"Je rappelle, déclare M. Devedjian au Figaro.fr au sujet du fils de l'ex-président de la République, que cet élu a déjà semé la pagaille à Neuilly, à l'EPAD, au conseil général et cela continue. Je lui dis qu'il aurait tort de me prendre pour David Martinon. Ses pressions ne me conduiront pas à la démission." M. Devedjian met en cause aussi l'ex-chef de l'Etat : "Il y a des pressions des deux", assure-t-il.
Le motif du nouveau conflit qui oppose M. Devedjian aux Sarkozy père et fils est un livre de Marie-Célie Guillaume, la directrice de cabinet de M. Devedjian. Le Monarque son fils, son fief (éditions du Moment, juin 2012, 200 p., 18,50 euros). Ecrit dans un style romanesque, l'ouvrage brosse un tableau accablant de l'exercice du pouvoir par M. Sarkozy. Il met en scène les complots, les menaces et les pressions ourdis, depuis 2007, par les sarkozystes des Hauts-de-Seine et l'Elysée contre l'ex-ministre de la relance.
Lire : La "face sombre de l'ancien monarque" Sarkozy vue des Hauts-de-Seine
"HYPOCRISIE TOTALE"
"Ce livre est une commande de M. Devedjian, affirme au Monde Jean Sarkozy. C'est une attaque par derrière d'une hypocrisie totale. Quand j'ai appelé Devedjian avant sa parution (le 14 juin), il m'a dit qu'il ne licencierait pas son auteure car il défendait la liberté d'expression. Depuis sa parution, il n'a pas eu un mot à l'égard des élus, ciblés dans l'ouvrage avec une violence rare. C'est la preuve qu'il juge que ce livre sert ses intérêts."
Pour tenter de désamorcer la colère de la majorité départementale, M. Devedjian s'est résolu, le 18 juin lors d'un déjeuner avec quelques élus du conseil général, puis le 19 juin devant le bureau départemental de l'UMP, à promettre de licencier Mme Guillaume. Cela n'a pas suffi à apaiser les troupes UMP, ulcérées, qui l'ont invité à venir s'expliquer, lundi 25 juin, et à donner la preuve du départ programmé de cette dernière.
M. Devedjian a répondu par un mail cinglant qu'il ne souhaitait pas se rendre à cette convocation. En son absence, les élus UMP - dont Jean Sarkozy - ont voté lundi (par 14 voix, 2 abstentions et 2 bulletins contre) le retrait de leur confiance à M. Devedjian. Une motion de défiance majoritaire puisque le groupe au conseil général comporte 25 élus.
A la tête de la fronde contre M. Devedjian, Eric Berdoati, rapporteur général en charge du budget au conseil général, affirme ne pas être manipulé par les Sarkozy : "J'ai téléphoné lundi soir à l'ancien président de la République, confie le maire de Saint-Cloud. Je voulais avoir un échange avec lui car il est l'ancien président du département. J'ai senti un homme blessé, peiné par le livre. Nicolas Sarkozy m'a dit : 'fais comme bon te semble ! Je te remercie pour ce que tu fais. Je ne veux pas intervenir.' Il ne m'a pas encouragé dans notre démarche. Il ne m'a pas découragé non plus", précise M. Berdoati.