France-Algérie: l'inefficace stratégie des fausses menaces
Beaucoup de bruit pour rien. Depuis quelques mois, Alger s'agite : essais nucléaires, contestation des listes noires dans le transport aérien, et surtout criminalisation de la colonisation. Il n'est pas une semaine sans que certains dans le pays naffichent leur volonté de régler les vieux comptes avec l'ancien colonisateur. Pour quel résultat? Difficile à dire. Dernier rebondissement en date: l'initiative lancée par une centaine de députés de proposer à l'APN une loi visant à criminaliser la colonisation française. A les entendre, c'est une loi nécessaire, utile pour l'Algérie, qui doit être votée rapidement pour mettre définitivement l'ancien colonisateur devant ses crimes. A grand renfort de tribunes médiatiques, de déclarations assassines, les députés ont même réussi à faire trembler la France : leur projet a été grandement relayé de l'autre côté de la Méditerranée.
La France a pris une série de mesures humiliantes à légard de lAlgérie, comme le vote de la loi du 23 février 2005 sur les bienfaits de la colonisation et linscription de notre pays sur la liste noire. A aucun moment, Paris navait menacé ou tenter de marchander. Dans les deux cas, les Algériens ont appris les décisions dans la presse. Côté algérien, cest une toute autre méthode : faire beaucoup de tapage avant de reculer. Hier, le gouvernement a freiné des quatre fers sur la loi criminalisant le colonialisme. Pas question d'inscrire à la session de Printemps cette proposition de loi. Le gouvernement a décidé de prendre le temps d'étudier le projet. Pire : «son adoption ou non dépendra de la circonstance et de la conjoncture dans laquelle nous serons en ce moment-là », a déclaré Abdelaziz Ziari, le président de l'APN. En termes clairs : étant donné la réalité actuelle dégradée des relations bilatérales entre Alger et Paris, les autorités algériennes ne jugent pas forcément opportune une telle loi qui viendrait agraver les choses.
Alors pourquoi un tel tapage qui semble devoir accoucher d'une souris? La concomitance de cette proposition avec les négociations bilatérales sur l'indemnisation des essais nucléaires, les accords de 68 sur l'immigration, pourrait laisser penser qu'il ne s'agit là que d'une énième tentative de faire monter les enchères dans ces débats en cours. Les plus cyniques avancent même que le projet est enterré avant même d'avoir été sérieusement discuté. Retourner le couteau dans les plaies de l'histoire oui, mais aller jusqu'au bout de la démarche et risquer de se brouiller complètement avec Paris, il n'en est pas question.
Yazid Slimani
Beaucoup de bruit pour rien. Depuis quelques mois, Alger s'agite : essais nucléaires, contestation des listes noires dans le transport aérien, et surtout criminalisation de la colonisation. Il n'est pas une semaine sans que certains dans le pays naffichent leur volonté de régler les vieux comptes avec l'ancien colonisateur. Pour quel résultat? Difficile à dire. Dernier rebondissement en date: l'initiative lancée par une centaine de députés de proposer à l'APN une loi visant à criminaliser la colonisation française. A les entendre, c'est une loi nécessaire, utile pour l'Algérie, qui doit être votée rapidement pour mettre définitivement l'ancien colonisateur devant ses crimes. A grand renfort de tribunes médiatiques, de déclarations assassines, les députés ont même réussi à faire trembler la France : leur projet a été grandement relayé de l'autre côté de la Méditerranée.
La France a pris une série de mesures humiliantes à légard de lAlgérie, comme le vote de la loi du 23 février 2005 sur les bienfaits de la colonisation et linscription de notre pays sur la liste noire. A aucun moment, Paris navait menacé ou tenter de marchander. Dans les deux cas, les Algériens ont appris les décisions dans la presse. Côté algérien, cest une toute autre méthode : faire beaucoup de tapage avant de reculer. Hier, le gouvernement a freiné des quatre fers sur la loi criminalisant le colonialisme. Pas question d'inscrire à la session de Printemps cette proposition de loi. Le gouvernement a décidé de prendre le temps d'étudier le projet. Pire : «son adoption ou non dépendra de la circonstance et de la conjoncture dans laquelle nous serons en ce moment-là », a déclaré Abdelaziz Ziari, le président de l'APN. En termes clairs : étant donné la réalité actuelle dégradée des relations bilatérales entre Alger et Paris, les autorités algériennes ne jugent pas forcément opportune une telle loi qui viendrait agraver les choses.
Alors pourquoi un tel tapage qui semble devoir accoucher d'une souris? La concomitance de cette proposition avec les négociations bilatérales sur l'indemnisation des essais nucléaires, les accords de 68 sur l'immigration, pourrait laisser penser qu'il ne s'agit là que d'une énième tentative de faire monter les enchères dans ces débats en cours. Les plus cyniques avancent même que le projet est enterré avant même d'avoir été sérieusement discuté. Retourner le couteau dans les plaies de l'histoire oui, mais aller jusqu'au bout de la démarche et risquer de se brouiller complètement avec Paris, il n'en est pas question.
Yazid Slimani