Figuig ville marocaine stratégique marginalisée

Le tracé de la frontière, puis sa fermeture, ont eu pour première conséquence l’isolement et l’enclavement de Figuig, modifiant en profondeur la situation géographique de l’oasis ou, plutôt, soulignant toute sa relativité. En effet, c’est précisément cette situation, la centralité de l’oasis dans les espaces steppiques de l’est marocain ou de l’ouest algérien qui a justifié les entreprises de conquêtes et de contrôle dont Figuig a fait l’objet. Ainsi, en 1896, les explorateurs Henri Poisson de la Martinière et Napoléon Lacroix écrivent dans un document rédigé pour le compte du Gouvernement général de l’Algérie :



« C’est le véritable centre d’action de la région au sud-ouest de l’Algérie car c’est l’entrepôt où tous les nomades de la contrée viennent déposer leurs approvisionnements, c’est le lieu d’asile et de ravitaillement accoutumé de nos dissidents en temps d’insurrection, c’est le refuge habituel des coupeurs de route et des batteurs d’estrade qui peuvent attendre en toute sécurité l’occasion de tenter de nouveau la fortune ; c’est enfin le point de convergence presque forcé de toutes les routes de la contrée. Cette grande importance de l’oasis de Figuig provient de sa situation géographique. Placée en effet au Sud-Ouest et au pied du pâté montagneux des Amour de l’Ouest, elle en commande toutes les issues. Une semblable position, qui fait déjà la force des nomades dans leurs luttes contre nous deviendrait aux mains d’un adversaire bien organisé une menace sérieuse pour l’Algérie. Car la non-occupation de Figuig sera perpétuellement à notre désavantage, en laissant toujours ouverte sur notre flanc une sorte de porte d’accès par où un envahisseur audacieux pourra, en suivant, comme l’a montré jadis le Général Saussier, le long couloir formé par la chaîne des Ksour, atteindre Laghouat, c’est-à-dire le centre de l’Algérie  »

Figuig est alors « l’oasis reine (Eberhardt, 2003, p. 88. ) » du Sud Oranais évoquée par Isabelle Eberhardt, dont le rayonnement et la place stratégique suscitent les convoitises coloniales. Un peu plus d’un siècle plus tard force est de constater que cette « centralité » a laissé la place à la marginalité. Or celle-ci est moins le résultat des évolutions socio-économiques ou des changements de mode de vie que celui d’un processus historique : l’imposition d’une frontière devenue imperméable et une marginalisation orchestrée par les autorités coloniales puis par l’État marocain, au lendemain de l’indépendance.
 
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Durant la Première Guerre mondiale, alors que le Maroc est devenu protectorat français, le géographe Émile-Félix Gauthier, professeur à Alger, confirme :

« Dans l’unité administrative qu’on appelle actuellement le Maroc Oriental, et qui est le Maroc de l’est de la Moulouya, on apprendra peut-être avec surprise que Figuig est de beaucoup l’agglomération urbaine la plus importante. La capitale administrative, Oujda, a 6 000 ou 7 000 habitants ; Figuig a près du double, 10 000 à 12 000. [...] Dans un pays où les agglomérations urbaines comptent leurs âmes par centaines, Figuig, avec ses 10 000 habitants, est une sorte de ville monstre »


À la même époque donc, Oujda n’est encore qu’une petite ville. Elle sera dynamisée, durant la période du protectorat par l’arrivée de colons européens et surtout de migrants algériens et par le développement de la place militaire.
 
Le nom même de Figuig a changé de sens avec la création des États modernes et de leurs frontières. Historiquement, en effet, Figuig désigne moins une localité, une oasis clairement délimitée qu’un ensemble oasien, une région, un petit pays, mentionné dans la littérature coloniale comme « le Figuig  À partir des années 1880, la présence française s’affirme dans… », au même titre que l’on parle du Tafilalet, berceau saharien de la monarchie alaouite. Diverses sources font ainsi référence à un ensemble d’une vingtaine de ksour au milieu du XIXe siècle, tandis qu’au début du XXe siècle les textes en mentionnent une douzaine.

Selon Amar Abbou, président du conseil municipal de Figuig et historien :

« Le Figuig ou le “pays de Figuig”, s’étendait, à la fin du XIXe siècle, jusqu’aux frontières du Touat au sud, l’oued Guir à l’ouest, l’oued Namous à l’est, et les hauts plateaux au nord. Cette région englobait tout le territoire des tribus nomades des Beni Guil, des Amour, des Daoui Manîa, des Ouled Sidi Cheikh et certaines fractions des Hamyan »


Ce vaste territoire faisait partie du bled siba, ces espaces de la dissidence, mal contrôlés par le pouvoir marocain même si les tribus avaient pour l’essentiel fait allégeance au sultan, tandis que l’Algérie, au nord, était sous domination ottomane.

Comme le précise encore Amar Abou :

« La faiblesse de l’autorité du pouvoir central, pendant une longue période de l’histoire, explique l’importance des institutions traditionnelles dans le contrôle de la société et de l’espace. La plus importante reste la jmaâ qui jouait un rôle social, économique, politique »
 
Figuig fut l’une des premières villes choisies pour une audience publique de l’IER, elle a eu lieu en janvier 2005. Il s’agissait de recueillir des témoignages de la répression subie par des habitants de Figuig entre les années 1960 et 1980, et notamment après une série d’actions insurrectionnelles qui, en 1973 firent suite aux tentatives de coup d’État de 1971 et 1972  Cf. Vermeren, op. cit.. La répression se traduisit par des arrestations massives, spécialement parmi les sympathisants et militants des partis de gauche, les syndicalistes ou les étudiants. Disparitions, emprisonnements, tortures, harcèlement des familles, confiscations de biens, pertes d’emplois et de moyens de subsistance, exil et sentiment de punition collective infligés par le pouvoir sont évoqués dans ces témoignages  Voir la synthèse de l’audition de Figuig sur le site de l’IER :…. Il en ressort également une grande amertume de la part de gens appartenant à des familles ayant résisté à la colonisation française et en ayant également subi la répression. À cette occasion, des habitants se sont également exprimés pour évoquer la question des biens et des terres perdus en raison de la fermeture de la frontière.



Ainsi, le climat instauré par l’IER a permis une « levée des tabous » selon Omar Saadi, enseignant au Lycée de Figuig, initiateur d’une association qui s’est fixée pour objectif de recenser les biens perdus, de se faire la porte-parole des familles ayant subi des préjudices et de réclamer des indemnisations. Dans ce contexte, est née en 2006 « l’Association équité pour les victimes de Figuig » (Jama’iat insaf al-mutadaririn be-fijij), empruntant à l’IER la notion d’équité et s’inscrivant clairement dans la dynamique que celle-ci a impulsé. Toutefois, selon les responsables de l’association l’objectif n’est pas seulement de demander des réparations matérielles à l’État marocain, mais également de « préserver la mémoire et l’identité » en lien avec une question, la perte des terres, qui selon leurs propres mots reste une « blessure profonde », faite « d’humiliations et de déni ».


Selon un document fourni par l’association, qui comptait 1 600 adhérents en mai 2009, 616 familles ont recensé leurs biens perdus (sur environ 800 qui seraient concernées, essentiellement originaires de Zénaga). Le recensement fait mention de quelque 130 000 palmiers et d’environ 2 000 hectares de terre répartis sur 23 secteurs frontaliers situés entre 2 et 26 kilomètres de Figuig. Leur perte s’étend sur une période qui va de 1955 pour les plus éloignés à 1976, date du déclenchement du conflit du Sahara occidental. Certains secteurs, nous l’avons mentionné, ont pu être exploités entre 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, et 1976 par des agriculteurs disposant de laissez-passer.
 
En effet, au-delà de la question de Figuig, la position officielle du Maroc est désormais de demander la réouverture de la frontière  Rabat a formulé une demande officielle en ce sens en mars 2008. en mettant en avant non seulement la nécessité de relations de bon voisinage et le coût économique de la fermeture  Cf. Ghiles F., « Le “non-Maghreb” coûte cher au Maghreb », Le… mais également des demandes « citoyennes Cf. une pétition en ligne appelant à la réouverture de la… » et notamment celles des Marocains expulsés d’Algérie à la fin des années 1970 et des familles séparées. Cependant, si côté marocain la fermeture de la frontière handicape fortement une économie fragile, même si elle génère des trafics dont certains tirent profit  Cf. Cembrero I., « La plus longue frontière fermée du monde »,…, pour les Algériens dont l’économie repose sur la rente pétrolière, l’impératif n’est pas le même et le règlement du conflit du Sahara occidental apparaît comme un préalable à la normalisation des relations avec le Maroc. En outre, Alger reproche à Rabat son laxisme, voire sa complaisance, vis-à-vis du terrorisme, du trafic de drogue et des migrations clandestines qui contribueraient à « déstabiliser l’Algérie ». La question frontalière à Figuig s’inscrit ainsi dans des logiques et des enjeux géopolitiques qui dépassent largement le territoire de l’oasis.



Si la frontière demeure une barrière très peu perméable qui bloque en tous sens le développement de la ville, les initiatives visant à sa réouverture et à la reconnaissance des préjudices liés à sa création puis à sa fermeture ont une portée symbolique essentielle. Certes, les objectifs paraissent pour l’heure hors d’atteinte, mais ces revendications n’en permettent pas moins de penser un autre avenir que celui de l’impasse, d’affirmer une mémoire et une identité locales, et de permettre à ceux qui les portent et à la société oasienne dans son ensemble de redevenir acteurs de l’histoire. Plus encore, au-delà des relations entre le Maroc et l’Algérie, c’est également le rôle de la France qui est mis en cause. La frontière est en effet un héritage de sa politique coloniale tandis qu’émergent de nouvelles revendications concernant les conséquences des essais nucléaires au Sahara (1960-1966) mais également celles des essais d’armes chimiques réalisés dans le « polygone » de l’oued Namous, à quelques dizaines de kilomètres à l’est de Figuig  La France a installé à partir de 1935, à une cinquantaine de…. Dans ce bout du monde que constitue l’oasis de Figuig, émerge ainsi une « géopolitique par le bas », qui vise à mettre les États face à leurs responsabilités.
 
Bonjour,

En parlant de Figuig, il paraît que des familles figuiguiennes vont devoir à partir du 18 mars, abandonner leurs palmeraies qui se situent du côté algérien selon le tracé actuel la frontière. D'après les locaux, ces terres ancestrales sont exploitées par ces familles au moins depuis le temps de la présence française.

Un autre cas, avec le Sahara, où la monarchie de l'époque n'a pas su/pu négocier de manière satisfaisante la défense d'intérêts territoriaux de citoyens marocains. Résultat, les générations qui ont suivi continuent de payer les pots cassés.
 
Dernière édition:
Bonjour,

En parlant de Figuig, il paraît que des familles figuiguiennes vont devoir à partir du 18 mars, abandonner leurs palmeraies qui se situent du côté algérien selon le tracé actuel la frontière. D'après les locaux, ces terres ancestrales sont exploitées par ces familles au moins depuis le temps de la présence française.

Un autre cas, avec le Sahara, où la monarchie de l'époque n'a pas su/pu négocier de manière satisfaisante la défense d'intérêts territoriaux de citoyens marocains. Résultat, les générations qui ont suivi continuent de payer les pots cassés.
c'est tout à fait exact
 
Bonjour,

En parlant de Figuig, il paraît que des familles figuiguiennes vont devoir à partir du 18 mars, abandonner leurs palmeraies qui se situent du côté algérien selon le tracé actuel la frontière. D'après les locaux, ces terres ancestrales sont exploitées par ces familles au moins depuis le temps de la présence française.

Un autre cas, avec le Sahara, où la monarchie de l'époque n'a pas su/pu négocier de manière satisfaisante la défense d'intérêts territoriaux de citoyens marocains. Résultat, les générations qui ont suivi continuent de payer les pots cassés.
Normalement c est illégal ce qui font , normalement ça appartient au Maroc
 
Normalement c est illégal ce qui font , normalement ça appartient au Maroc
Oui, la logique voudrait que ces terres, propriétés de paysans figuiguiens depuis des générations (depuis des siècles probablement ?) se retrouve naturellement du côté marocain. Sauf que la réaction des autorités locales d'après l'article, ainsi qu'une déclaration d'une source militaire marocaine il y a quelques jours niant toute incursion algérienne en territoire marocain laissent à penser visiblement que le Maroc admet que la zone en question revient à l'Algérie, auquel cas l'affaire est pliée.

Y a-t-il eu un accord en ce sens ? Quand a-t-il été signé ? Par qui ? Si tel est le cas, c'est encore une fois l'occasion regrettable de constater les conséquences fâcheuses d'une attitude par laquelle l'Etat Marocain, à de multiples reprises par le passé, a fait sa petite cuisine tout seul dans son coin, sans concertation avec les principaux intéressés, et même parfois sans leur connaissance, jusqu'au jour où ceux-ci découvrent la dure réalité et se retrouvent devant le fait accompli.

A mon avis, ce n'est pas l'Algérie qu'il faut reprendre sur ce coup. L'Algérie est ce qu'elle est. De la même manière qu'on ne peut reprocher au diable d'être le diable. Le diable est ce qu'il est. Quand on agit mal ou pas avec suffisamment de prudence, c'est d'abord de notre faute. De la même manière, c'est le Maroc qui est garant des intérêts de ses citoyens et non l'Algérie.

La question est maintenant de savoir ce que deviendront ces pauvres paysans expropriés. A priori ils disposent de documents attestant de leur droit de propriété. Seront-ils indemnisés ? Par qui ? L'Algérie ou le Maroc ? De quels recours juridiques disposent-ils ? L'Etat les accompagnera-t-il dans leurs démarches ? Y a-t-il espoir d'une issue favorable leur permettant de retrouver l'accès à leurs terres à l'avenir ?

Pour l'instant, le Maroc officiel n'a pas communiqué sur l'affaire, hormis la déclaration de la source militaire il y a quelques jours. L'essentiel des informations qui remontent au public sont recueillies auprès de la population locale. Encore un peu tôt pour formuler des jugements hâtifs, il faudra attendre de savoir plus clairement ce qu'il pense de cette affaire ainsi que les actions qu'il compte entreprendre.
 
Dernière édition:
Bonjour,

En parlant de Figuig, il paraît que des familles figuiguiennes vont devoir à partir du 18 mars, abandonner leurs palmeraies qui se situent du côté algérien selon le tracé actuel la frontière. D'après les locaux, ces terres ancestrales sont exploitées par ces familles au moins depuis le temps de la présence française.

Un autre cas, avec le Sahara, où la monarchie de l'époque n'a pas su/pu négocier de manière satisfaisante la défense d'intérêts territoriaux de citoyens marocains. Résultat, les générations qui ont suivi continuent de payer les pots cassés.
Je suis entièrement d'accord avec toi. Ce qui me réconforte dans l'idée de ne plus rien négocier ni attendre des gens d'en face.
 
Normalement c est illégal ce qui font , normalement ça appartient au Maroc
C'est une question d'interprétation malheureusement, mais je ne crois pas que le Maroc va céder aussi facilement, mais je ne crois pas non plus que le Maroc veut une confrontation armée pour quelques hectares. N'oubliez pas que l'Algérie est en situation de désespoir et ils n'attendent que ça pour déclencher une guerre.
 
Je suis entièrement d'accord avec toi. Ce qui me réconforte dans l'idée de ne plus rien négocier ni attendre des gens d'en face.

Je suis d'accord. Dans la configuration actuelle, il n'y a rien à en attendre. On ne raisonne pas un pervers narcissique. C'est une perte de temps et d'énergie. Et je prends soin de souligner que le choix du qualificatif n'a pas pour but d'insulter ou de provoquer, mais de qualifier soigneusement un comportement qu'aucun autre mot que je connaisse ne saurait objectivement mieux décrire, peut-être en raison de mon vocabulaire limité.

Comme dirait l'autre, "Vous n'aurez pas le courage de combattre l'ennemi qui nous attaque, si vous n'avez même pas le courage de le nommer."

Seulement, pour me permettre une digression puisque je ne participe que rarement au forum et c'est l'occasion, je crois qu'il est capital que dans le moment décisif que vit le Maroc, ce dernier cesse d'abord d'être son premier ennemi.

Je pense, et j'espère me tromper, que les mois, les années à venir risquent d'être difficiles.
La reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-unis, si elle n'a pas été explicitement annulée, n'a pas été non plus franchement réaffirmée pour l'instant, ce qui, combiné à la présence de certains éléments pro-Algérie/Polisario dans la nouvelle administration (cf Robert Malley) qui risquent de causer quelques soucis, laisse planer des doutes sur l'entrain que mettra Biden à appuyer/rejeter des résolutions en faveur/aux dépens du Maroc au sein des instances internationales. La Russie de son côté, soucieuse de se positionner comme contrepoids aux américains, et même si elle n'est pas spécialement anti marocaine, s'opposera très probablement à des résolutions américaines très en faveur du Maroc. La Grande-Bretagne est encore hésitante et divisée sur le chemin à prendre.
Je ne miserais pas non plus sur le Hirak algérien, qui, en supposant qu'il aboutisse à quelque chose, ne garantit en rien un changement dans l'animosité algérienne à l'égard du Maroc. Peut-être oui, mais peut-être pas, et peut-être encore pire.
Comme si ça n'était pas suffisant, la présence de gisements colossaux de matériaux terres rares sous marins au large du Sahara et au sud des Canaries complique encore plus une situation déjà compliquée et stimule probablement à l'heure qu'il est l'appétit de grandes et moyennes puissances.
La page de la France franchement marocophile ressemble de plus en plus à un doux souvenir, avec le départ des Chirac, Giscard d'Estaing, Lang, Sarkozy, Borloo ... La nouvelle génération montante de politiciens français de droite et du centre/gauche, moins universaliste et plus travaillée par la question de la redécouverte de l'identité européenne dans un monde globalisé qui change à la vitesse de la lumière et où les repères se perdent, ne semble pas entretenir les mêmes liens (mais je peux me tromper) et a d'autres chats plus prioritaires à fouetter : immigration, affirmation de l'identité culturelle européenne, réindustrialisation de la France et du continent, repositionnement de l'Europe comme puissance politique et économique majeure dans le monde ... et dans un contexte malheureusement où l'idée de l'affrontement civilisationnel entre l'Occident chrétien et l'Islam refait doucement son chemin dans les esprits, tout ce qui a trait l'Islam est sujet à méfiance et le Maroc, pays musulman, est donc concerné. Pour le reste, l'extrême gauche française, a toujours montré des penchants pour les pays, les organisations plus proches idéologiquement.
 
Aussi est-il impératif encore une fois que le Maroc cesse d'être son premier ennemi.
Il faut qu'il fasse plus d'efforts pour apprendre à mieux considérer ses propres citoyens.
Que la situation économique s'améliore doucement, soit. Que les marocains doivent patienter avant de voir le résultat des réformes entreprises, soit. Mais il est un pan qui demande peu, mais qui produit beaucoup. Celui de mieux considérer ses citoyens. C'est à la fois facile, car ça ne demande pas de sous, au contraire ça en épargne beaucoup, mais dans le même temps ça n'est pas évident car ça nécessite d'avoir la capacité de porter un regard nouveau.
Je m'excuse mais condamner un militant, célibataire, à l'entrée de la quarantaine, à 20 ans de prison, c'est pratiquement annihiler pour lui tout espoir de fonder un jour un foyer et d'avoir un avenir. Quoi qu'il ait pu dire sous l'effet du désespoir, la sentence est on ne peut plus disproportionnée, rabaissante, humiliante et injuste. Surtout que le militant rifain en question n'est pas séparatiste et soutient par ailleurs la marocanité du Sahara.
C'est par ce genre de comportements aberrants, justifiés par la nécessité de maintenir l'ordre et la stabilité du pays, que l'Etat Marocain fabrique ceux qui plus tard seront traités de "traîtres". Comme disait Saint-Exupéry, "La vie crée l'ordre, mais l'ordre ne crée pas la vie." ou encore "L'ordre est signe de l'existence et non sa cause, l'ordre pour l'ordre est caricature de la vie".
Dans les années 2000, un jeune capitaine de l'armée avait été condamné parce qu'il avait dénoncé la corruption au sein de sa hiérarchie. Plus tard, à sa sortie de prison, il lui a été impossible de trouver du travail au Maroc à cause d'ordres venant d'en haut, et ce malgré les compétences techniques pointues qu'il a pu accumuler au sein de l'armée. Aujourd'hui, il est bien sûr anti monarchique, mais aussi pro Polisario. On sous estime souvent les effets d'un ressentiment qui ne trouve pas d'oreille attentive pour se déverser. Quand toutes les portes se referment et qu'il ne semble plus y avoir d'espoir d'avoir justice, il n'y a plus rien à perdre, et toute la logorrhée sur l'amour inconditionnel du pays résonne creux car ces mots ne veulent plus rien dire et n'ont plus de consistance.

Le Maroc a besoin de tous ses enfants. Et dans la guerre qui se prépare, non souhaitable et pour l'instant encore hypothétique mais qui n'est pourtant à l'évidence pas à écarter, face aux algériens, iraniens (il n'est pas exclu que ceux-ci équipent à un moment ou à un autre le Polisario de missiles pouvant atteindre les positions marocaines) et autres partis câblés de la même manière, l'appui qui sera apporté au Maroc par ses partenaires est certes important, mais c'est à n'en point douter de jeunes marocains, et de moins jeunes, qui verseront leur sang pour défendre la patrie de leurs aïeux.
Aussi est-il impératif que le Maroc cesse d'être son premier ennemi.
 
Le tracé de la frontière, puis sa fermeture, ont eu pour première conséquence l’isolement et l’enclavement de Figuig, modifiant en profondeur la situation géographique de l’oasis ou, plutôt, soulignant toute sa relativité. En effet, c’est précisément cette situation, la centralité de l’oasis dans les espaces steppiques de l’est marocain ou de l’ouest algérien qui a justifié les entreprises de conquêtes et de contrôle dont Figuig a fait l’objet. Ainsi, en 1896, les explorateurs Henri Poisson de la Martinière et Napoléon Lacroix écrivent dans un document rédigé pour le compte du Gouvernement général de l’Algérie :



« C’est le véritable centre d’action de la région au sud-ouest de l’Algérie car c’est l’entrepôt où tous les nomades de la contrée viennent déposer leurs approvisionnements, c’est le lieu d’asile et de ravitaillement accoutumé de nos dissidents en temps d’insurrection, c’est le refuge habituel des coupeurs de route et des batteurs d’estrade qui peuvent attendre en toute sécurité l’occasion de tenter de nouveau la fortune ; c’est enfin le point de convergence presque forcé de toutes les routes de la contrée. Cette grande importance de l’oasis de Figuig provient de sa situation géographique. Placée en effet au Sud-Ouest et au pied du pâté montagneux des Amour de l’Ouest, elle en commande toutes les issues. Une semblable position, qui fait déjà la force des nomades dans leurs luttes contre nous deviendrait aux mains d’un adversaire bien organisé une menace sérieuse pour l’Algérie. Car la non-occupation de Figuig sera perpétuellement à notre désavantage, en laissant toujours ouverte sur notre flanc une sorte de porte d’accès par où un envahisseur audacieux pourra, en suivant, comme l’a montré jadis le Général Saussier, le long couloir formé par la chaîne des Ksour, atteindre Laghouat, c’est-à-dire le centre de l’Algérie  »

Figuig est alors « l’oasis reine (Eberhardt, 2003, p. 88. ) » du Sud Oranais évoquée par Isabelle Eberhardt, dont le rayonnement et la place stratégique suscitent les convoitises coloniales. Un peu plus d’un siècle plus tard force est de constater que cette « centralité » a laissé la place à la marginalité. Or celle-ci est moins le résultat des évolutions socio-économiques ou des changements de mode de vie que celui d’un processus historique : l’imposition d’une frontière devenue imperméable et une marginalisation orchestrée par les autorités coloniales puis par l’État marocain, au lendemain de l’indépendance.
Je m'excuse d'avoir détourné le post.
Merci pour toute cette riche documentation qui nous révèle ce qu'était Figuig à une époque pas très lointaine.
 
C'est une question d'interprétation malheureusement, mais je ne crois pas que le Maroc va céder aussi facilement, mais je ne crois pas non plus que le Maroc veut une confrontation armée pour quelques hectares. N'oubliez pas que l'Algérie est en situation de désespoir et ils n'attendent que ça pour déclencher une guerre.

Bonjour,

Le Maroc a toujours cédé et il cèdera toujours.

Depuis 1845, en vertu du traité de Lalla Maghnia, année où il a renoncé à d'immenses territoires au profit de l'Algérie française, il abandonne ses terres petit à petit car il ne fait pas le poids devant les forces qui le menacent de part et d'autre. Évidemment, c'est le peuple qui paye. Ni le roi ni ses serviteurs ne sont inquiétés.

À Figuig, les "quelques hectares" dont tu parles sont des terres cultivées, riches et productives qui constituent la source de revenus de nombreuses familles dépossédées. C'est plus de 20 000 palmiers dattiers qui produisent la meilleure qualité de dattes au monde. Je trouve cette manière de banaliser la situation tout à fait lamentable. Il faut savoir que le même scénario s'est déjà produit en 1975 lorsque l'État algérien a expulsé des centaines de milliers de familles MAROCAINES et en a détenu d'autres, les dépouillant de tous leurs biens avant de les jeter comme des malpropres. Qu'a fait le Maroc pour les aider? Il leur a distribué des sacs de blé des États-Unis. Pour le Marocain qui se respecte, c'est une insulte. Et Basri à l'époque s'est contenté de leur répondre : "Mais on vous a dédommagés!".... la blague du siècle.

Au Sahara occidental, le moindre grain de sable compte. Au Sahara oriental, tout est à vendre.

J'espère que tu le sais : c'est par Figuig que les Français sont entrés au Maroc de force. Mes aïeux se sont battus jusqu'au dernier souffle pour les empêcher d'envahir le territoire. Qu'a fait le Maroc pour les aider? RIEN.

Tu t'es-tu déjà demandé pourqui l'Algérie s'évertue autant à s'armer? ce n'est sûrement pas pour libérer la Palestine. Quand des soldats de l'armée algérienne entrent et sortent PAR LA FRONTIÈRE TERRESTRE CENSÉE ÊTRE FERMÉE, les militaires marocains ne peuvent pas bouger le petit doigt. Ils se promènent entre les deux territoires comme bon leur semble. Que les militaires marocains essayent de faire pareil, et tu verrais le résultat. Le jour où un militaire algérien a vidé son arme sur un Marocain EN SOL MAROCAIN, est-ce que le Maroc a réagi? NON. Trente et quelques balles sur une seule personne!!!

Il est vrai que la question du tracé des frontières dans la région est des plus nébuleuses. Mais le droit a l'exploitation des terres privées est garanti par des conventions internationales. Nous espérons juste que nos concitoyens puissent le revendiquer.

Des territoires entiers hier, "quelques hectares" aujourd'hui, et le trois quart du Maroc demain. Je suis fataliste et je l'assume. Il n'y aura rien à gagner pour les Marocains.

Pour ceux que ça concerne, c'est une catastrophe.

Et pour l'anecdote, renseigne-toi pour savoir à qui fait référence le célèbre poste frontalier "Zouj Bghal" et par qui ce fameux nom a été donné.
 
Bonjour,

Le Maroc a toujours cédé et il cèdera toujours.

Depuis 1845, en vertu du traité de Lalla Maghnia, année où il a renoncé à d'immenses territoires au profit de l'Algérie française, il abandonne ses terres petit à petit car il ne fait pas le poids devant les forces qui le menacent de part et d'autre. Évidemment, c'est le peuple qui paye. Ni le roi ni ses serviteurs ne sont inquiétés.

À Figuig, les "quelques hectares" dont tu parles sont des terres cultivées, riches et productives qui constituent la source de revenus de nombreuses familles dépossédées. C'est plus de 20 000 palmiers dattiers qui produisent la meilleure qualité de dattes au monde. Je trouve cette manière de banaliser la situation tout à fait lamentable. Il faut savoir que le même scénario s'est déjà produit en 1975 lorsque l'État algérien a expulsé des centaines de milliers de familles MAROCAINES et en a détenu d'autres, les dépouillant de tous leurs biens avant de les jeter comme des malpropres. Qu'a fait le Maroc pour les aider? Il leur a distribué des sacs de blé des États-Unis. Pour le Marocain qui se respecte, c'est une insulte. Et Basri à l'époque s'est contenté de leur répondre : "Mais on vous a dédommagés!".... la blague du siècle.

Au Sahara occidental, le moindre grain de sable compte. Au Sahara oriental, tout est à vendre.

J'espère que tu le sais : c'est par Figuig que les Français sont entrés au Maroc de force. Mes aïeux se sont battus jusqu'au dernier souffle pour les empêcher d'envahir le territoire. Qu'a fait le Maroc pour les aider? RIEN.

Tu t'es-tu déjà demandé pourqui l'Algérie s'évertue autant à s'armer? ce n'est sûrement pas pour libérer la Palestine. Quand des soldats de l'armée algérienne entrent et sortent PAR LA FRONTIÈRE TERRESTRE CENSÉE ÊTRE FERMÉE, les militaires marocains ne peuvent pas bouger le petit doigt. Ils se promènent entre les deux territoires comme bon leur semble. Que les militaires marocains essayent de faire pareil, et tu verrais le résultat. Le jour où un militaire algérien a vidé son arme sur un Marocain EN SOL MAROCAIN, est-ce que le Maroc a réagi? NON. Trente et quelques balles sur une seule personne!!!

Il est vrai que la question du tracé des frontières dans la région est des plus nébuleuses. Mais le droit a l'exploitation des terres privées est garanti par des conventions internationales. Nous espérons juste que nos concitoyens puissent le revendiquer.

Des territoires entiers hier, "quelques hectares" aujourd'hui, et le trois quart du Maroc demain. Je suis fataliste et je l'assume. Il n'y aura rien à gagner pour les Marocains.

Pour ceux que ça concerne, c'est une catastrophe.

Et pour l'anecdote, renseigne-toi pour savoir à qui fait référence le célèbre poste frontalier "Zouj Bghal" et par qui ce fameux nom a été donné.

J'oubliais, pour ceux qui ne le savent pas, chaque fois que l'armée algérienne pousse ses pions chez nous d'un kilomètre, les militaires marocains reculent de 20 km, et ce, sans réaction aucune des autorités marocaines - voilà comment le Maroc ne cède rien. Ils sont aujourd'hui plus proches que jamais des zones habitées. Et l'étau continue à se resserrer. S'il y en a qui ne se sentent pas concernés, peu importe la raison, qu'ils y réfléchissent à deux reprises. L'histoire ne fait que se répéter.
 
Franchement rien à ajouter on a eu des pietres négociateur que ce soit pour l'indépendance ou après avec l'Algérie, catastrophique, nul, zéro ! La diplomatie du sourire et du thé à la menthe faut la stopper .
 
En attendant, aucun représentant du gouvernement n'a réagi, ne serait-ce que pour éclaircir le fou entourant cette catastrophe. Ajoutons-y que les autorités marocaines n'ont jamais averti les paysans de ce qui les attendaient. Il a fallu qu'un général algérien annonce au pauvre M. B. son ultimatum et sur quel ton irrespectueux... 😭
 
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