extraits de l'article
Malgré quelques mois de recul, la difficulté de l'entreprise reste énorme. Qui aurait imaginé, par exemple, qu'un tribunal du Caire oserait condamner l'ex-président Hosni Moubarak, chassé du pouvoir le 11 février, et deux de ses anciens ministres, à une amende d'un montant équivalent à 63 millions d'euros, sous prétexte qu'ils ont "nui à l'économie" en coupant Internet et les réseaux de téléphone portable lors de la révolte populaire? Impensable il y a peu, cette décision de justice a cependant été rendue le 28 mai. Quatre jours plus tôt, le parquet a annoncé le renvoi devant une cour d'assises de Moubarak et de deux de ses fils - les trois hommes seront jugés pour le meurtre de manifestants et pour corruption.
Raison de plus pour approcher le sujet à hauteur d'homme. Dans leur ouvrage, Guibal et Salaün, qui vivent au Caire depuis près de quinze ans, multiplient les portraits et les choses vues. A travers le destin de plusieurs jeunes au chômage, en particulier, dont ils retracent l'histoire, le lecteur comprend comment la corruption croissante, l'aggravation des inégalités et le fondamentalisme religieux auraient sans doute suffi à provoquer l'embrasement. Mais l'étincelle est venue de l'étranger, avec la mort, en décembre en Tunisie, de Mohamed Bouazizi, et la Révolution de Jasmin qui a suivi. Au Caire, mais aussi à Alexandrie, Louxor et Assouan, les jeunes, avec l'aide des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, ont rapidement été rejoints dans la rue par leurs parents, voire leurs grands-parents, unis par leur rejet du régime et habités, surtout, par une fierté nouvelle.
C'est leur histoire, avant tout, que raconte L'Egypte de Tahrir. Ils sont des héros modernes, même si de nombreuses questions posées par leur soulèvement restent sans réponse. Car ils ont surmonté un mur de la peur qui semblait imprenable. A ce titre, ils offrent le plus beau motif d'espoir à leur pays et, au-delà, au monde arabe.
http://www.lexpress.fr/actualite/mo...te-de-la-place-tahrir_997853.html#xtor=AL-447