La police de la grammaire a encore frappé: dans la même veine que ce blog qui recense tous les guillemets qui n'ont pas lieu d'être, «Excessive Exclamation!!» vise les gens qui s'enflamment sur leur ponctuation exclamative.
Pour le professeur d'anglais Ben Yagoda, qui écrit une tribune dans le New York Times contre le point d'exclamation utilisé à mauvais escient, cette tendance à l'overdose de «!!!» vient en partie de l'Internet. Il cite ainsi les auteurs d'un livre sur l'email qui estiment:
«Parce que l'email est sans affect, il a une qualité monotone qui nécessite presque qu'on fasse tout monter d'un cran pour mettre nos phrases au niveau où elles devraient normalement être.»
Résultat, des points d'exclamation où on n'en a pas besoin mais surtout des doubles et triples points d'exclamation (puisque tout devient exclamatif via l'email, il faut en rajouter pour les phrases vraiment exclamatives).
Ben Yagoda note que la ponctuation a ses propres règles dans les mails et les textos, différente de celle de la vie courante: la fille adolescente d'un de ses amis explique par exemple qu'un point d'exclamation ou trois points d'exclamations sont tout à fait acceptables, mais pas deux. Sans pouvoir expliquer d'où elle tirait cette interprétation, se contentant d'un «C'est juste quelque chose qu'on apprend».
La fille de 21 ans du professeur lui reproche notamment de finir ses SMS par un point final, estimant qu'une information neutre n'a pas besoin de point, et que le point final devient du coup sarcastique.
Et la façon dont on perçoit la ponctuation a une importance qui va au delà de la compréhension père-fille: le slogan de la campagne présidentielle 2012 de Barack Obama est «Forward.» (En avant.). Le point final n'a pas vraiment convaincu, l'ancien président du National Economic Council et conseiller de la campagne Austan Goolsbee estimant au Wall Street Journal:
«C'est comme de dire, "en avant, maintenant arrêtez-vous." Ça pourrait être pire. Ça pourrait être "En avant" virgule, ce qui amènerait la question: "et maintenant?»
Les Américains ne sont pas les seuls à se pencher sur les exclamations. Pierre Desproges dénonçait d'ailleurs cette ponctuation bien avant eux, et avant Internet:
«Le goût, enfin, que nous avons gardé pour la bonne bouche, c’est bien le moindre hommage à lui rendre, peut être considéré comme le plus distingué des cinq sens. Au reste , il fait généralement défaut chez les masses populaires où l’on n’hésite pas à se priver de caviar pour se goinfrer de topinambours ! On croit rêver ! ! C’est pourquoi je fous tout à coup des points d’exclamation partout alors que, généralement, j’évite ce genre de ponctuation facile dont le dessin bital et monocouille ne peut qu’heurter la pudeur.»
http://www.slate.fr/lien/60313/arretez-points-exclamation-ponctuation
Pour le professeur d'anglais Ben Yagoda, qui écrit une tribune dans le New York Times contre le point d'exclamation utilisé à mauvais escient, cette tendance à l'overdose de «!!!» vient en partie de l'Internet. Il cite ainsi les auteurs d'un livre sur l'email qui estiment:
«Parce que l'email est sans affect, il a une qualité monotone qui nécessite presque qu'on fasse tout monter d'un cran pour mettre nos phrases au niveau où elles devraient normalement être.»
Résultat, des points d'exclamation où on n'en a pas besoin mais surtout des doubles et triples points d'exclamation (puisque tout devient exclamatif via l'email, il faut en rajouter pour les phrases vraiment exclamatives).
Ben Yagoda note que la ponctuation a ses propres règles dans les mails et les textos, différente de celle de la vie courante: la fille adolescente d'un de ses amis explique par exemple qu'un point d'exclamation ou trois points d'exclamations sont tout à fait acceptables, mais pas deux. Sans pouvoir expliquer d'où elle tirait cette interprétation, se contentant d'un «C'est juste quelque chose qu'on apprend».
La fille de 21 ans du professeur lui reproche notamment de finir ses SMS par un point final, estimant qu'une information neutre n'a pas besoin de point, et que le point final devient du coup sarcastique.
Et la façon dont on perçoit la ponctuation a une importance qui va au delà de la compréhension père-fille: le slogan de la campagne présidentielle 2012 de Barack Obama est «Forward.» (En avant.). Le point final n'a pas vraiment convaincu, l'ancien président du National Economic Council et conseiller de la campagne Austan Goolsbee estimant au Wall Street Journal:
«C'est comme de dire, "en avant, maintenant arrêtez-vous." Ça pourrait être pire. Ça pourrait être "En avant" virgule, ce qui amènerait la question: "et maintenant?»
Les Américains ne sont pas les seuls à se pencher sur les exclamations. Pierre Desproges dénonçait d'ailleurs cette ponctuation bien avant eux, et avant Internet:
«Le goût, enfin, que nous avons gardé pour la bonne bouche, c’est bien le moindre hommage à lui rendre, peut être considéré comme le plus distingué des cinq sens. Au reste , il fait généralement défaut chez les masses populaires où l’on n’hésite pas à se priver de caviar pour se goinfrer de topinambours ! On croit rêver ! ! C’est pourquoi je fous tout à coup des points d’exclamation partout alors que, généralement, j’évite ce genre de ponctuation facile dont le dessin bital et monocouille ne peut qu’heurter la pudeur.»
http://www.slate.fr/lien/60313/arretez-points-exclamation-ponctuation