Depuis la nuit des temps la misère des uns conduisait les hommes à prendre en charge par différents moyens au gré des époques, les enfants privés de parents et de famille. Cet acte de charité organisée, conduisit au XXe s. au principe de l’adoption qui devint le moyen de concilier cet altruisme élevé pour les familles avec enfants qui en adoptaient d’autres, et le désir d’enfant pour celles qui en était privées par la nature. Personne ne trouvait à y redire au contraire.
Aujourd’hui, les activités de la GPA entrent en concurrence avec les orphelinats et les éprouvettes avec les enfants abandonnés.
Ses défenseurs, moins sensibles aux conséquences qu’à la cause, proposent cette voie pour répondre au besoin d’enfant. Chacun pouvant bien comprendre ce profond manque qu’est l’absence d’un enfant dans une vie. La GPA nourrit néanmoins bien des questions quant à cette pratique destinée aux plus pourvus.
La médecine progresse et se trouve de nouveaux marchés ; la GPA en est un. C’est l’occasion de constater encore qu’en parallèle des progrès de la médecine, gravitent des centres d’intérêts moins élogieux. Nier l’aspect mercantile de la GPA est une hypocrisie détournée par ses adeptes au motif que son objet est des plus précieux. Il n’en reste pas moins que sans argent, pas d’enfant. Ce qui reste l’obstacle de la quasi-totalité de l’humanité incapable de payer les montants à engager pour une GPA, caricaturalement inégalitaire. Sauf si la Sécurité Sociale prenait en charge ces prestations, immense espérance de la filière qui la conduirait au jackpot et qui deviendrait probablement réalité si sa légalisation était actée. Dans cette hypothèse, y aurait-il assez de mères volontaires pour porter les enfants des autres ?
En attendant, le caractère commercial de la GPA est tabou comme tout ce qui touche à la santé en général, ce qui n’empêche pas les leaders d’opinion de monter au créneau, respectant les principes marketing de tout lancement de produit.
Les pro GPA et leurs juristes ne manquent pas d’expliquer le contexte contractuel qui entoure la pratique, garantissant ainsi aux intervenantes le paiement de leur sacrifice qui représente moins de vingt pour cent des sommes engagées. L’essentiel du budget étant reversés aux contributeurs médicaux, frais et autres assurances.
Si l’idée de commerce heurte à juste titre la pratique, il conviendrait alors d’entendre les mères porteuses qui acceptent ce dévouement pour d’autres motifs que l’argent qu’il procure, s’il y en a suffisamment, pour se forger un autre jugement. En attendant, on perçoit avec tristesse une similitude entre celles qui louent leur ventre pour ces motifs et ceux qui vendent leurs organes. Ces mêmes actes perpétrés généreusement n’entreraient pas dans le cadre de ce qui nous occupe ici et mériteraient d’autres réflexions.