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[QUOTE="Kabbi, post: 12221879, member: 106305"] Le mirage de la charte: Le débat sur la Charte des valeurs ne dérougit pas. Les chroniques, vox pop et lettres ouvertes continuent de s’accumuler. Sans compter les sondages et les sorties publiques presque quotidiennes, qui n’amènent plus de nouveaux arguments mais qui creusent davantage le clivage entre les ouverts et les fermés, les inclusifs et les intolérants, les progressistes et les conservateurs. On aurait souhaité qu’il en soit autrement. Après deux mois de déchirements, on aurait souhaité que le PQ entende raison, qu’il conserve les éléments consensuels de sa Charte et qu’il abandonne ses aspects choquants — en particulier l’interdiction des signes religieux dans la fonction publique. On aurait peut-être évité les débordements démagogiques, les agressions et le pourrissement du débat qu’on observe depuis des semaines. (Dire qu’il y en avait au PQ pour reprocher à Jean Charest d’avoir «déchiré le tissu social» et d’avoir délibérément «fait monter la tension» dans le but de déclencher des élections.) Le PQ minoritaire a choisi le wedge politics en opposant le «Nous» aux «Autres». Et il semble que ça marche. Les appuis à la Charte se solidifient: 46% des Québécois appuient désormais le gouvernement, soit le même pourcentage que celui des Américains qui croyaient au créationnisme en 2012. Mais tout comme le créationnisme n’est pas valable parce que 46% des Américains y croient, la Charte n’est pas une bonne idée simplement parce que 4,6 Québécois sur 10 l’approuvent. Après des semaines de débat, cinq failles majeures apparaissent dans le projet actuel et l’argumentaire du gouvernement: 1) La Charte n’a rien à voir avec la laïcité de l’État Contrairement à la prétention de certains militants pour qui le «combat de la laïcité» constitue une croisade sans fin, la laïcisation de l’État québécois est complétée depuis longtemps. La laïcité de l’État signifie simplement que les lois et les actions d’un État ne sont pas dictées par des motifs religieux; elle n’implique pas qu’on fasse disparaître la religion de l’espace public, ou qu’on s’immisce dans les choix ou les croyances privées des individus. Or il n’y a plus de religion d’État au Québec depuis des décennies: nos lois ne sont pas religieuses, pas plus que les décisions administratives du gouvernement ou les jugements des tribunaux. Le dernier vestige de notre passé théocratique est le crucifix de l’Assemblée nationale — celui-là même que le PQ a choisi de maintenir en place. L’État québécois subventionne certaines écoles religieuses. Il pourrait très bien choisir de ne pas le faire. Mais le simple fait de soutenir ces écoles, sans discrimination entre les religions, ne remet pas en cause la laïcité de l’État. Le gouvernement du Québec n’est pas à la solde de la communauté juive, musulmane ou chrétienne simplement parce qu’il subventionne certaines écoles juives, musulmanes ou chrétiennes. Le gouvernement subventionne aussi des écoles à vocation sportive, artistique, internationale ou scientifique, sans parler d’une multitude d’organismes et d’individus plus ou moins politisés et/ou militants. Il pourrait aussi choisir de n’en soutenir aucun. Mais le gouvernement n’est pas davantage pollué ou asservi par les organismes et les individus qu’il soutient que par les écoles qu’il subventionne. La même logique vaut pour les employés de la fonction publique. Un fonctionnaire qui porte la kippa ou le turban n’a pas pour effet de transformer le gouvernement québécois en organisation juive ou sikhe. La laïcité de l’État n’implique pas la laïcité des individus, comme l’a d’ailleurs rappelé la Commission des droits de la personne dans un avis dévastateur publié ce matin. Dans une société libérale, ceux-ci conservent leur liberté de conscience et de religion, et l’exercice ou l’expression de cette liberté ne menace en rien la laïcité de l’État. La laïcité de l’État signifie que l’État n’épouse aucune religion; elle ne signifie pas qu’il leur fasse la guerre. [/QUOTE]
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