La «hidjra positive», nouvelle tendance des islamistes

benami

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Bien qu’ils se sentent marginalisés en France, ces convertis à l’islam ne sont pas des terroristes. Mais ils recherchent un mode de vie qu’ils croient plus proche de leurs convictions. Certains, encouragés par les imams de France, font leur hidjra en Algérie où les soins gratuits, les crédits bancaires et l’accès au logement rendent l’installation séduisante.

«Il y a trois ans, nous avions fait la hidjra pour l’Algérie parce que nous n’avions plus envie de vivre en France à cause du climat islamophobe, et aussi parce que nous avions envie de vivre au milieu de personnes qui pratiquent la même religion que nous», raconte Samir*, un jeune Français d’origine algérienne.

Souriant mais distant, il ne regarde jamais ses interlocuteurs dans les yeux, sauf les hommes. Après avoir vécu 28 ans en France, il quitte emploi et appartement parisiens pour un petit F3, avec sa femme et ses deux enfants, dans la banlieue algéroise. «Ce n’est pas le grand luxe, mais au moins ici, j’évite à ma femme le brouhaha du centre-ville. Nous n’avons pas de télévision, nous n’avons pas besoin de regarder des programmes déplaisants.

On préfère sélectionner nos vidéos à travers internet. Ici la mosquée est à cinq minutes, que demander de plus ?» On estime à des centaines les Français qui font leur hidjra vers des pays comme l’Algérie, les Emirats, le Maroc, la Tunisie ou encore la Malaisie. «Le mot ‘hidjra’ signifie l’exil et fait référence à l’exil des compagnons du prophète Mohamed de La Mecque vers Médine», explique l’islamologue Abdelkader Moussaoui auteur de plusieurs articles et livres autour de l’islam, lui-même a aidé des étrangers à s’installer en Algérie au début des années 2000.

Internet

«Aujourd’hui, ce concept est manipulé et fait peur, comme le mot djihad, parce qu’ils sont utilisés à des fins nuisibles, en opposition à tout ce que contient la culture occidentale. C’est le cas des activistes de l’EI. Mais avant eux, il y en a eu d’autres, des groupes terroristes qui voulaient recruter. Certains proposaient même des femmes à marier ! Pourquoi la hidjra fait-elle peur alors qu’elle se pratique également chez les Juifs ? Je pense que l’on peut trouver une réponse quand on écoute le message de certains salafistes extrémistes, qui dénigrent l’Occident. Il y a des musulmans en Occident qui ne font pas la hidjra. L’islam n’appartient pas à une terre précise, mais à une communauté», affirme-t-il.

Depuis quelques années, la destination Algérie est très prisée. «Soins gratuits, programme AADL, financements Ansej, crédits bancaires… Cela encourage beaucoup de candidats à la hidjra !», reconnaît Abdelkader Moussaoui. Il existe aussi des sites internet, des groupes sur facebook, des forums «verrouillés» qui expliquent comment faire sa hidjra. Il y a même des packs pour mieux orienter une famille, un individu ou un couple.

L’étrange site la-hidjra.com donne par exemple des conseils et explique : «Ce site est une aide pour ceux et celles qui souhaitent s’expatrier dans un pays musulman. Ce site ne cautionne ni ne propage les idées et la compréhension de l’islam de Daech et ses affiliés terroristes. Mais il les condamne de la manière la plus ferme.» Explications, conseils via skype, PDF explicatifs… tout est mis en place pour faciliter la hidjra. Curieusement, le site propose une seule destination concernant l’Algérie…

El Oued, à 600 km d’Alger. Tout est détaillé, des astuces pour obtenir un visa ou acheter des palmiers, un terrain ou louer un appartement, ou faire du commerce. L’auteur du site conseille même à un homme converti désireux d’obtenir un visa longue durée de «faire du commerce et revenir avec les papiers». Et ce n’est pas tout, l’auteur précise que le niveau de vie est «meilleur» à El Oued, «car les grossistes de la région s’y trouvent». Enfin, sur le chapitre le plus important pour un mouhajir (celui qui fait la hidjra, ndlr), la pratique de l’islam, il rappelle qu’il existe «plusieurs tendances» mais que «personne ne regarde personne».
 

benami

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Jeans

Il existerait même quatre types de femmes voilées «djilbeb sitar, abaya, tenue longue turque avec voile sur la tête, et le hayaq traditionnel» et rapporte que «là-bas, les jeans chez les femmes, on n’en voit pas, ou rarement». Des forums destinés uniquement aux femmes, ou aux hommes, existent sur le même modèle. Le but étant de ne pas se mélanger et tomber dans le haram, l’illicite, et de rester entre sœurs et frères pour poursuivre son ascension. «J’ai essayé de faire ma hidjra vers le Maroc le jour où j’ai décidé de porter le voile intégral, en 2012.

Je n’allais pas passer ma vie à payer des amendes ou à éviter famille et amis, sous prétexte que mon mode de vie a changé» explique Manel, de son vrai prénom Juliette, une convertie qui est née et a vécu en Bretagne. «Le prénom que m’ont donné mes parents est Juliette, après ma conversion j’ai changé de prénom.

Le reste est une suite logique. J’ai commencé à prendre des cours d’arabe, de récitation coranique, et enfin d’améliorer mon adoration vers Allah en quittant un pays de mécréants pour aller vers des pays musulmans», confie-t-elle. Contrairement à la majorité des musulmanes converties, Yasmina, de son vrai prénom Morgane, a fait sa hidjra seule, même si on lui a fortement recommandé de partir avec «un mari», car une femme seule s’attirerait des problèmes. «Pour moi, le mariage ne devait pas être une décision prise à la légère, j’ai voulu prendre un peu de temps pour moi afin de comprendre davantage ma religion.

Certaines sœurs se sont détournées de moi à cause de cette décision. Le souci qui s’est posé au début de ma hidjra, c’est que je n’avais pas assez de moyens pour m’installer en Algérie. Alors j’ai été d’abord au Maroc, où une amie m’a accueillie pendant plus d’une année. Je suis retournée en France pour demander à la femme de l’imam de me trouver un mari. Il a fallu deux mois entre le mariage religieux et l’installation définitive en Algérie.»

ANSEJ

Comme Yasmina, Mustapha et Faiza, de leurs vrais prénoms Frédéric et Charlotte, se sont installés en Algérie en 2013. Ils ont bénéficié d’un financement Ansej pour monter un projet d’onglerie. «Depuis quelques années, je passe le Ramadhan en Algérie avec toute ma famille. L’ambiance y est totalement différente qu’en France», confie Faiza. «J’ai pu avoir une aide d’une amie pour financer mon projet d’onglerie et de soins esthétiques pour femmes uniquement. J’ai même réussi, grâce à une de mes clientes, à trouver un travail pour mon mari qui chômait depuis le début de notre hidjra.

Aujourd’hui, il travaille comme instituteur dans une école privée.» Bien que son travail soit contradictoire avec ses convictions (l’esthétique des ongles empêchant de réaliser correctement les ablutions, ndlr), Faiza tient à préciser qu’elle compte à long terme faire un institut d’onglerie «hallal» en important des articles «islamiques» pour la vente uniquement. Pour Abdelkader Moussaoui, les mouhajirine font beaucoup «d’amalgames entre le licite et l’illicite, parce qu’ils sont pris dans des courants idéologiques qui les dépassent. L’islam est simple. Il faut respecter les autres et balayer devant sa porte», conclut-il. * Les prénoms de cet article ont été changés

Faten Hayed
 
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