Asilah (Maroc) Envoyée spéciale - Face à la mer, l'un des fils, Abdeslam, dirige tant bien que mal l'antenne reliée à la batterie de la voiture. A l'intérieur de la maison basse, sept personnes regardent avec avidité le petit écran. Ce 9 mars, le roi Mohammed VI s'engage, dans un discours retransmis à la télévision, à une réforme de la Constitution marocaine, dont il trace déjà les grandes lignes, plus de pouvoirs au gouvernement, inscription du berbère comme langue officielle, indépendance de la justice... Indépendance de la justice ? Rachida, la mère, sursaute. "Si c'est vrai et qu'il n'y a plus de corruption, Hermès est fichu...", marmonne-t-elle. La famille El Mektiri, appelée aussi Jebbour, du nom du patriarche, a repris espoir. Vendredi 1er juillet, ils sont allés voter d'un pas allègre le projet de Constitution du roi.
Enfin, presque. Mohammed garde le visage fermé. Depuis des mois, des années même, celui que ses amis ont surnommé Hercule en raison de sa force, de la taille de ses mains et de ses pieds, bataille contre un géant. Un Français, installé dans une jolie demeure face à la mer, à quelques dizaines de mètres de celle de sa famille, le long d'une superbe plage qui s'étend sur 10 kilomètres, tout près d'Asilah, charmante bourgade au sud de Tanger. Pour y accéder, il faut bifurquer sur la route de la commune de Sahel Chamali à partir de l'écriteau peint à la main indiquant El-Baraka et emprunter sur plusieurs kilomètres une mauvaise piste. Seuls les initiés et quelques touristes bien renseignés connaissent ce petit coin de paradis.
Hercule, 32 ans, aîné d'une fratrie de huit frères et soeurs, y vit avec sa famille, propriétaire d'une maison blanc et bleu, sans eau courante ni électricité et comportant de petites dépendances accrochées au terrain pentu qui descend vers la mer. Chaque été, en contrebas, depuis douze ans maintenant, il ouvre sur la plage une paillote qu'il construit entièrement de ses propres mains : le restaurant, le bar, les parasols tressés à partir de feuilles de palmier.
L'affaire, sans être très prospère, rapporte tout de même entre 6 000 et 7 000 euros de bénéfices par saison, de juin à septembre, et toute la famille participe. La mère, Rachida, solide et autoritaire ; le père, Mraït, regard rusé sous son éternel bonnet vissé sur la tête ; les frères, Amine, Rachid, Abdeslam et Yacine, discrets ; les soeurs, Fatima, aujourd'hui mariée, et Khadija, la seule à suivre une scolarité ; jusqu'au petit dernier, Brahim, qui refuse toujréalisateur.
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http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/07/04/au-maroc-hercule-contre-hermes_1544475_3234.html
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