Bonjour
Cela s’inscrit parfaitement dans la tendance actuelle à tout biologiser, même les pensées les plus sublimes ou nobles. Il y a 20 ans, on faisait la même chose avec les expériences mystiques de moines bouddhistes ou de religieux chrétiens... Ce genre de recherche qui compare la foi à une drogue (et la comparaison n’est pas anodine. L’opium du peuple?) ne va pas plaire aux croyants pour son caractère iconoclaste et irrévérencieux. De plus, le fait d’opposer sans autre nuance les croyances « scientifiques » de l’université aux croyances religieuses me paraît un peu tendancieux. Il y a beaucoup d’intellectuels, philosophes et scientifiques croyants qui ont bien intégré la science à leur vision du monde, et certains aiment en parler. L’article ne parle pas assez du rôle de la pression sociale dans la perte de foi. La pression sociale peut faire qu’une activité ou pensée qu’on trouvait plaisante devienne culpabilisante et source de honte ou d’aigreur.
Ce n’est pas tout. Oui certains croyants persistent dans la foi parce qu’elle procure des sentiments plaisants (ce qui, si on veut, a une base biologique), mais je doute que tous les croyants aient une approche aussi hédoniste de la foi. Certains sont capables de croire même à travers les épreuves ou l’impression que Dieu ne leur répond pas. Cela est un des thèmes abordés dans la littérature spirituelle. Fonder sa foi sur des sentiments agréables peut être une étape dans le cheminement spirituel, mais c’est pas là qu’il faut s’arrêter. La vie de couple, par exemple, n’apporte pas continuellement des sentiments agréables et passionnels, mais les personnes qui ont mûri ne vont pas tout lâcher simplement parce qu’elles passent par une période de « sécheresse ».
Pour ce qui est de la croyance chrétienne que la foi est un don de Dieu et non une acquisition humaine ou naturelle : il faut pas avoir une vision trop grossière de la foi. Croire en Dieu ou se sentir aimé et protégé (et en retirer un plaisir), cela n’est pas étranger à la foi, mais pas identique non plus. Je doute que ce que les théologiens appellent foi puisse être localisé dans le cerveau... quelle vision du cerveau est-ce là?
La foi peut avoir des effets sur le cerveau, mais ne pas s’y réduire. Par exemple la perception d’un paysage a des effets sur le cerveau, mais le paysage en soi est extérieur au cerveau.