Sahara occidental : la violation des règles du HCR par Alger et la direction du Polisario dénoncée aux Nations Unies
Pour apporter une assistance effective aux populations des camps de
Tindouf, il s'agit tout simplement de mettre en oeuvre le mandat du
Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et les décisions de son comité
exécutif, a souligné, vendredi, devant la 3ème commission de
l'Assemblée générale, M. Lotfi Bouchaara, de la mission permanente du
Maroc auprès des Nations Unies.
En réponse à la délégation algérienne, qui a évoqué, une fois de plus,
la question du Sahara, lors de la discussion du rapport du HCR, le
diplomate marocain a demandé que soit permis un accès permanent du HCR
aux camps de Tindouf et que soit assurée la liberté de circulation de
leurs populations.
Il a, en outre, réfuté l'idée, défendue par l'Algérie, selon laquelle
la situation humanitaire dans les camps de Tindouf est tributaire
d'une solution politique du différend sur le Sahara.
A cet égard, le diplomate a rappelé que l'article 2 du statut du HCR
souligne que l'activité du Haut Commissariat ne comporte aucun
caractère politique et qu'elle est humanitaire et sociale.
"La conclusion numéro 40 du Comité exécutif du HCR est, également,
très claire à ce sujet", a-t-il poursuivi, relevant que "l'Assemblée
générale a, par ailleurs, indiqué, à de nombreuses reprises, que le
rapatriement, librement consenti, ne peut être tributaire de
l'application de solutions politiques".
Il a aussi rappelé que, depuis 1975, le Maroc ne cesse de demander le
recensement des populations des camps de Tindouf, sans que celui-ci
n'ait jamais pu avoir lieu, alors que le mandat du HCR est pourtant
sans équivoque sur ce point.
Concernant la protection des populations des camps de Tindouf, M.
Bouchaara a appelé à la mise en oeuvre des conclusions du Comité
exécutif du HCR sur la séparation des civils des éléments armés.
Il a, enfin, souligné que "le Maroc, la communauté internationale et
les donateurs ont une demande, simple et justifiée : l'Algérie ne peut
empêcher, indéfiniment, le HCR d'accomplir son mandat".
Il a relevé, dans ce cadre, qu'il est essentiel que le HCR puisse
être, effectivement et physiquement, présent dans les camps de
réfugiés, qui relèvent de sa responsabilité.
"On ne peut, en effet, légitimement concevoir une action efficace et
surtout crédible aux bénéfices de réfugiés, si le HCR se voit refuser
l'accès aux camps, ou si celui-ci se limite à une présence
intermittente et parcellaire, au détriment des besoins d'assistance et
de protection des réfugiés", a-t-il affirmé.
En second lieu, a-t-il poursuivi, le mandat du HCR, en terme de
protection internationale, doit être pleinement respecté et ce,
conformément à ses statuts, aux Conventions internationales et aux
décisions de son Comité exécutif.
De même, a-t-il dit, "les populations réfugiées ne doivent pas être
livrées à la merci des groupes armés, voir leurs droits bafoués, leur
dignité piétinée, sans que le Haut Commissariat ne soit en mesure de
dénoncer de telles pratiques, portant atteinte à la morale
universelle".
Il a souligné, à ce propos, "la nécessaire séparation des populations
civiles des éléments armés, qui doit être un principe cardinal de
l'action du HCR".
Il a également indiqué que "parmi les principes fondamentaux de toute
action humanitaire, sérieuse et crédible, figure le principe du
recensement", estimant "totalement insensé que, dans certains
différends, en particulier dans ceux de longue durée, le HCR se voit
toujours dénié le droit de recenser les populations de réfugiés, qu'il
est censé assister et protéger".
Et de s'interroger: "comment la Communauté internationale peut-elle,
légitimement, estimer les besoins d'une population de réfugiés, sans
qu'aucun recensement n'ait pu être effectué ?".
"Aussi, faut-il considérer que tout droit de veto, exercé par un pays
hôte, à l'obligation statutaire du HCR, de recenser les réfugiés,
comme une violation du droit international", a-t-il martelé,
soulignant que de "telles situations, lorsqu'elles existent, doivent
être dénoncées par les agences humanitaires, car elles portent
atteinte à leurs obligations, à leur intégrité et à leurs mandats".
Il a également relevé que "les réfugiés n'ont pas vocation à le rester
indéfiniment" et que "le HCR dispose, à cet égard, de solutions
internationalement agréées".
"Parmi celles-ci, a-t-il dit, le rapatriement, librement consenti,
doit continuer d'être privilégié, car plus à même de permettre un
retour du réfugié dans des conditions de dignité, de respect et de
justice".
Il a, enfin, souligné que "le HCR doit prendre toutes les dispositions
nécessaires, pour que les réfugiés soient en mesure d'exprimer, à
l'abri de toute pression, ou menace, leur souhait, quant à leur
avenir".