Moussayer

Dr Moussayer khadija : maladies auto-immunes
journée internationale des droits des femme 8 mars 2019

La journée internationale des femmes est l’occasion d’alerter sur les inégalités, les discriminations et les stéréotypes qui continuent à toucher les femmes dans l’information médicale et les campagnes de sensibilisation qui lui sont liées. Ces manques portent sur des problématiques majeures de santé publique et ont un impact significatif sur la santé des femmes, en particulier dans les pays intermédiaires comme le Maroc. C'est le cas des maladies auto-immunes qui touche une femme sur six au cours de leur vie mais qui pourtant ne font pas beaucoup de campagne d'information à destination de celles-ci. C'est aussi le cas de l'infarctus où la majorité des décès touche pourtant les femmes

Les maladies auto-immunes, un mal trop ignoré des femmes

Les maladies auto-immunes, ces nombreuses pathologies – une centaine – concernent les femmes dans 75 % des cas. Troisième cause de morbidité dans le monde après les maladies cardiovasculaires et les cancers, elles touchent environ 10 % de la population mondiale et occupent le deuxième ou troisième poste du budget de la santé dans les pays développés. Au total, on estime que le nombre de femmes souffrant de maladies auto- immunes est deux fois plus élevé que celui des femmes atteintes par le cancer du sein et presque une fois et demi plus élevé que celui de celles touchées par la maladie coronarienne.
Certaines de ces affections sont bien connues mais sans savoir qu’elles sont d’origine « auto-immunes » et qu’elles appartiennent à une même famille de maladies, même si elles diffèrent dans leur expression clinique et dans les organes touchées. Elles ont en effet en commun le même mécanisme de constitution – un dysfonctionnement du système immunitaire qui, chargé normalement de protéger le corps des agressions extérieures (des virus, bactéries…), va se tromper d’ennemi en attaquant nos propres organes – et des stratégies thérapeutiques souvent proches. Parmi ces atteintes, on peut citer : la maladie de Basedow (hyperthyroïdie), la thyroïdite chronique de Hashimoto (hypothyroïdie), le lupus, la myasthénie, la sclérose en plaques, le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite, la maladie cœliaque (intolérance au gluten), la maladie de Crohn, le Gougerot-Sjögren. De nombreuses maladies rares appartiennent aussi à cette catégorie.

La nécessité d'une large information et sensibilisation au Maroc sur les maladies auto-immunes
Ce phénomène auto-immunitaire est un très rare exemple d’inégalité physiologique forte au détriment des femmes. Il est bien reconnu de la communauté médicale mais largement ignoré du grand public marocain, faute d’être médiatisé. Il mériterait pourtant de faire l’objet de larges campagnes de sensibilisation en direction des femmes, à l’exemple du cancer, d’autant plus que ces maladies s’attaquent souvent insidieusement à des femmes jeunes en présentant au début des symptômes peu perceptibles, apparaissant et disparaissant et mettant même en doute l’existence d’un mal. De fait leur diagnostic est fréquemment tardif.

Les femmes représentent 56 % des cas de décès à la suite d'un infarctus
C’est un autre exemple . le risque d’infarctus continue encore trop souvent à être associé dans les campagnes de sensibilisation, en particulier au Maghreb, à l’image d’un homme d’âge mûr. De ce fait, la maladie est sous-diagnostiquée chez les femmes car on ne prend pas toute la mesure de leurs plaintes avant la crise. Le personnel de santé, moins réactif pour les femmes, estsouvent plus porté à écarter l’hypothèse de l’infarctus en imputant plus facilement le malaise d’une patiente et ses douleurs thoraciques à des troubles d’anxiété (la fameuse faiblesse psychosomatique féminine ). On pratique ainsi plus rapidement des électrocardiogrammes et des défibrillations sur les hommes que sur les femmes d'où cette forte mortalité féminine, y compris au Maroc
 
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