. Ces pratiques variées qui visent à transformer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, devraient faire l’objet d’un «délit spécifique dans le Code pénal», ont-ils estimé, avant d’annoncer le dépôt d’une proposition de loi dans les prochains mois.

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«L’expression‘‘thérapie de conversion ’’est née aux États-Unis dans les années 1950 et a longtemps été employée par des professionnels de santé convaincus à tort que l’homosexualité était une maladie qui pouvait être guérie», rappellent-ils dans leur communication. Outre-Atlantique, le nombre de victimes a été estimé à 700.000, selon une étude américaine. En France, où l’homosexualité n’est plus classée parmi les pathologies psychiatriques depuis 1992, les élus signalent «une centaine de cas récents».
Une estimation encore floue en l’absence de «mesure objective» mais qu’ils ont fondé sur leurs auditions. L’association Le Refuge, qui accompagne des jeunes victimes d’homophobie, indique notamment avoir reçu neuf à dix appels par mois concernant ces «thérapies» sur la ligne d’écoute en 2019. Un nombre «en forte hausse». «Plus de la moitié de ces appels concernent des‘‘thérapies religieuses’’, un tiers des‘‘thérapies médicales’’et le reste concerne des ‘‘thérapies sociétales’’», ont relayé les députés qui ont repris cette classification.


Exorcisme islamique
Les «thérapies» religieuses sont principalement organisées par les associations Torrents de vie (évangélique) et Courage (chrétienne). Ces dernières consistent à convaincre les participants, au travers des temps de prière mais aussi d’entretiens particuliers avec un père spirituel, qu’elles peuvent changer d’orientation sexuelle ou mener une vie chaste.

Au-délà de ces pratiques décrites comme «à la limite de la légalité», Jean-Michel Dunand, prieur de la Communion Béthanie, a raconté avoir subi «huit exorcismes dans sa jeunesse» pour être «libéré» du «démon de l’homosexualité», lors d’une table ronde organisée par les députés avec des associations LGBT au sein des églises. Une pratique également évoquée dans le livre du journaliste Jean-Loup Adénor (Dieu est Amour, Flammarion), qui a infiltré Torrents de vie en 2018. Le président de l’Amicale des Jeunes du Refuge, Mehdi Aïfa, a également indiqué avoir recueilli des témoignages de pratiques de «ruqyah», un exorcisme islamique qui passe par une «lecture intensive de versets coraniques en rapport avec la maladie» et par «le toucher de certaines parties du corps - souvent les extrémités des membres - pour aider le «démon» à s’en aller». Yacine Djebelnouar, président de l’association Shams, association LGBT des personnes maghrébines en France, a raconté le cas d’un jeune homosexuel incité par sa famille à partir «faire le djihad auprès de groupes salafistes du Maroc dans le but de‘‘se laver de ses péchés’’».

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