[De nouveau, des tentatives de réconciliation entre le Fatah et le Hamas avec médiation égyptienne. Compte tenu de la méfiance mutuelle et de problèmes quasi inextricables, une percée paraît peu probable. En attendant, chacun souhaite surtout éviter de porter la responsabilité d¹un éventuel échec]
Ha¹aretz, 3 novembre 2008
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1033334.html
Pour le Hamas comme pour le Fatah, l¹important est d¹accuser l¹autre Avi Issacharoff
Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant
Jeudi dernier, le Hamas a libéré de prison 17 membres du Fatah en signe de bonne volonté avant la prochaine réunion au Caire, où toutes les factions palestiniennes sont censées signer un accord-cadre de réconciliation.
Cependant, les observateurs palestiniens sont partagés sur la question de savoir si cet accord conduira réellement à une réconciliation et à la formation d¹un gouvernement d¹union nationale qui comprendrait le Fatah et le Hamas, de Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Ce même jeudi, le président Mahmoud Abbas a annoncé qu¹il dirigerait personnellement la délégation du Fatah au Caire, signe apparent d¹une intention sérieuse de parvenir à un accord. Mais, en privé, des représentants du Fatah disent que l¹objectif principal du Fatah est d¹éviter d¹être accusé de faire capoter la réconciliation. Le Fatah, disent-ils, n¹a aucunement l¹intention d¹intégrer le Hamas dans un gouvernement d¹union, et encore moins de l¹intégrer dans les forces de sécurité de l¹Autorité palestinienne, forces actuellement occupées à l¹arrestation de membres du Hamas partout en Cisjordanie.
Pour sa part, le Hamas paraît peu enthousiaste à l¹idée de renoncer à son contrôle total sur Gaza, et il est certain qu¹il n¹acceptera pas de démanteler sa branche armée. De fait, il a explicitement affirmé qu¹il n¹accepterait pas les propositions égyptiennes en l¹état.
Ainsi, il semble que, pour le Fatah comme pour le Hamas, la préoccupation principale soit d¹accuser l¹autre pour l¹échec des pourparlers. Tous les deux parapheront probablement le document égyptien, qui appelle à un gouvernement d¹union nationale à Gaza et en Cisjordanie, à des élections (législatives et présidentielle) anticipées et une refonte complète des services de sécurité de l¹Autorité palestinienne. Mais il est fort peu probable que ce programme soit appliqué à échéance un tant soit peu prévisible.
D¹un point de vue technique, le plus gros problème est la réforme des services de sécurité. Comment un nouveau gouvernement fera-t-il pour former de nouveaux services qui remplaceront ceux qui sont opèrent en ce moment en Cisjordanie et à Gaza ? Que faire des milliers de membres du Hamas enrôlés aujourd¹hui dans des organisations paramilitaires à Gaza ? Selon la proposition égyptienne, 5 commissions composées de membres du Hamas et du Fatah décideront de ces questions. Mais le Fatah craint que diable ne se niche dans les détails et que le Hamas n¹essaie de noyer le sujet par des discussions sans fin.
Al-Ayyam, quotidien palestinien affilié au Fatah, rapportait ce week-end que l¹Egypte comptait fixer un délai d¹un mois au travail de la commission, et que si aucun accord n¹intervenait à cette date, la Ligue arabe publierait alors un communiqué officiel attribuant la responsabilité de l¹échec à l¹une ou à l¹autre des organisations. Mais il est difficile d¹imaginer les pays arabes, qui s¹interdisent en général tout jugement spectaculaire et univoque, faire une exception pour ce cas-ci. Condamner le Hamas serait le pousser encore plus dans les bras de l¹Iran. Condamner le Fatah saperait définitivement la légitimité d¹Abbas dans les territoires palestiniens.
Cela dit, le gel du processus diplomatique dû aux prochaines élections en Israël pourrait conduire Mahmoud Abbas à décider d¹une réconciliation historique avec le Hamas. Dans ce cas, la Cisjordanie et Gaza se retrouveraient réunifiées sous un gouvernement d¹union, et Israël serait face à un choix difficile : rompre ou non les relations avec ce gouvernement.