Guerre en Ukraine : des scandales de corruption qui font tache

Détournement de fonds, favoritisme, vacances en Espagne… L’Ukraine a dernièrement été secoué par plusieurs scandales qui ont mené à des démissions en cascade au sein du gouvernement et des cabinets ministériels. Des affaires qui, en plein conflit contre la Russie, interrogent sur l’utilisation de l’argent public ukrainien, et ce alors même que le pays bénéficie de lourdes subventions de la communauté internationale.


Il y a d’abord eu le ministre de la Défense, Oleksiy Reznikov. Selon le site d’information ZN.UA, il est soupçonné d’être lié à la signature de contrats deux à trois fois plus coûteux que la normale pour l’achat de produits alimentaires de base à destination des forces armées. Des accusations qu’il a dénoncées comme « fausses » et « trompeuses », mais qui lui ont toutefois valu de tomber sous le coup d’un audit interne diligenté par son ministère, bien qu’il puisse rester en poste pour le moment.


Vient ensuite Vasyl Lozynkiï, le vice-ministre du Développement des Communautés et des Territoires, qui a été limogé dimanche 22 février. Interpellé le par le Bureau national ukrainien de lutte contre la corruption (NABU), il est accusé du détournement de l’argent de contrats d’achat d’équipements et de générateurs électriques, pour une valeur de près de 400 000 dollars.


Une arrestation faite dans le cadre d’une enquête visant ce qui est appelé un « groupe criminel organisé » dans le communiqué du NABU. Plusieurs autres fonctionnaires sont ainsi soupçonnés de s’être approprié « une partie des fonds de l’État », normalement destinée à « fournir à la population des sources alternatives d’approvisionnement en lumière, en chaleur et en eau pendant la période hivernale » .


Une corruption endémique en Ukraine​


Ce ne sont pas les seuls scandales. On a ainsi vu un vice-procureur poussé à la démission pour être parti en vacances en Espagne en plein conflit, ou encore la compagne d’un gouverneur récupérer via son entreprise des contrats publics à plusieurs millions d’euros. Même Kyrylo Timochenko, le chef adjoint du bureau présidentiel et fidèle de Volodymyr Zelensky, a demandé à être démis de ses fonctions après avoir été vu en train de rouler dans un 4x4 destiné à l’aide humanitaire.


Ces affaires, qui ont aussi entraîné de multiples démissions au sein des cabinets ministériels, font tache au sein du gouvernement ukrainien. Le pays, rappelons-le, a reçu des milliards d’euros de prêts de la communauté internationale et vient même d’obtenir cette semaine de l’Allemagne et des États-Unis des livraisons de chars.
 
Mais alors que la guerre bat son plein et que le pays est soumis à une forte pression des Occidentaux, faut-il y voir une opportunité pour l’Ukraine de se débarrasser d’une corruption endémique depuis de nombreuses années ? Ou est-ce au contraire le moment parfait pour les personnes mal intentionnées de détourner des fonds publics ? L'Ukraine, loin d’être exemplaire en matière de corruption, est classée 122e sur 180 selon l’indice de corruption de l’ONG Transparency International.


Pour la politiste Alexandra Goujon, maître de conférences à l’Université de Bourgogne et spécialiste de l’Ukraine, la réponse se trouve entre ces deux questionnements. « Depuis la Révolution de Maidan en 2014, la société civile, les ONG de lutte contre la corruption et les journalistes d’investigations mettent une pression constante sur le gouvernement pour en finir avec la corruption systémique dans le pays », assure l’autrice du livre L’Ukraine, de l’indépendance à la guerre (Éditions Le Cavalier Bleu).


Une pression constante de l’UE et de la société civile​


« La guerre et les bailleurs de fonds accentuent encore cette pression : le pays dépend aujourd’hui tellement de l’aide étrangère qu’il ne peut pas se permettre de ne pas lutter contre la corruption », juge-t-elle. « Malheureusement, elle est tellement présente à toutes les échelles, qu’elle se manifestera forcément dans les domaines qui ont pris de l’ampleur ces derniers mois, tels que l’armée et la reconstruction ».


Volodymyr Zelensky, lui-même symbole de lutte anticorruption depuis son rôle dans la série télévisée Serviteur du peuple et l’un des présidents ukrainiens à ne pas descendre de l’oligarchie − est obligé de se montrer ferme face à ces nouvelles accusations. Dans une vidéo publiée dimanche 22 janvier, il a assuré que le gouvernement fournirait une réponse « appropriée » face à ces affaires, qu’il dit prendre très au sérieux. « Je veux que ce soit clair : il n’y aura pas de retour à ce qui existait dans le passé », a-t-il promis.


Au-delà de la bonne volonté du président, la question de la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne a évidemment son rôle à jouer dans cette fermeté. « Si l’Ukraine espère un jour devenir État membre de l’UE et continuer à toucher des subventions, notamment pour la reconstitution du pays après la guerre, elle doit donner des gages en matière de corruption et d’État de droit », justifie Alexandra Goujon. Une nécessité encore renforcée à l’approche du sommet UE-Ukraine, qui aura lieu le 3 février prochain à Kiev.
 
Voici un vol légalisé par « la raison du plus fort » fort grâce à la compromission et au larbinisme des Etats européens, incapables d’assurer leur survie.


Après la colonisation et le pillage des richesses de nombreux pays, aujourd’hui, on assiste à une autre forme d’escroquerie légalisée: voler les biens des autres
Or, argent, pétrole, tout y passe. Afghanistan, Irak, Libye, Tunisie ainsi que les milliard d’avoirs des dictateurs africains et autres, souvent placés par ceux-là même qui les détroussent.
Quel qualifiant donner à ce nouveau courant économique, spoliateur et sans vergogne ?
 
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