Je remonte un article de 2017 sur le sujet (expropriation)
Ouled El Ayachi : Destruction d'un bidonville né sous les yeux des autorités
Les assauts de bulldozer se sont multipliés dernièrement sur Douar Ouled El Ayachi, un bidonville qui se situe entre Salé et Bouknadel. Pour cause, les constructions en dur non réglementaires sont interdites par la loi, ce que les autorités locales n'ont eu l’air de remarquer que depuis la dernière Hamla (campagne). Aujourd’hui, la bourgade compte à peu près 1 200 ménages vivant dans un habitat insalubre plus ou moins ancien.
Sur la nationale d’Ameur, une commune rurale à l’extrémité nord de Salé, fleurissent lotissements, résidences de logements économiques mais aussi invisibles : le douar de Ouled El Ayachi. Sur ces terres collectives, 1 200 familles ont construit des habitations en dur, dont une partie a été détruite par les autorités locales mais rebâtie presque aussitôt.
Sur place, les habitants disent avoir acheté des terrains de 50m2 aux «propriétaires» de ces terres collectives. Un achat au noir contre un document de lègue ou d’abandon de propriété dont les signatures légalisées ne leur octroient aucune validité juridique. Vivant en précarité, les habitants de la bourgade, interrogés par Yabiladi crient à l’injustice :
«On nous chasse dehors en plein froid et personne ne veut louer pour une famille avec des enfants. D’ailleurs on en a pas les moyens.»
Installés depuis 2011 ou plus récemment, certains habitants du douar disposent de l’adresse de Ouled El Ayachi sur leurs cartes d’identité. Pour ces familles, c’est une preuve incontestable de leur droit au logement, au droit d’exister sur l’adresse écrite au dos du document délivré par les autorités, les mêmes qui ont fermé l’œil quand ils construisaient leurs demeures. Keltoum, dont le mari est impotent, ne sait plus à quel saint se vouer :
«Mes enfants de deux et trois ans sont asthmatiques et ils viennent nous agresser ! Si j’avais du travail et pouvais me payer un loyer, je ne serai sûrement pas là.»