Immigration ARNAQUE Becomeacanadian.org: Nesrine s'est fait dépouiller de plus de 2000 euros

belgika

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Une publicité sur Facebook, un site web pas trop mal fagoté, quelques coups de téléphone insistants: les escrocs utilisent des ficelles bien connues pour trouver des victimes. La seule qui change, c'est la vitrine. Dans le cas de Nesrine, un Bruxelloise de 35 ans: un accompagnement pour devenir citoyen canadien…

Vous le savez si vous lisez régulièrement RTL info, les escrocs en ligne ont plusieurs cordes à leur arc pour attirer des victimes. La base, cependant, c'est de trouver un concept ou un service assez à la mode, de le copier uniquement en façade, puis de voler de l'argent à ceux qui ont eu le malheur d'y croire.


C'est ce qui est arrivé à Nesrine. Elle a contacté la rédaction de RTL info pour "signaler les agissements d'un site internet soi-disant canadien: becomeacanadian.org. Ce sont des arnaqueurs, et ils m'ont débité ma Mastercard de 2.321€", nous a-t-elle écrit via notre bouton orange Alertez-nous.

Pour aider son frère

Nesrine a 35 ans et habite dans la région bruxelloise. Elle est mère de famille et est mariée. "Si je m'intéressais à l'immigration vers le Canada, c'est pour mon frère, qui habite au Maroc. Avec l'épidémie, il a perdu son travail de chauffeur, alors on s'est dit: pourquoi ne pas l'aider à refaire sa vie au Canada ?"

Comme souvent avec les arnaques, ça part d'une publicité aperçue sur internet. Vous l'avez remarqué: ces publicités sont ciblées depuis plusieurs années. Et comme Nesrine avait fait quelques recherche en ligne, le fait qu'elle s'intéresse à l'immigration vers le Canada s'est glissé dans les cookies publicitaires de son navigateur, qui a partagé ces informations avec d'autres sites. "J'étais sur Facebook, et j'ai vu une publicité pour le site becomeacanadian.org (en français: devenezcanadien.org). J'ai cliqué pour voir".

Nesrine est arrivée sur ce site, dont le look n'est pas trop suspect et qui présente plutôt bien :




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D'abord 10 euros, puis… 2.300 !

Notre mère de famille bruxelloise, bien décidée à aider son frère, remplit les formulaires, "avec coordonnées, adresse email, téléphone, etc". Très vite, il faut payer. "C'est un petit virement, environ 10 euros", pour pouvoir entrer le dossier et le faire examiner. Dossier soigneusement complété par Nesrine. Elle reçoit des emails de confirmation de la prise en charge.

"Et puis, environ quatre jours plus tard, j'ai reçu un appel. Une femme, qui s'exprimait dans un français avec un fort accent américain ou anglais. L'origine du numéro de téléphone, je ne le connaissais pas, ce sont des préfixes différents, mais que je ne connais pas".

Au téléphone, donc, on lui apprend la bonne nouvelle. "Le dossier de mon frère est bon, il est accepté, et on me félicite. Il a accumulé environ 60 points et donc il sera pris en charge pour l'obtention du visa, dans les démarches pour obtenir un contrat de travail, pour avoir des cours de langues et même pour les billets d'avion vers le Canada et un logement au début: tout sera payé !".

Elle admet qu'en raison de problèmes de santé, elle "n'a pas pris le temps de chercher sur internet, sur des forums, pour voir si le site était fiable". Nesrine n'était donc pas très méfiante, "tout semblait parfait".


Notre témoin et son mari commencent à se méfier par la suite. "La dame nous dit par téléphone que pour activer le dossier de mon frère, il faut un numéro de carte de crédit et un paiement de 2.321€, afin de laisser le dossier ouvert pendant 4 ans, et qu'il bénéfice de tous les avantages dont on vient de parler".

Elle a vraiment insisté, elle était très agressive

Sous la pression, ils paient puis se retractent…

Nesrine passe alors son interlocutrice à son mari. "Il lui a demandé s'il était possible de diviser le montant, car il trouvait bizarre de demander d'un seul coup 2.300 euros. Et si c'était possible de payer avec un virement bancaire plutôt qu'une carte. Mais on lui a répondu que seules les cartes de crédit étaient acceptées".

Au téléphone, la dame se montre très insistante. "Elle dit qu'il faut payer tout de suite sinon le dossier sera clôturé et mon frère ne pourra plus prétendre à l'immigration pendant 4 ans". Face à ce qui ressemble à une menace, "on a longtemps hésité, en disant qu'on ne pouvait pas le faire, mais elle a vraiment insisté, elle était très agressive".

Comme c'est déjà arrivé à d'autres personnes, face à une telle adversité et une telle pression, certains craquent. "On a donné les coordonnées de la carte de crédit", nous dit Nesrine, qui n'en revient toujours pas. "Une minute plus tard, la personne raccrochait, et on comprenait qu'on s'était fait arnaquer".

Directement, "dans les 10 minutes, on a contacté notre banque pour bloquer la transaction, et on a bloqué la carte". Malheureusement, "la contestation est toujours en cours, quand on appelle KBC, on nous dit qu'actuellement, les litiges du mois d'août sont en cours de traitement, la banque est un peu lente". L'argent, lui, "est bien parti, malheureusement, ça apparait comme si j'avais acheté quelque chose sur internet, pour 2.321 euros".
 

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"Méfiez-vous"

Nesrine et son mari croisent les doigts pour que la situation s'arrange, mais plus le temps passe, plus ça semble compromis. Elle a joint la police au Canada, qui lui a dit qu'elle devait déposer plainte auprès de la police belge d'abord. Notre témoin sait qu'elle a très peu de chances de récupérer son argent. "Mon frère ne peut pas nous aider, ni nous rembourser, et il est très mal avec cette situation".

Comble: "Les escrocs continuent de nous appeler. D'abord pour nous rembourser de 20%, j'ai dit non, puis quelques jours plus tard pour nous rembourser de 40%, j'ai toujours dit non, ce sont des arnaqueurs, je m'en suis rendu compte, d'autres gens se sont fait avoir".

"Méfiez-vous
", conclut notre Bruxelloise.

"De nombreuses escroqueries en matière d'immigration"

Nous avons joint le Centre Anti-Fraude du Canada, pour avoir quelques éclaircissements. Le CACF "n'est pas une agence d'enquête, bien que nous soyons gérés par la police, notre rôle est de réduire la fraude grâce à l'éducation et la sensibilisation", nous a expliqué le service de communication.


Le centre est "au courant de nombreuses escroqueries en matière d'immigration qui prétendent offrir un soutien ou une aide aux gens pour immigrer au Canada. Bien que dans de nombreux cas ces escroqueries semblent provenir du Canada, souvent ce n'est pas le cas". Le paiement de 10 euros de Nesrine "est parti vers Israël", et le paiement des 2.300 "vers les pays d'Europe de l'Est", nous avait-elle précisé. Les escrocs "ne font qu'utiliser la bonne réputation du Canada" pour trouveur leurs victimes, ce qui rend la lutte très complexe, poursuit le CACF.

Les autorités canadiennes mettent à jour une section dédiée à ces escroqueries, intitulée "Comment puis-je savoir un si un site Web d’immigration est une escroquerie?".

Il n'est pas nécessaire d'avoir un intermédiaire !

Information essentielle à garder en tête pour ceux qui veulent immigrer au Canada: "Vous n'avez pas besoin d'engager une entreprise, un représentant, un consultant ou un avocat pour vous aider avec votre demande. C'est votre décision". Si vous passez par un intermédiaire, "cela ne donnera pas une attention particulière à votre demande ni ne garantira qu'elle sera approuvée. Vous pouvez obtenir tous les formulaires de demande et les guides dont vous avez besoin pour postuler sur ce site web. Si vous suivez les instructions des guides de candidature, vous pourrez remplir les formulaires et les soumettre vous-même".

Que peut faire le CACF pour Nesrine ? Pas grand-chose, hélas. "Nous recommandons aux victimes de fraudes de signaler les cas à la police de leur pays. La police locale doit être informée des crimes commis dans sa communauté et peut également prendre des mesures pour demander l'aide des autorités compétentes au Canada". On l'a déjà vu par le passé: la justice belge, débordée, n'entame de telles démarches internationales qui si plusieurs dossiers identiques s'accumulent dans une même région…

Nous répétons donc la mise en garde de Nesrine: méfiez-vous, d'autant plus que le site becomeacanadian.org est toujours actif…





 
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