La justice « injustice » américaine…

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Brock Turner, un ancien nageur de l’université de Stanford (blanc), condamné à six mois derrière les barreaux, pour avoir violé une femme ivre, inconscient, derrière une benne à ordure.

Pour le même crime

Cory Batey, un ancien joueur de football de l’Université Vanderbilt (noir), Attend la sentence pour avoir pris part à un viol d’une femme ivre. Il affronte entre 15 et 25 ans en prison.

«Dans les journaux, mon nom est devenu “une femme inconsciente et ivre”, dix syllabes, rien de plus»
Depuis la condamnation à six mois de prison de Brock Turner, ancien champion de l’équipe universitaire de natation de Stanford, pour agression sexuelle sur une femme inconsciente, l’attention s’est largement focalisée sur la lettre que la victime lui a lue lors du procès –un texte déchirant, profond et magnifiquement argumenté.
Mais c’est surtout la lettre de la victime, publiée par Buzzfeed vendredi, au lendemain du verdict, qui a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, de soutien ou de rejet. Une lettre puissante, qui raconte le récit de cette soirée, avant que tout ne bascule pour cette jeune femme.

Puis comment elle s’est réveillée à l’hôpital, sans savoir ni comprendre ce qui s’était passé, le vagin endolori et des pansements à différents endroits du corps. La honte le lendemain qu’elle a ressentie devant son petit ami, n’osant lui annoncer ce qui s’était sans doute passé. La douleur d’apprendre plus tard, des semaines plus tard, dans les journaux, ce qui s’était vraiment passé cette nuit, comment on l’avait retrouvé les habits à moitié défaits, qu’un objet avait été introduit en elle, et que deux personnes en passant l’avaient peut-être sauvé d’un sort encore plus terrible.

Cette lettre fait plus de 40.000 signes, nous vous encourageons à la lire en entier, mais si vous n’avez pas le temps, en voici quelques extraits, issus d’un choix forcément subjectif.
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Pièces jointes

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«Déclarer sous serment que j’aurais permis, voulu ce qui est arrivé, et que la vraie victime, c’est toi, que tu aurais été attaqué par deux Suédois pour une raison inconnue de toi est épouvantable, fou, égoïste, terrible. C’est une chose de souffrir. C’en est une autre de voir quelqu’un travailler impitoyablement à réduire la gravité et la vérité de ces souffrances. (…)

Tu as dit récemment que tu voulais montrer qu’une nuit de beuverie pouvait ruiner une vie. Une vie, une seule vie, tu oublies la mienne. Laisse-moi reformuler cette phrase. “Je veux montrer aux gens comment une seule nuit de beuverie peut détruire deux vies”. Toi et moi. Tu es la cause, je suis l’effet. (…)
Si tu penses qu’aujourd’hui je n’ai plus rien, que je m’en suis sortie indemne, et qu’aujourd’hui je me balade tranquillement sous le soleil, pendant que toi tu souffres, détrompes-toi. Personne n’est gagnant. (…)
Tu m’as pris ma valeur, ma vie privée, mon énergie, mon temps, ma sécurité, mon intimité, ma confiance en moi, ma voix (…)

Tu m’as transformé en victime. Dans les journaux, mon nom est devenu “une femme inconsciente et ivre”, dix syllabes, rien de plus. Pendant un temps, j’ai cru que je n’étais plus que ça. J’ai dû me forcer à réapprendre mon vrai nom, mon identité. Réapprendre que je n’étais pas que cela. Que je ne suis pas juste une victime ivre découverte derrière une poubelle après une fête étudiante, tandis quue toi tu serais le nageur de compétition d’une université prestigieuse, innocent jusqu’à preuve du contraire, et qui a tant à perdre. Je suis un être humain qui a été irrémédiablement blessé, ma vie a été mise entre parenthèses pendant un an, en attendant de savoir si je valais quelque chose aux yeux de cette société.»

 
Plus loin, la jeune femme explique les conséquences de cette affaire sur sa vie:

«Mon indépendance, ma joie de vivre, la douceur et la stabilité qui m’habitaient jusqu’alors ont été complètement détruits. Je suis devenue asociale, colérique, je me déprécie tout le temps, je suis épuisée, irritable, vide. Cette sensation d’isolement est devenue insupportable. Tu ne peux pas me rendre la vie que j’avais avant cette nuit. Alors que tu t’inquiètes au sujet de ta réputation, ma vie se résume à mettre chaque soir des cuillères dans le frigo pour que, à mon réveil, quand mes yeux sont gonflés à force d’avoir pleuré, je puisse les mettre pour les dégonfler et tout simplement voir. (…)

Je ne peux plus dormir sans la lumière allumée, comme quand j’avais 5 ans, car je fais des cauchemars dans lesquels on me touche et je ne peux pas me réveiller. Pendant trois mois, je me suis couchée à 6 heures du matin, lorsque le soleil se levait et que je me sentais suffisamment en sécurité pour m’endormir. J’ai peur de me promener le soir, d’aller à des soirées et de boire avec mes amis alors que je ne devrais pas me sentir en danger en leur présence.»

«Tu n’as aucune idée de ce que cela m’a coûté de reconstruire toutes ces parcelles de moi qui sont encore faibles aujourd’hui. Cela m’a pris huit mois pour me mettre parler de ce qui s’est passé. Je n’arrivais plus à voir mes amis, à voir quiconque. (…)
Tu m’as acheté un ticket pour une planète où j’ai vécue terriblement seule. À chaque fois qu’un article sortait dans la presse, je vivais dans la peur que ma ville ne découvre que c’était moi la fille violée.»


http://lafriqueadulte.com/2016/06/08/la-justice-en-americaine/
 
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