Gaza, y a-t-il une vie avant la mort ? C’est la question que posent Abdellatif Laâbi et Yassin Adnan en titre de leur Anthologie de la poésie gazaouie d’aujourd’hui aux éditions Points. Vingt-six voix d’autrices et d’auteurs disent l’enfer du génocide et l’indifférence du monde mais aussi la détermination des Palestiniens à rester sur leur terre.
À 83 ans, éternel contestataire, le poète Abdellatif Laâbi reste fidèle à ses combats, notamment celui pour la décolonisation de la Palestine. Créateur de la revue culturelle et de réflexion Souffles (Anfas), au Maroc, en 1966, militant communiste et fondateur du mouvement d’extrême gauche Ila Al Amame (« En avant »), il est arrêté et torturé en 1972, détenu au terrible bagne de Kenitra jusqu’en 1980. Il doit sa libération, à peine anticipée, à une campagne internationale de soutien aux prisonniers. Devenu écrivain et traducteur, il rejoint la France quelques années plus tard pour continuer à porter son écriture et sa voix insoumises dans des romans et essais, de la poésie, du théâtre, des livres pour enfants. Il fut, au cours de sa carrière, le traducteur lumineux de la poésie de Mahmoud Darwich et de Samih Al-Qassim, entre autres. Dès 1970, il traduit et met en forme une première anthologie : La Poésie palestinienne de combat, éditée chez PJO, suivie vingt ans plus tard d’une deuxième : La Poésie palestinienne contemporaine, aux éditions Messidor (Paris). En 2022, l’Anthologie de la poésie palestinienne d’aujourd’hui, éditée chez Points, révèle de nouvelles générations d’auteurs et d’autrices et analyse le contexte de l’occupation israélienne, sans cesse intensifiée.
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À 83 ans, éternel contestataire, le poète Abdellatif Laâbi reste fidèle à ses combats, notamment celui pour la décolonisation de la Palestine. Créateur de la revue culturelle et de réflexion Souffles (Anfas), au Maroc, en 1966, militant communiste et fondateur du mouvement d’extrême gauche Ila Al Amame (« En avant »), il est arrêté et torturé en 1972, détenu au terrible bagne de Kenitra jusqu’en 1980. Il doit sa libération, à peine anticipée, à une campagne internationale de soutien aux prisonniers. Devenu écrivain et traducteur, il rejoint la France quelques années plus tard pour continuer à porter son écriture et sa voix insoumises dans des romans et essais, de la poésie, du théâtre, des livres pour enfants. Il fut, au cours de sa carrière, le traducteur lumineux de la poésie de Mahmoud Darwich et de Samih Al-Qassim, entre autres. Dès 1970, il traduit et met en forme une première anthologie : La Poésie palestinienne de combat, éditée chez PJO, suivie vingt ans plus tard d’une deuxième : La Poésie palestinienne contemporaine, aux éditions Messidor (Paris). En 2022, l’Anthologie de la poésie palestinienne d’aujourd’hui, éditée chez Points, révèle de nouvelles générations d’auteurs et d’autrices et analyse le contexte de l’occupation israélienne, sans cesse intensifiée.
Inlassable dénonciateur du silence
Dans Gaza, Y a-t-il une vie avant la mort ?, treize poétesses et treize poètes, nés entre 1974 et 1998, originaires de Gaza, Jérusalem, Ramallah ou de leur pays d’exil, interpellent les vivants, entre prière et colère. Leurs poèmes, qu’Abdellatif Laâbi a traduits, ont été réunis par l’écrivain marocain Yassin Adnan, cofondateur, dans les années 1990, de la revue L’Algarade poétique et auteur de plusieurs recueils de poésie et d’un roman, Hot Maroc (Actes Sud, 2020). Ils sont présentés par auteur, après une courte biographie. Abdellatif Laâbi, inlassable dénonciateur de l’hypocrisie et du silence qui étouffent le destin du peuple palestinien « abandonné par les dieux et les hommes », éclaire aujourd’hui encore les ressorts de la tragédie qui décompose Gaza, « ce nom qui, juste à le prononcer, écorche les lèvres et brûle les poumons ». Dans l’introduction, « L’empire de la mort. L’ilôt prodigieux de la poésie », il alterne désespoir et espoir, anéantissement et foi dans la résistance, haine et amour.L’apostrophe est brutale. Mais ce que les Gazaouis traversent se situe au-delà encore. Que peut alors la poésie face à l’inhumanité ? Suit le relevé topographique de la mort exposée sous toutes ses formes par celles et ceux qui la vivent en direct, et dont les poèmes resteront les derniers mots. Comme ceux de Rifaat Al-Aareer, tué par un bombardement israélien le 6 décembre 2023, qui ouvre le recueil sous forme d’injonction :Taisez-vous ! Laissez nous parler.
Ou de Noureddine Hajjaj, tué par l’armée israélienne le 3 décembre 2023 :Si je dois mourir
il faut que toi
tu vives
pour raconter mon histoire
(« Si je dois mourir »)
Gaza est en train d’être rayée de la carte. Chaque jour la vie la quitte, sans réapparaître le jour suivant. Qui sait ? La nouvelle de ma mort sera publiée demain.
(« Textes »)
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