Il va au travail en vélomobile

Apprenti, David Massot parcourt 500 km par semaine à bord de son vélo couché. Un mode de transport qu'il espère promouvoir

Depuis quatre mois, un objet roulant non identifié de forme oblongue traverse chaque jour une partie des Deux-Sèvres entre Niort, la préfecture, et Parthenay, soit 100 km environ. Il lui est même arrivé de faire un saut à La Rochelle, sans se soucier des voitures et des camions qui le doublaient. « Comme je suis à 80 km/heure de moyenne, ils ne me dépassent jamais avec plus de 50 km/heure de différence. Il m'arrive même de faire des pointes à 110 km/heure », confie David Massot, le pilote de cette mini-fusée, propulsée par la seule force de ses jambes.

Âgé de 19 ans, né en Lorraine, élevé en Bretagne et Niortais depuis dix ans, cet apprenti en métallerie, travaillant en alternance au CFA de Parthenay et dans l'entreprise Erco à Niort, a fait de ce drôle de cigare sur roues son mode de locomotion principal. Plus par nécessité que par extravagance.




Des pointes à 110 km/heure

« Il y a un an, alors que j'étais au lycée Paul-Guérin, j'avais besoin d'un moyen de transport. Je venais de vendre ma moto pour m'acheter un ULM, une de mes passions. Une voiture, ça ne me faisait pas envie. J'ai donc choisi d'investir dans un vélo couché. C'est plus rapide, moins fatiguant et plus confortable qu'un vélo normal. la pression sanguine est équilibrée, le poids du corps est bien réparti, il n'y a pas de points de compression et, comme le centre de gravité est bas, le vélo est stable. Les vélos couchés sont très répandus en Hollande et en Belgique. C'est dommage qu'ils soient encore méconnus en France », estime le jeune homme, dont le physique longiligne le semblait destiné au cyclisme.

À la rentrée 2011, l'apprenti a donc fait l'acquisition d'un vélomobile fabriqué, justement, en Belgique. 6 000 €… Mais il le valait bien. Coque en carbone kevlar rigide et souple à la fois, ultra-léger (28 kg), 2,80 mètres de long pour 90 cm de haut, deux roues à l'avant, une à l'arrière. Comme un planeur sans aile. Sa forme a d'ailleurs été conçue par un ingénieur aéronautique. Le vélomobile est pourtant bien un vélo, avec un pédalier, des freins à tambours, une chaîne, trois plateaux et vingt-sept vitesses. Conforme à la législation, il est équipé de trois feux arrière et deux feux avant. À l'intérieur, David Massot y a ajouté un compte-tours, un indicateur de vitesse et un thermomètre, alimentés, comme les deux, par une petite batterie.

« Les gens sont très curieux quand ils me voient passer. Le vélomobile inspire beaucoup de sympathie, même si mes profs sont un peu inquiets quelquefois ! », sourit-il.

Un rêve américain

David Massot, lui, est confiant en l'avenir du vélomobile, qui pourrait bien ouvrir une nouvelle voie professionnelle. « Je ne suis pas sûr de continuer dans la métallerie. J'aimerais travailler dans une activité plus en lien avec le vélo couché. J'ai déjà créé l'an dernier un site Internet (1) pour donner toutes les informations nécessaires sur cette pratique, que j'ai envie de faire connaître. J'expose aussi régulièrement mon vélomobile au marché de Niort, le samedi matin. »

Le jeune Niortais rêve d'aller plus loin. Au moins jusqu'au Nevada, aux États-Unis, où se déroule chaque année, dans la ville de Battle Mountain, une compétition internationale de vitesse. Le record pour un vélo couché, lancé, est de 132 km/heure sur une ligne droite à plat de 200 mètres.
 
L'entreprise Cycles Joël Vincent, basée au Mans, qui fabrique des vélos couchés depuis deux ans, prépare un prototype spécialement pour ce rendez-vous. « Étant donné que j'ai de bonnes aptitudes sportives, ils m'ont dit que je pourrai peut-être le piloter. »
 
Haut