Roland Leuschel, économiste réputé pour son nez fin en matière de prévisions, est pessimiste quand il prédit l'avenir du capitalisme à l'occidentale. Pour lui, la Chine attend que le monde soit encore plus en crise pour attaquer, tout dérégler et imposer sa loi.
Roland Leuschel, ancien chef économiste et directeur honoraire de la BBL, anciennement surnommé "le gourou" à la bourse de Bruxelles, a écrit un livre il y a 5 ans ("Alan et ses disciples", où il critiquait l’actuel patron de la réserve fédérale américaine, Alan Greenspan) qui annonçait la crise que nous traversons aujourd’hui. Réputé pour ses prévisions très souvent justes, il était un des invités de l’émission Controverse ce midi. Micheline Thienpont l’a rencontré pour lui demander son point de vue sur l’issue favorable ou non des sommets prévus depuis hier par les présidents Bush, Sarkozy et Barroso pour revoir le système bancaire mondial et faire face à la crise. Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’il n’est pas optimiste … pour le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Les Chinois veulent un jour dominer le monde
« Est-ce que ceux qui sont vraiment important dans l'économie mondiale, comme les Chinois, ou le monde asiatique en général, vont être prêts à travailler avec nous (à trouver une issue à la crise, ndlr) ? Je suis sceptique. Je crains que les Chinois aient une idée politique derrière la tête qui est contraire à ce que nous voulons obtenir. Je crois que les Chinois veulent un jour dominer le monde et une crise du capitalisme est magnifique pour eux. Et à mon avis, la crise n’est pas encore assez profonde aujourd’hui. Je crois qu'au final, ils veulent une société de marché telle qu’ils l’ont, dirigée par l’Etat. Et je crains qu'on adopte leur type de société chez nous. »
Il associe une régression du capitalisme à une régression de la démocratie
« Quand le mur de Berlin est tombé en 1989, on a dit : ‘voilà, le socialisme est mort’. Mais il n’est pas mort, il revient maintenant avec les Etats qui prennent des parts dans les banques. Et je crains qu’en fin de compte, on ait une société moins démocratique, avec des pouvoirs publics plus interventionnistes. On risque fort de dire un de ces jours que ‘les années jusque 2008 étaient les beaux jours de la démocratie’. »
La révolte sociale gronde en Occident
« Je crains aussi qu'on en arrive à des troubles sociaux. Les syndicats réclament des hausses de salaires dans beaucoup de pays. On leurs dit qu’on n’a pas l'argent mais on trouve subitement des milliers de milliards pour sauver les banques ! On licencie un employé, un ouvrier, et il a une petite indemnité. Mais on licencie un grand patron d'une grosse banque qui est responsable de pertes énormes et on lui donne encore un bonus de millions d'euros ! Comment voulez-vous l'expliquer aux petites gens ? Il n'y a pas d'explication. Il y aura de la révolte. »
La Chine patiente avant d’utiliser ses 1400 milliards de dollars de réserve pour dérégler complètement les marchés
« Ils ont une chose que nous n'avons pas : la patience. Le temps pour eux ne joue pas tellement. Ils acceptent par exemple de prendre une participation dans la plus grosse banque américaine et d’y perdre 200 milliards. Mais ça leur servira à long terme. Ils auront mis le pied dans le système pour pouvoir le changer dans leur sens. D'ici quelques années, ils seront la puissance mondiale n°1 et à moyen terme, ils auront le pouvoir d'imposer leur point de vue au reste du monde. Il y a 1400 milliards de dollars de réserve aujourd’hui en Chine. Avec ça, ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent sur le marché et le dérégler. Et un de ces jours ils vont le dérégler. Peut-être dans 10 ans. Et alors on aura un monde qui sera « à la chinoise ». Il ne faut pas oublier que les Chinois sont un peuple qui travaille. Les pays arabes, par exemple, ont une manne financière due au pétrole. Mais les Chinois, eux, en sont arrivés là par la force du travail. »
Roland Leuschel, ancien chef économiste et directeur honoraire de la BBL, anciennement surnommé "le gourou" à la bourse de Bruxelles, a écrit un livre il y a 5 ans ("Alan et ses disciples", où il critiquait l’actuel patron de la réserve fédérale américaine, Alan Greenspan) qui annonçait la crise que nous traversons aujourd’hui. Réputé pour ses prévisions très souvent justes, il était un des invités de l’émission Controverse ce midi. Micheline Thienpont l’a rencontré pour lui demander son point de vue sur l’issue favorable ou non des sommets prévus depuis hier par les présidents Bush, Sarkozy et Barroso pour revoir le système bancaire mondial et faire face à la crise. Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’il n’est pas optimiste … pour le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Les Chinois veulent un jour dominer le monde
« Est-ce que ceux qui sont vraiment important dans l'économie mondiale, comme les Chinois, ou le monde asiatique en général, vont être prêts à travailler avec nous (à trouver une issue à la crise, ndlr) ? Je suis sceptique. Je crains que les Chinois aient une idée politique derrière la tête qui est contraire à ce que nous voulons obtenir. Je crois que les Chinois veulent un jour dominer le monde et une crise du capitalisme est magnifique pour eux. Et à mon avis, la crise n’est pas encore assez profonde aujourd’hui. Je crois qu'au final, ils veulent une société de marché telle qu’ils l’ont, dirigée par l’Etat. Et je crains qu'on adopte leur type de société chez nous. »
Il associe une régression du capitalisme à une régression de la démocratie
« Quand le mur de Berlin est tombé en 1989, on a dit : ‘voilà, le socialisme est mort’. Mais il n’est pas mort, il revient maintenant avec les Etats qui prennent des parts dans les banques. Et je crains qu’en fin de compte, on ait une société moins démocratique, avec des pouvoirs publics plus interventionnistes. On risque fort de dire un de ces jours que ‘les années jusque 2008 étaient les beaux jours de la démocratie’. »
La révolte sociale gronde en Occident
« Je crains aussi qu'on en arrive à des troubles sociaux. Les syndicats réclament des hausses de salaires dans beaucoup de pays. On leurs dit qu’on n’a pas l'argent mais on trouve subitement des milliers de milliards pour sauver les banques ! On licencie un employé, un ouvrier, et il a une petite indemnité. Mais on licencie un grand patron d'une grosse banque qui est responsable de pertes énormes et on lui donne encore un bonus de millions d'euros ! Comment voulez-vous l'expliquer aux petites gens ? Il n'y a pas d'explication. Il y aura de la révolte. »
La Chine patiente avant d’utiliser ses 1400 milliards de dollars de réserve pour dérégler complètement les marchés
« Ils ont une chose que nous n'avons pas : la patience. Le temps pour eux ne joue pas tellement. Ils acceptent par exemple de prendre une participation dans la plus grosse banque américaine et d’y perdre 200 milliards. Mais ça leur servira à long terme. Ils auront mis le pied dans le système pour pouvoir le changer dans leur sens. D'ici quelques années, ils seront la puissance mondiale n°1 et à moyen terme, ils auront le pouvoir d'imposer leur point de vue au reste du monde. Il y a 1400 milliards de dollars de réserve aujourd’hui en Chine. Avec ça, ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent sur le marché et le dérégler. Et un de ces jours ils vont le dérégler. Peut-être dans 10 ans. Et alors on aura un monde qui sera « à la chinoise ». Il ne faut pas oublier que les Chinois sont un peuple qui travaille. Les pays arabes, par exemple, ont une manne financière due au pétrole. Mais les Chinois, eux, en sont arrivés là par la force du travail. »